POURQUOI LES HOMMES PRÉFÈRENT LES MÉTISSES ?
MEGHAN QUI SÉDUIT SON PRINCE HARRY DE MARI, LES SUPERSTARS R&B QUI DOMINENT LES CHARTS, LES INSTAGRAMEUSES LES PLUS EN VUE… MAIS POURQUOI L’ÉPOQUE EST-ELLE OBSÉDÉE PAR LES MÉTISSES ?
Hé t’es de quelle origine? J’adore les filles comme toi ! ». Invective sans succès dans la rue par un mec lambda. Un phénomène fréquent. Pas de réponse à cette banale tentative de drague mais lui tente le tout pour le tout : « Mon ex est guadeloupéenne, je connais tu sais ! ». Alors qu’il croit donner de bons arguments, il s’enfonce. Que cherche-t-il en draguant ainsi une femme métisse ? Parce que cette femme véhicule certains clichés ? Parce qu’une part élevée d’hommes affiche un goût prononcé pour ce qui vient d’ailleurs (mais pas trop loin non plus) ?
Déjà à l’époque, Cléopatre et Jules César. Aujourd’hui, Kanye West et Kim Kardashian. Cette dernière, d’origine arménienne, a multiplié les opérations de chirurgie, au point de délaisser son physique caucasien pour davantage ressembler à une afro-américaine. Une tendance appelée à s’amplifier ?
PEAU « CAFÉ AU LAIT »
De tout temps, l’exotisme fait fantasmer. Mais dans une société chaque jour un peu plus mondialisée, il est de plus en plus mis en avant grâce aux réseaux sociaux. La France serait même le premier pays d’Europe en terme de « couple mixte » (39.000 mariages franco-étranger par an). Ce qui donne des dizaines de milliers de bébés métisses… Mais de quoi parle-t-on au juste lorsqu’on évoque ce mot ? « Deux être différents
qui se mélangent et ne font qu’un », comme le chantait Yannick Noah jadis et naguère ? « Terme employé, dans le langage courant, pour désigner des personnes nées de parents aux origines géographiques ou aux phénotypes différents, ainsi que les personnes dont les ascendants présentent
un métissage ancestral » comme l’explique Wikipedia ?
Premier constat : dans l’imaginaire collectif, l’idée de métissage renvoie d’abord à une femme à la peau dite « café au lait » et aux cheveux bouclés. C’est un terme générique fourre-tout qui, le plus souvent, renvoie à un mélange blanc/noir ou à une couleur de peau entre les deux… Pour le sociologue David Guyot, auteur de Destins métis en 2002, le métis est essentiellement Blanc/Noir pour les Européens – alors qu’il faudrait, estime-t-il, nuancer en fonction du passé colonial de chaque puissance européenne et de « ses » « indigènes ». Partons donc du postulat qu’ici la métisse est de descendance africaine et européenne. Ceci posé, l’homme qui la courtise le fait-il forcément pour marquer sa volonté de domination ? Écoutons ce bon vieux Frantz Fanon, qui nous écrit en direct de 1952 : « Le jour où le Blanc a dit son amour à la mulâtresse, quelque chose d’extraordinaire a dû se passer. Il y eut reconnaissance, intégration dans une collectivité qui semblait hermétique. [...] Du jour au lendemain, la mulâtresse passait du rang des esclaves à celui des
maîtres... Elle n’était plus celle qui avait voulu
être blanche, elle était blanche. » Si telle était la réalité dépeinte par le penseur martiniquais, dans la première partie du XXème siècle, dans son ouvrage Peau noire, masques blancs, cette conception semble fort heureusement datée, les relents de colonialisme n’étant pas le moteur, je l’espère, de ces histoires d’amour….
« UNE PIERRE, DEUX COUPS »
« Les mecs kiffent l’exotisme, une fille que tu croises pas tous les jours, témoigne William, un rugbyman aux yeux bleus et à la peau claire, affichant des velléités de conquêtes décomplexées. Moi-même, j’ai des potes qui ont pour objectif de collectionner le maximum d’origines différentes ». De façon pas si ironique, Zakaria, français d’origine marocaine, décrypte : « La « tendance » aujourd’hui, c’est le mixage culturel. Ces filles sont la définition même de ça : une pierre, deux coups ! Elles ont la
double culture donc ça permet d’en apprendre davantage ».
