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CHARLOTTE GAINSBOURG

À CHAQUE FOIS QUE L'HÉRITIÈRE GAINSBOURG BOUGE SON PETIT DOIGT, TOUT LE MONDE CRIE AU GÉNIE. ET SI SON NOUVEL ALBUM JUSTIFIAIT CETTE HYSTÉRIE ? LES RÉPONSES D'UNE ICÔNE DE PAPIER GLACÉ ICI EN CHAIR ET EN OS.

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Les privilèges, on le sait, n’ont jamais été abolis – ils ont juste changé de mains. Les courbettes aussi restent à l’ordre du jour. Il est toujours plaisant de voir le traitement princier qui est réservé à Sofia Coppola quand madame daigne offrir un film au bon peuple. S’y révèle chez nos chers confrères un art de la courtisane­rie plus vu ici depuis la chute de la maison de Bourbon. L’équivalent de la dynastie Coppola en France, c’est les Gainsbourg (ça sonne presque comme Habsbourg). À croire ce qui se griffonne ici et là, Charlotte serait la nouvelle Callas. Pas besoin d’être Danton pour trouver ça un brin exagéré. Malgré ces taquinerie­s, reconnaiss­ons qu’on est curieux de suivre les nouveaux chapitres de cette saga française. On a donc posé une oreille attentive sur Rest. Sa production fastueuse assurée par Sebastian et de vraies bonnes chansons (« Lying with You », « Sylvia Says », « Les Crocodiles ») suffisent à faire de l’effet. Si ce n’est pas le chef-d’oeuvre vendu par les intransige­ants rock-critics de Grazia, il ne mérite pas la guillotine. N’est-ce pas son meilleur album depuis Charlotte for Ever ? On a voulu creuser la question, interroger la Gainsbourg sur son statut. Noblesse oblige, elle nous a donné rendez-vous dans un salon du très chic hôtel Montalembe­rt, sis à deux pas des éditions Gallimard. Le jour dit, en attendant l’interview, on voit arriver à deux minutes d’écart Jane Birkin et Philippe de Villiers. Sontils ensemble ? Hélas, pas de scoop qui tienne : madame Birkin passe juste saluer sa fille. Alors que vient notre tour, on se recoiffe comme Stéphane Bern. Entre deux hésitation­s et trois trous de mémoire, Charlotte se met à nous parler de son père, de taxidermie et d’un déjeuner en tête-à-tête avec sir Paul McCartney. Lecteurs de Point de vue, soyez les bienvenus.

Comment allez-vous ? Pas encore fatiguée de la promo de Rest ?

Charlotte Gainsbourg : Ne vous inquiétez pas : vous n’êtes que la troisième personne à qui je parle de l’album.

Il est surprenant, avec la production électro de Sebastian. Comment l'aviez-vous rencontré ?

On s’est vus une première fois il y a quatre ans, je dirais. J’avais entendu ce qu’il faisait, j’aimais vraiment, et j’étais très curieuse de voir si c’était possible de marier ma voix et son univers musical à lui. J’avais des envies particuliè­res et précises : des thèmes, des films d’horreur des années 70 et 80, des BO de Moroder, « Camille » de Delerue dans Le Mépris, Shining, Psychose, pas mal de Hitchcock, des ambiances très dramatique­s… À partir de ça, il m’a envoyé cinq ou six morceaux que j’ai trouvés géniaux. Puis beaucoup de temps a passé, j’ai dû partir sur des tournages, ma soeur Kate est morte. On s’est réellement retrouvés à New York quand je m’y suis installée. Là, une complicité s’est faite au fur et à mesure des années. Sebastian a composé des musiques pour les spectacles scatos de Jean-Louis Costes. Il a aussi produit l'album Magnum de Philippe Katerine, ambiance disco de fête foraine. Deux mondes dans lesquels on vous imagine peu… Oui, c’est vrai.

Son seul album sous son nom, Total, vous l'aviez écouté ? C’étaient plutôt des morceaux isolés. Et la musique de ce film où il était pour beaucoup… Steak ?

« HONNÊTEMEN­T, QUAND JE TOURNE DANS ANTICHRIST, JE SORS DU CADRE DE LA GENTILLE PETITE FILLE QUE LES GENS ONT VU GRANDIR. »

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