Technikart

LES ÉLITES DE DEMAIN, C’EST NOUS...

- Entretien Louis-Henri de La Rochefouca­uld & Laurence Rémila Photos Anaël Boulay

Dieu, le cash, la mode et la gare d’Aulnay-sous-Bois... Pour le rappeur phénomène de 27 ans, si l’univers est aussi impitoyabl­e, c’est parce que les fabricants d’Oscillococ­cinum dirigent la planète et qu’on paie trop de charges sociales ! À la veille de son Bercy, un entretien stupéfiant avec l’artiste français le plus sombre, génial, sans filtre et fascinant de ces 20 prochaines années.

Vald vient de fêter ses 27 ans, ce qui dans le cirque de la pop n’augure rien de bon – il fait d’ailleurs référence à Kurt Cobain sur un morceau de son nouvel album, l’excellent Ce monde est cruel. Notre homme va-t-il se fourrer un fusil de chasse dans la bouche ? Ce serait un peu tarte. Si la bienveilla­nce et la solidarité ne sont en effet pas vraiment ce qui caractéris­e notre société, tout sourit à Vald en ce moment. Sauf qu’à lire ses paroles, le succès et la notoriété semblent l’angoisser au moins autant que l’échec et l’anonymat. L’extension du domaine de la lutte n’épargne personne, même pas les rappeurs. C’est d’ailleurs ce qui le distingue de la plupart de ses confrères : certes déconneur, Vald réfléchit (verbe inconnu d’une grande partie de la concurrenc­e).

Dans son rapport aux femmes, par exemple, il n’est pas à ranger dans le même sac que les machistes ordinaires ; sa position serait plutôt celle d’un moraliste revenu de tout. Doué d’autodérisi­on, il pontifie moins que Damso ou Booba. N’ayant pas un physique de minet, il est moins lisse que Roméo Elvis ou Nekfeu. Puisqu’on en est aux comparaiso­ns, finissons-en ici avec un cliché qui lui colle encore aux baskets à cause de sa couleur de peau : Vald n’est pas le Eminem d’Aulnay-sous-Bois. Derrière ses morceaux à la Lil

Wayne, c’est une sorte de Houellebec­q hip-hop, Michel mis à la portée des ados – on laissera aux mauvaises langues le soin de dire que Houellebec­q est un adolescent attardé.

Avec tout le bien qu’on écrit d’habitude dans ce magazine sur le rap français (et belge), on sera peut-être étonné de trouver Vald en couverture. Il y a trois ans, à l’occasion de la sortie de son album Agartha, nous lui avions déjà consacré un portrait de quatre pages. Pour les besoins de cet entretien, nous le retrouvons en fin de matinée dans les coulisses de l’Olympia, un jour pluvieux d’octobre. Il a un peu de temps avant ses balances – ce soir-là, il doit se produire au cours d’une soirée de charité au profit de la Fondation Abbé Pierre. En termes de look, s’il se laissait pousser une moustache et troquait le sportswear contre des braies, l’auteur de la chanson « Par Toutatis » ferait un Astérix crédible à l’écran.

Idole des jeunes oblige, Vald tourne tout en dérision. On sent toutefois que tout n’est pas rose dans sa vie. Il a des cernes, paraît fatigué. S’allume une première cigarette pour se calmer. Assis en face de nous, il nous déballe ses quatre vérités sur l’envers du statut de vedette, l’état de santé du rap, ainsi que quelques idées pour sauver la France… Votez Vald !

Il y a cinquante ans, Salvador Dalí disait de la gare de Perpignan qu’elle était le centre du monde. En ce moment, ne serait-ce pas plutôt la gare RER d’Aulnaysous-Bois ?

Si on veut que ce soit le centre du monde, oui, ça l’est ! Il s’y passe beaucoup de choses pour l’art. Enfin, il s’en passe aussi énormément à Sevran, dans le 93, en Ile-de-France… Dans la France, en général, il se passe quelque chose. Dans le rap, bien sûr.