Soyons lucides : si ces hommes aiment l’exotisme, c’est souvent à un dosage précis. Autant ils veulent que la femme qu’ils convoitent, cette « beauté des îles » (encore un poncif tropicool) soit différente de leur mère mais il est très important qu’elle soit quand même suffisamment blanche. Gageons que la Reine d’Angleterre aurait fait davantage la gueule durant le mariage de son petit-fils, ce blanc-bec rouquin de Harry, si celui-ci avait ramené une Africaine non-métissée plutôt que Meghan (père blanc, mère afro-américaine)…
Car il y a le côté rassurant de la bi-origine. Un compromis. D’un côté la même éducation et les mêmes traditions et de l’autre une touche d’ailleurs qui intrigue. Pour exemple, une question qui m’avait surprise un jour. Un homme noir, à New York, me demande avec curiosité de
« ELLES ONT LA DOUBLE CULTURE DONC ÇA PERMET D’EN APPRENDRE DAVANTAGE »
– ZAKARIA
quelle origine je suis exactement. J’imagine qu’il ne mentionne pas mon côté afro-américain. Je lui réponds donc que je suis à moitié européenne et il s’exclame : « Mais c’est pour ça que tu parais si exotique ! » La problématique marche donc dans les deux sens : la métisse est le point de convergence. De façon consciente ou inconsciente on sera attiré par elle, comme pour percer les mystères qu’elle renfermerait. Et on essayera au moins de s’y frotter...
« SYNTHÈSE DES DEUX »
Mais à trop vouloir se pencher sur des considérations intellectuelles, on en oublie l’essentiel. L’apparence. Les particularités physiques des femmes métisses plaisent aux hommes et intriguent même certaines occidentales. Abdou, Nigérien habitant en France depuis une dizaine d’années, l’a remarqué : « Les femmes blanches veulent avoir des noires les formes et le teint, les noires quant à elles veulent avoir des cheveux de blanches et la peau moins foncée. Les métisses c’est la synthèse des deux, belles formes, belle chevelure, tout ça... J’ai rarement entendu une métisse se plaindre de son physique ! »
Ou comme me le résume ma mère, philosophe : « the best of both
worlds ». Elle a sûrement raison, même si je crois que pour les hommes le meilleur argument d’une métisse vient de son côté noir : ce sont ses fesses qui cristallisent les passions. Une étude récente explique d’ailleurs (j’ai vu passer ça sur mon fil Facebook) que les hommes aiment les tailles fines, les cambrures très prononcées et les fesses bien rondes… Tout un
« J’AI RAREMENT ENTENDU UNE MÉTISSE SE PLAINDRE DE SON PHYSIQUE ! »
– ABDOU
schéma supposé représenter inconsciemment la maternité, et qu’ils retrouveraient chez les femmes métisses, celles-ci nourrissant aussi pléthore de fantasmes sexuels, à tort ou à raison.
Car ce qui importe est que la métisse soit différente de la « girl next door » afin de projeter sur elle une réalité différente, un sentiment d’inconnu, un désir d’évasion. C’est là la force et aussi la faiblesse de la personne métisse : constamment à cheval sur deux cultures. Car la métisse n’est jamais vraiment totalement à sa place, quel que soit le lieu. Ce qui pourrait lui donner un petit côté rebelle, farouche voire même insolent qui ne ferait qu’ajouter à son charme. Ou comme le résumait Meghan Markle avant son mariage princier : « J’ai suivi des cours sur les Afro-américains à Northwestern où l’on étudiait les discriminations, c’est la première fois que je pouvais poser un mot sur le fait de me sentir trop claire dans la communauté noire, trop mélangée dans la communauté blanche ». Si c’est une duchesse qui le dit…