Technikart

Un GJ Avenue Montaigne

Que se passe-t-il quand notre intrépide journalist­e s’aventure sur l’avenue la plus chic de Paris affublée d’un ravissant ensemble jaune canari ? Réponse en images.

- Par Camille Laurens Photo Florian Thévenard

15:37, Valentino : Prêts à en découdre avec des colosses bodybuildé­s, nous sommes accueillis par une armada de vendeuses, tout sourire. Un peu déçue face à tant de bienveilla­nce, je demande à l’une des vendeuses si elle valide le gilet. Elle me demande si l’on est samedi avant de me vanter les mérites d’un arrivage de fourrures. À quand un gilet jaune fourré pour toute fashionist­a qui se respecte ?

15h59, Louis Vuitton : Plus aguerris, nous sommes guidés le long des allées siglées par un personnel charmant. Passe-partout, le gilet jaune ? Je déambule lorsque l’un des vigiles m’approche pour me diriger vers la sortie. Je lui lance que la nouvelle signature Twist de Vuitton est moins séduisante que l’indémodabl­e monogramme. Il respire à nouveau : je connais mes classiques. —

16h07 : Nous nous dirigeons vers la prochaine boutique, Dior, lorsqu’une touriste m’arrête: “Do you know where is Jimmy Choo?”. Décidément, notre crédibilit­é est à zéro, j’ai l’impression d’être prise pour une modeuse cheap, au pire en mal d’inspi.

16h10, Dior : Nous nous approchons de l’enseigne lorsque j’entends à l’entrée l’un des gardes crier dans l’oreillette: “2 gilets jaunes arrivent, je répète deux gilets jaunes arrivent”. Nous entrons accueillis par une rangée de costards renfrognés. “Je ne peux pas vous laisser entrer avec vos gilets. Vraiment désolé. Nous quittons les lieux, pas de Dior aujourd’hui ! 16h43, Givenchy : Accueil simple. Excepté un vendeur qui me suit de près, je lui demande ce qu’il pense de ma parure : « C’est du Balenciaga non ? Nouvelle collection ? ». Il ne blague pas.

17h02, Versace : La kitsch-classe à l’italienne. La marque joue sur la mode du teint orange/ bistourife­ver/ donatellas­tyle. Il est donc nécessaire d’avoir un retour du saint-graal italien. Loin d’être hostile, c’est un climat chaleureux qui émane des vendeurs – ayant semble-t-il déboursé une partie de leur salaire en UV. Et si je m’étais trompée ? Pensant arriver en terre ennemi, il n’en est rien.

17h36, Chanel: un immanquabl­e, pour finir ce périple sur la 5th avenue parisienne. Quand j’évoque aux vendeuses la célèbre pub de feu Kaaaaaarl paré de son gilet et un “Le chilet saufe des fies” plus tard , j’ai le droit à un “ah oui c’est vrai que l’on peut encore trouver ça sur internet” accompagné d’un haussement de sourcils dédaigneux. Mon imitation ne devait pas être si drôle.

17h39, Verdict : Fin de journée. Un bilan surprenant. Entre un vigile pro gilets jaunes ayant cacher un manifestan­t en prise avec les CRS, des sourires chaleureux et autres complaisan­ces, nous pensions être confrontés à un mur. Ce fût tout le contraire. Les enseignes de luxe ont le chic de savoir accueillir. Il aurait été 1 000 fois plus jouissif de pouvoir décrire nos mésaventur­es. Comme l’a déclaré Chanel “Le luxe, ce n’est pas le contraire de la pauvreté mais celui de la vulgarité”.

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