Technikart

LES CITY-JARDINIERS

POÉTESSES DU POTAGER, DANDIES DU DRAINAGE, FANAS DU FLEURISSEM­ENT... ILS SONT DE PLUS EN PLUS DE JEUNES CITADINS À VIVRE UNE VIE « AU VERT » – SANS JAMAIS QUITTER LEUR VILLE POUR AUTANT. TECHNIKART EST PARTI À LA RENCONTRE DE CES NOUVEAUX AVENTURIER­S DES

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PAR JACQUES TIBERI & ALBANE CHAUVAC LIAO PHOTOS JULIEN GRIGNON VIDÉOS LÉONTINE BOB Tout commence lors d'un dîner-découverte entre voisins. Pour l’apéro, la maîtresse de maison, Amanda, nous sert un deep de mini-légumes – radis, carottes, tomates cerises – avec leur sauce moutarde. « Tout est fait maison, et les légumes sont du salon ! ». Sans me départir de mon flegme habituel, je rebondis : «Du salon... de l’agricultur­e ? ». « Non, du mien : venez voir » . Amanda rejoint sa cuisine américaine et attire notre attention sur un large frigo aux portes transparen­tes. « Voici mon potager en aquaponie, ditelle fièrement. C’est d’ici que viennent les légumes. Et j’ai aussi ceci pour les fraises du dessert... ». Elle nous indique alors un étrange herbier mural : accroché comme une nature vivante, le fraisier donne ses fruits à la verticale. Nous découvrons encore, au coeur de l’îlot central, un bac blanc surmonté de lampes, où pousse le persil du taboulé libanais qu’elle nous servira en entrée. Tout à fait subjugués, nous continuons la visite : on peut à peine poser le pied sur les deux balcons, envahis par de hautes jardinière­s en bois d’où sortent de petites courgettes jaunes. Quant à la salle de bain, elle accueille un large bac de lombricomp­ostage (le compost à l’aide de vers de terre), dont le contenu est recyclé en terreau… À l’issue de ce repas raffiné réalisé en quasi-autonomie, je ne peux m’empêcher de me demander : et si l’avenir appartenai­t à cette nouvelle génération de city-jardiniers ? Pas une semaine sans qu’un collègue ne me propose de goûter aux tomates cerises de son balcon, dont il agrémente son bento du midi. Pas un mois sans qu’un hôtel chic n’ouvre son rooftop potager, ou ne vante son brunch préparé avec le miel de sa ruche et les oeufs de ses poules. Car ces derniers temps, le jardin d’intérieur est devenu LE nouveau signe d’appartenan­ce au gratin de la pop’culture. Il concrétise la « sainitude naturelle » dont se revendique­nt ces nouveaux paysans des villes. « À une époque où tout va très vite, on a besoin de renouer avec la notion du temps, la conviviali­té. Le jardin nous l’offre, et le plus beau dans l’histoire ? Même un bord de fenêtre suffit ! On peut presque tout se permettre »,

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