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HARO SUR HIDALGO !

Nicolas Ungemuth réunit en un recueil les chroniques caustiques qu’il publie le weekend dans Le Figaro Magazine. Parmi ses punching-balls préférés, une certaine Anne H. occupant actuelleme­nt le fauteuil de maire de Paris…

- LOUIS-HENRI DE LA ROCHEFOUCA­ULD

NOUS VIVONS UNE ÉPOQUE FORMIDABLE ! NICOLAS UNGEMUTH (Séguier, 262 p., 21 €)

Dommage pour Les Inrocks : le seul hebdo qu’on lise toutes les semaines, c’est Le Figaro Magazine. Le weekend commence dès le vendredi matin. Entre les rez-dechaussée de Neuhoff, les critiques littéraire­s de Beigbeder et les délires vestimenta­ires du tailleur Scavini, il y a de quoi s’occuper. Dans les premières pages du meilleur journal de France, c’est Nicolas Ungemuth qui ouvre le bal avec son hilarante chronique « Nous vivons une époque formidable ! » – un énoncé que Cali ou Caroline de Haas prendront sans doute au pied de la lettre. Ces papiers parus ces dernières années, les éditions Séguier ont eu la bonne idée de les rassembler en un volume. À ceux qui ne les connaîtrai­ent pas, précisons d’emblée qu’Ungemuth est un gentleman. La preuve ? Il méprise Benjamin Biolay au moins autant que nous.

AVOIR UNE TÊTE DE TURC

Par ailleurs signature historique de Rock & Folk où il s’occupe notamment à sa façon des rééditions, et fin connaisseu­r des oeuvres de Céline et Léautaud (dont il a lu en intégralit­é le Journal littéraire), il n’est pas du genre à s’emballer pour les pantins du jour. Avoir une tête de Turc ne lui déplaît pas. En relisant ses articles, un running gag nous a sauté aux yeux, à tel point qu’on s’est mis à compter : Anne Hidalgo apparaît dans dix-sept textes ! À ce rythme, Ungemuth ferait mieux de lui envoyer directemen­t des fleurs… Ou de l’inviter à déjeuner. Problème : outre Hidalgo, l’évolution des restaurant­s est l’un des fléaux modernes qui navrent le plus celui qu’on n’est pas près de voir en train de faire le fou sur une trottinett­e. Où trouver encore une table décente dans la capitale ? Un bistro sans musique ? Plutôt que de dîner en ville, jetez un oeil à « La nostalgie des réservatio­ns », sans doute son meilleur texte sur le sujet. S’il tape sur différents délires progressis­tes et bobos, Ungemuth a le mérite de le faire sans poses lourdes de raseur, il garde toujours un esprit et une retenue très british. Et c’est ainsi que Nicolas est grand, dirait Vialatte à notre place.

Ajoutons pour finir qu’une autre plume réputée de la presse française, Philippe Lançon, publie un recueil de textes (Chroniques de l’homme d’avant, Les Echappés) écrits de 2004 à 2015, avant l’événement qui allait changer sa vie. Il y alterne entre poésie et satire (lisez donc « Le marquis d’Enthoven »). S’en dégage une douceur de vivre disparue, qui lui semble désormais interdite. Morale de l’histoire : Paris, ce n’était pas si mal avant les attentats. Et encore mieux avant Anne Hidalgo ?

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