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« CHANGER LES ATTITUDES, PAS LA POLITIQUE »

INTELLO ET POPULAIRE, LE DUO BRITISH ALIGNE SES TUBES D’UNE POP ÉLECTRONIQ­UE ET « LIGNE CLAIRE » DEPUIS 30 ANS. MAIS COMMENT FONT-ILS ?

- PAR YAN CEH

Vous dites que « la musique pop était comme une véritable expression de ce qu’était la jeunesse occidental­e, ce n’est plus le cas ». Pourquoi selon vous ? Neil Tennant : Je pense que la musique pop, à partir de 1964 et jusqu’à 1989 disons, exprimait une vision alternativ­e de la société. Et ça s’est arrêté. La pop a cessé d’avoir la moindre idéologie. Elle est devenue profondéme­nt matérialis­te. Dans un sens, elle l’a toujours été, la musique a toujours été une industrie. Mais c’était une industrie qui vendait les disques de Bob Dylan, le White Album des Beatles, des disques des Rolling Stones, de Neil Young et… de Marvin Gaye. Mais d’un coup, la pop créée par les plus jeunes devenait un truc tourné exclusivem­ent autour de l’argent. Vraiment. Je veux dire, quand on a écrit « I‘ve got the brains, you’ve got the looks, let’s make lots of money » (« J’ai le cerveau, t’as le style, gagnons beaucoup d’argent »), les paroles de notre single de 1985 « Opportunit­ies », nous étions ironiques. Aujourd’hui, vous chanteriez ça et diriez « Ouais, j’ai le cerveau, t’as le style, faisons beaucoup d’argent ! ». Genre, « Allons-y ! ». Nous en avons fait un disque fantastiqu­e, cela dit. Vous ne pensiez jamais à l’argent au début de votre carrière ? Neil : Vous voulez dire : est-ce que nous pensions devenir riches et célèbres ? Oui. Neil : Eh bien… Non. Nous évitions la gloire. On voulait faire des disques. C’est tout. Et avoir du succès ? Neil : Notre objectif initial était de faire un disque avec Bobby Orlando, le sortir sur son label américain, et être capable de le vendre et de l’importer à Londres. Maintenant, cela semble simple mais, en fait, à cette époque, c’était comme vouloir devenir pape ! ( Rires) Et trois ans plus tard, en 1984, paraissait un disque des Pet Shop Boys, sur son label Bobcat, produit par Tennant/Lowe et Bobby Orlando, vendu 5,99£ en import à Londres. Chris Lowe : On aurait presque pu prendre la retraite à ce moment-là ! Le boulot était fait ! Neil : Oui. Et qu’avez-vous fait de tout cet argent, avec tous ces hits depuis le premier ? Chris : Bonne question ! ( Rires) Neil : Nous l’avons dépensé dans un tas de choses. Nous sommes très doués pour perdre de l’argent ! Nous dépensons beaucoup sur nos tournées. Pour nos deux premières, nous avons fait construire d’énormes structures architectu­rales. Spectacula­ire. Nous avons perdu un demi-million de livres sterling. C’est bizarre, vous êtes seulement deux à faire le show… Neil : Mais avec 14 danseurs, 400 costumes ! Chris : Et les perruques ! Neil : Pour la « Nightlife Tour » en 1999, on a perdu environ 800 000 livres sterling… Nous n’avons jamais été obsédés par l’argent, vous savez. Mais vous avez vendu des disques, avec d’énormes ventes, non ? Neil : Pas autant que les gens l’imaginent. Notre plus grosse vente, c’était 4 millions, pour les albums Actually et Introspect­ive. Et Very s’est vendu à environ 3 millions d’exemplaire­s… Notre plus mauvaise vente, c’était environ 700 000 exemplaire­s. C’est énorme ! Neil : Ouais, mais vous avez des Robbie Williams qui vendent 7 millions… Nos albums coûtent chers, aussi ! La différence entre vous et Robbie Williams, c’est que lui veut satisfaire tout le monde et qu’il a souvent changé de style. Vous avez votre propre style, votre propre son. Neil : Nous ne cherchons pas à être quelqu’un d’autre, la plupart du temps. Et vous avez toujours une distance, une forme d’ironie bien à vous. Neil : Il y a deux raisons à cette distance. C’est légèrement embarrassa­nt chanter des choses complèteme­nt personnell­es devant les autres, alors vous devez avoir cette distance. Et c’est aussi parce que ma voix est comme ça de toute façon… C’est aussi la manière dont on se présente, le fait que nous n’avons jamais été intéressé par la célébrité. Mais vous êtes devenus célèbres. Neil : Ouais, mais c’est surtout le nom des Pet Shop Boys qui l’est devenu, comme une marque. Comment vous situez-vous dans la scène musicale actuelle ? Neil : Nous parlons toujours

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