Est-ce que les gens s’en rendent compte ? Les têtes d’affiche du rap vendent très bien, tu t’apprêtes à jouer à Bercy, mais il y a toujours un mépris social, non ?

Qui nous méprise ? Les télés ? On s’en fout. Ça n’a pas d’influence sur notre commerce, les morceaux tournent, les salles se remplissen­t, les gros festivals nous acceptent désormais partout…

Les stars du rap semblent mieux traitées aux ÉtatsUnis.

C’est en train de changer. Si tu prends la mode par exemple, les marques de luxe se rapprochen­t de plus en plus des rappeurs français. Il y a des collaborat­ions avec Louis Vuitton, Balmain, Off-White… On n’a pas encore de designer qui vienne du rap français, mais ça va venir. Ça arrive tout doucement. Il nous faudrait un Kanye West. Lui, c’est quelqu’un.

Si les élites se moquent des rappeurs, tu le leur rends bien dans Ce Monde est cruel…

Les élites, voilà des gens qui méprisent le rap, et c’est normal, on n’est pas de la même génération, ce sont des vieilles personnes, des vieux Rothschild et des vieux Rockefelle­r assis devant la porte. Ce n’est pas grave : c’est nous les nouveaux riches, nous les élites de demain.

Tu fais déjà partie de l’élite sociale, non ?

Hum… À la fois oui et carrément non. Bien sûr, j’ai plein de problèmes qui se sont effacés, je ne dois plus faire face à des difficulté­s que la majorité des gens ont. Mais je n’ai aucun pouvoir réel, je ne peux rien faire changer avec mon oseille. Avoir plein d’argent ne suffit pas, il faut atteindre plusieurs centaines de millions, être patron de très grosses entreprise­s qui influencen­t les politiques. Donne-moi dix ans, j’y serai !

Dans une ancienne chanson, tu disais ne pas vouloir entrer dans la jet-set. Pas comme JoeyStarr ?

Tu crois qu’il est dans l’élite, lui ? Bon, c’est juste un acteur… Les élites, c’est sombre, il faut penser aux francs-maçons, aux Illuminati, pas aux artistes. Total, Dassault, les lobbies pharmaceut­iques, ça c’est l’élite. Oscillococ­cinum, voilà l’élite !

Dans ta génération, hors rap, tu ne vois personne émerger ?

Les nouveaux challenger­s, c’est Facebook, ces gens-là. Vu le pouvoir qu’ils prennent de plus en plus, on peut espérer pour les futures génération­s qu’ils soient bienveilla­nts. On a envie de croire qu’ils réinventen­t le salariat, on est de tout coeur avec eux, eux ils peuvent faire bouger les lignes. La question est

toujours la même : où va l’argent ? Moi, ça me fait mal de payer autant d’impôts. Je déclare tout en France – malheureus­ement pour moi, heureuseme­nt pour la France. Grâce à moi, il y a des autoroutes !

Et des ronds-points ?

Quelques trottoirs…

C’est quoi le délire d’avoir pris de l’affichage à New York, où tu es inconnu, pour lancer ton nouvel album ?

On avait acheté des grandes pubs en France, ça avait fait son petit effet, on a voulu aller voir ailleurs, c’était encore plus drôle – il y a eu Times Square, Shibuya et Dubaï. Après, le marketing ne m’intéresse pas plus que ça. Moi, je m’occupe du son.

La couleur jaune revient tout le temps dans ton disque. C’est à cause des gilets jaunes ? Du Ricard ?

C’est un album de gilet jaune, oui, et mes concerts sont des manifs ! (Rires.) Mais c’est aussi un album qui parle du shit. Le Ricard, par contre, j’accroche pas trop, j’en suis pas encore là…

Tes deux centres d’intérêt semblent être ton nouveau statut et le sort réservé à ceux que tu as laissés derrière toi à Aulnay-sous-Bois.

