THE RITUAL

DAVID BRUCKNER (NETFLIX)

Sorti en salles dans son Royaume-Uni d’origine, le premier long du ricain David Bruckner

(petite promesse du « bis » ayant officié sur une poignée d’anthologies horrifiques) est ici estampillé « Original Netflix », ce qui a le mérite d’annoncer qu’il a quelque peu le cul entre deux chaises. Très « cinoche » dans ses deux premiers actes, où il observe une bande de potes en pleine rando au beau milieu de la Scandinavie, le film travaille l’art de l’escamotage et de la mise sous tension avec une virtuosité stupéfiante. À mesure qu’ils s’enfoncent dans cette forêt et que les feuillages s’agitent, les quatre lads tombent nez à nez avec un décorum de sacrifice païen, se pissent littéralement dessus au milieu de la nuit et font exploser en pleine cambrousse tous les liens qu’ils s’étaient promis de ressouder ici… Bruckner sait gérer impeccablement la friction entre ces deux pôles, celui de l’intime en dérive et celui du questionnement surnaturel, imagine des scènes de frousse pas possibles en déposant des tentes Quechua, un peu de veulerie et une statue de paille entre deux séquoias. Tout ceci va mal se terminer, oh oui, et malheureusement d’ailleurs, puisque les vingt dernières minutes laisseront place à l’exhibition d’un beau monstre, autrement plus flippant lorsqu’il jouait à cachecache avec eux – et nous. On en a un peu trop vu oui, mais on est très pressé surtout de voir la suite.