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THE BLAZE

AVEC LEURS CLIPS ULTRASOPHI­STIQUÉS ET LEUR MUSIQUE SUPER SOPORIFIQU­E, LES TRENTENAIR­ES DE THE BLAZE ONT-ILS VRAIMENT SÉDUIT TOUT LE MONDE ? PAS NOUS, NOUS NE COUCHERONS PAS AVEC EUX CE SOIR.

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Il y a des gens dont on n'envie pas les loisirs. Barry Jenkins, le réalisateu­r de

Moonlight, confiait récemment avoir regardé « au moins cent fois » le clip de « Territory » de The Blaze, dans lequel il voit « de la danse, du ballet ». Olé !

Pour ceux qui ne partagerai­ent pas les passe-temps de Jenkins, rappelons ce que montre la vidéo de « Territory » : sur fond d’Alger la blanche, des traînepati­ns en survêtemen­t se trémoussen­t à la va comme je te pousse. La caméra les caresse langoureus­ement. N’étant pas aussi docte que Kamel Ouali, on s’abstiendra de tout jugement sur la chorégraph­ie. On se permettra quand même trois mots sur la musique : vide, répétitive, lénifiante. Et deux autres sur l’esthétique générale : complèteme­nt toc. Rock the casbah ? On repassera.

Ça fait deux ans que The Blaze est à la mode. La raison de cet emballemen­t ? Un autre clip tout aussi léché, celui de « Virile » : dans une barre HLM de Bruxelles, deux feignasses fument des pétards, se dandinent et se lutinent sur une house en papier crépon déroulée au kilomètre. Vous avez déjà connu plus excitant ? Nous aussi. Dans le New York Times, au printemps dernier, les deux Français de The Blaze (les cousins Guillaume et Jonathan Alric) étaient dépeints en « chroniqueu­rs essentiels de la masculinit­é ». Sans doute émoustillé par ces compliment­s, Jonathan l’affirmait sans rougir : « Nous voulions parler de ce qu’est un homme moderne : quelqu’un de fragile qui peut pleurer et tout et tout, mais aussi être viril et honnête dans ses sensations et ses émotions. » Comprenne qui pourra à ce joli charabia. The Blaze, c’est Eddy de Pretto qui aurait décidé de se mettre à l’ambient. A bâiller ? Bonne nuit les petits : ils ont trouvé la recette pour composer des berceuses neuneus qui endorment l’esprit critique de leurs contempora­ins.

DEUX CABOTINS

Car il faudrait quand même remettre les doudous à leur place : dans le monde falsifié qui est le nôtre, a-t-on vraiment besoin d’une couche de carton-pâte supplément­aire ? De bourgeois blancs- becs qui fantasment sur les banlieues et font leur beurre dessus ? Camisoles pour tout le monde ! A part la Céline Sciamma de Bande de filles, personne ne devrait être assez cynique, nigaud ou cinglé pour marcher dans les combines de nos deux cabotins. Que répondent-ils à ça ? Des bisous tout doux. Jonathan : « On veut que nos shows soient très poétiques, c’est notre principal souci. » Guillaume : « On se fait un hug juste avant les concerts, et un juste après. Quand on joue et que je suis stressé, je regarde Jonathan dans les yeux et ça me donne de la force – et viceversa. Le regard de mon cousin suffit à ce que je me sente mieux. » C’est touchant. Au fond, les cousins romantique­s de The Blaze devraient monter le duo Guillaume et Jonathan et enregistre­r une reprise électro mimi de « Est-ce que tu viens pour les vacances ? ». Retrouvez-vous à Bruxelles, Alger ou ailleurs, mais que ça reste en famille – de notre côté, on se choisira prudemment un autre lieu de villégiatu­re.

Dancehall (Animal 63)

LOUIS-HENRI DE LA ROCHEFOUCA­ULD

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