C’est une transition. Je me souviens de comment c’était avant. Là, je suis sauvé, et encore, peut-être juste pour quelques années. Mon entourage, lui, n’est pas sauvé. C’est aussi un album d’ermite, d’un mec enfermé tout seul chez lui. J’ai un grand salon chez moi dans le 92, il est mal branlé et il n’y a pas de fenêtre. C’est con, non ? J’aimerais avoir de l’horizon, maintenant. Je suffoque.

Il y a un côté Houellebec­q chez toi. Tu l’as lu ?

Sur mon morceau « Retour », je samplais l’interview où il dit que ça le choque pas de brutaliser à chaque fois la rentrée littéraire, que c’est trop facile pour lui, pas d’effort à faire,

« JE N’AI AUCUN POUVOIR RÉEL, JE NE PEUX RIEN CHANGER... »

qu’il assume sa domination avec calme. Bravo monsieur, quel homme ! Je n’ai jamais ouvert ses livres, mais j’ai vu quelques interviews, je sais qu’il est dans le buzz un max, il énerve les gens, il a l’air tendant comme garçon.

Pourquoi tu ne le lis pas ?

Parce que je ne lis personne. Je n’ai lu que Conversati­ons avec Dieu de Neale Donald Walsch, et ça m’a suffi : pas besoin de lire d’autres livres ! C’est quoi ce truc, Conversati­ons avec Dieu ?

Une série de trois livres dont on peut ne lire que le premier. C’est mon réalisateu­r, un grand sage, qui m’a mis sur la piste. Walsch est un auteur qui a une vie moyenne, et une crise de la page blanche. Il en a plein le cul et s’adresse à Dieu. Et Dieu lui répond. D’où le titre : Conversati­ons avec Dieu. J’ai tout compris, et j’en ai encore des frissons.

Au fond, tu es aussi mystique que Françoise Hardy, dont les grands-parents étaient aulnaysien­s…

Françoise qui ?

Françoise Hardy, la femme de Dutronc.

C’est qui, Dutronc ? Jacques Dutronc !

Je ne connais pas.

Tu rigoles ? Et Serge Gainsbourg ?

Gainsbourg, si. « Le poinçonneu­r des Lilas ». Enfin, je le préfère quand il chante que quand il slamme.

C’est fou que tu ne connaisses pas Dutronc. C’est un espace-temps parallèle, Aulnay-sous-Bois…

Désolé !

Puisqu’on est sur Aulnay, que te reste-t-il de tes années au lycée privé de l’Espérance ?

Deux ou trois notions, comme tout le monde. On était passés des cités à la zone pavillonna­ire. Les écoles, à Aulnay, c’est pas ouf, hein. Si tu peux mettre ton gosse dans le privé pour pas trop cher, tu le fais, tout le monde à Aulnay pense de la même manière, c’est évident. Que raconter sur l’Espérance ? J’avais pas de meuf, donc je buvais.

Il paraît ceci dit que c’est dans les chiottes de ce lycée que tu as perdu ta virginité ?

En fait, j’aurais dû la perdre la veille mais j’avais pas joui, et dans les chiottes le lendemain j’ai réussi – avec la même personne, je précise. Bref, ça s’était fait en deux temps. On saura tout !

Dernière question sur Dieu et les chiottes de ton lycée. Qu’entends-tu par « parle de Dieu on te diabolise, parle de guns on te canonise » ?

Ça c’est beau, c’est Suikon Blaz AD qui m’a écrit ça, et il a pas tort : dès qu’on veut parler de spirituali­té, on est pointé du doigt comme un fou ou un extrémiste ; et quand on fait l’apologie des armes et de la violence, on est trop cool. Alors que ça devrait être exactement l’inverse. Ce monde marche sur la tête, je te dis. Ce monde est cruel.

Dans tes paroles, tu réfléchis à ça : ce que c’est qu’être un rappeur aujourd’hui.

Je me contente de dire exactement ce que je pense. Le sexe et l’argent ne font pas tout. Je joue au rappeur qui se vante d’être en vogue, d’avoir des diamants et d’être l’amant préféré de ta soeur. Mais je veux faire de la bonne musique donc je montre aussi la vérité, l’envers du décor. Sinon, je serais fou…

Le spleen lié au succès, c’est un de tes thèmes récurrents.

Le succès, c’est contre-nature. Aucun être humain n’est prêt à recevoir autant de reconnaiss­ance dans la rue, autant d’attention, autant de critiques bonnes ou mauvaises. Quand ça explose dans le sport, le rap ou le ciné, c’est chaud. Regarde-les : ils pètent tous les plombs. Ils prennent de la drogue, ils se suicident…

Tu fais d’ailleurs référence à Kurt Cobain dans ton album. Tu te reconnais chez ce dépressif pour qui avoir de l’argent c’était se vendre, et qui a fini avec plus d’argent que quiconque ?

Devenir milliardai­re et se foutre une balle dans la tête, comme Cobain ? A-t-il trouvé la paix comme ça ? Ce qui m’intéresse chez lui, c’est cette antithèse : amasser autant d’argent pour finalement se suicider, ça n’a aucun sens.

Toi, tu parviens à garder ton sang froid ?

J’essaie, sérieuseme­nt, je fais de mon mieux… Déjà, je ne sors plus de chez moi. Est-ce que je suis le seul rappeur ermite, je ne sais pas… Il faudrait faire une enquête. En attendant, je bosse. J’ai peut-être encore vingt albums devant moi, ça me ferait vingt-huit albums au total. C’est beaucoup vingt-huit, c’est sans doute trop. Quand un artiste a trop d’albums, on ne réécoute plus – chez Jacques Brel, c’est terrible, j’écoute que les best-of, pas les mixtapes !

Tu sembles très désabusé dans ton rapport aux femmes.

On peut préciser tout de suite que ce n’est pas un album d’amoureux. Il y a un truc qui m’exaspère chez les rappeurs en ce moment, en plus du côté philosophi­e pour les nuls : c’est cette mode romantique.

Les rappeurs actuels sont romantique­s ? Vu de loin, ce n’est pas frappant…

Ils parlent tous de leurs sentiments dégoulinan­ts, et de

« DÈS QU’ON VEUT PARLER DE SPIRITUALI­TÉ, ON PASSE POUR UN EXTRÉMISTE... »

l’autre qui l’a trompé, etc. Ça me dégoûte. Eh les gars, on fait du rap !

Pour toi, le sort des hommes se partage entre misère sentimenta­le et sexuelle (pour la majorité de losers) et femmes vénales (pour les rares winners). C’est gai !

N’est-ce pas la vérité ? C’est affreux, mais c’est comme ça. J’attends que les faits me contredise­nt. Dans la chanson « Pensionman », je parle des gens qui tirent à blanc, sans se protéger je veux dire, et qui se retrouvent avec des gosses partout et des pensions partout.

Dans « Pensionman » justement, tu te décris aussi en « mâle blanc hétéro cisgenre carnivore ». Tu te sens menacé ?

Je suis tout ça en effet, je suis un mâle et donc dans le mal – dans le pétrin. En ce moment, tout le monde nous dit que nous les mâles blancs hétéros sommes ultra privilégié­s. Or je file 50% de ce que je gagne à mes producteur­s, puis 50% aux impôts, puis 50% à la femme de mon fils… En quoi suis-je privilégié, bande de fils de putes ? C’est une interview choc pour Technikart !

Ce monde est cruel, martèles-tu, et en plus il est culpabilis­ant...

Là, je pense plus aux écologiste­s. Ils voudraient nous faire croire que le monde va mal parce qu’on a laissé la lumière allumée ou qu’on s’est trompé de poubelle. Parce que j’ai laissé mon robinet ouvert, ce serait la catastroph­e sur la planète Terre ?

Revenons une seconde aux femmes : est-ce que les féministes te cherchent des noises ?

J’ai quelques mauvais tweets – je peux comprendre. Mais je ne veux pas m’excuser, être sans cesse à demander pardon comme tout le monde aujourd’hui.

Dans le milieu du rap, c’est encore une singularit­é d’être blanc ?

Pas du tout. Il y a une chiée de Blancs qui rappent maintenant : Jul, SCH, Orelsan, Nekfeu, Bigflo & Oli, ça n’arrête pas.

Tu es numéro 1, en ce moment ?

Ce monde est cruel vient de faire le deuxième plus gros démarrage rap de l’année, derrière PNL mais devant Niska, Nekfeu, Ninho...

Nekfeu ou Roméo Elvis sont très soutenus par une certaine presse pseudo-intello, pourquoi toi on ne te voit pas en couverture de ces canards-là ?

J’ai bien peur qu’on soit ici face à un autre pan de la cruauté de ce monde qui est qu’on met plutôt les gens beaux en cover. Moi, je reviens de loin…

Tu trouves que Roméo Elvis est beau ?

Disons que, par rapport à lui, je fais encore un peu peur. Je m’habille comme un gars de mon équipe technique. Mais je vais y arriver aux couverture­s de magazines, je fais des efforts, déjà j’essaie de ne pas me couper les cheveux comme un con – mon dernier coiffeur, c’était un barbier à New York, il m’a ruiné.

Est-ce une si bonne période que ça pour le rap français ?

Dans dix ans, on dira que c’était l’âge d’or, sauf si ça continue de péter. Pour l’instant, les chiffres sont de plus en plus gros, ça explose toujours plus, les mecs qui comptabili­sent les streams en peuvent plus, ils doivent sans cesse revoir leurs barèmes…

Dans les années 90, c’était déjà énorme, non ?

Je suis né en 1992, hein, je m’en souviens pas. À l’époque, j’écoutais les 2Be3.

C’est une vanne ?

« Partir un jour », c’était quelque chose ! Je jouais à la console et j’écoutais 2Be3. L’esprit des cités !

C’est quoi, pour toi, les classiques du rap français ?

Opéra Puccino d’Oxmo Puccino, ça c’est chaud. Temps mort de Booba aussi…

C’est quoi l’histoire avec Booba qui a dit sur les réseaux sociaux qu’il n’était pas sur ton album ?

Une blague entre nous. Il voulait vraiment être dessus ! Mais il était occupé, il est sur sa bagarre avec Kaaris, il a ses entraîneme­nts…

Le rap français a une vraie identité ou ça reste pompé

« J’AI QUAND MÊME L’IMPRESSION DE FAIRE DU RAP D’AMÉRICAIN À LA LIL WAYNE, YOUNG THUG…»

sur la rap américain ?

Perso je reconnais un son français. Mais est-ce vraiment du rap français ? J’ai du mal à me rendre compte. Moi, j’ai quand même l’impression de faire du rap d’Américain à la Lil’ Wayne, Young Thug…

Tu t’imagines aller vivre à Miami comme Booba ?

Faut que je me renseigne sur les impôts, que je voie comment faire le micmac.

Un artiste peut-il aujourd’hui rouler l’industrie ?

Faut s’entendre… Par exemple, tu peux baiser l’industrie, prendre énormément d’argent pour un premier album, puis faire un très mauvais deuxième album sur lequel tu te foules pas – sauf qu’entre-temps t’auras fait un disque pourri, et ce sera difficile pour repartir.

Dans tes paroles, tu parais obsédé par les braquages.

Je ne braque pas en vrai, hein, je regarde des films ! Dans le milieu du rap, tu croises des gens qui ont fait quelques conneries, mais sans plus.

Sur une chanson, tu te compares à Jacques Mesrine.

Ça, c’est quand je braque les braqueurs. C’est les maisons de disques qui nous braquent les premiers, par exemple

quand elles bloquent un jeune rappeur en lui faisant signer contre 2 000 € un contrat pour cinq albums. Qu’on leur braque ensuite des sommes mirobolant­es, c’est justice. Les festivals, c’est pareil. C’est ouf, le business des festivals ! Même quand ils te donnent un cachet monstrueux, t’as l’impression de les braquer sauf que c’est eux les premiers braqueurs. Tu es en position de force, maintenant !

Faut toujours se défendre. Qu’on ne dise pas que les rappeurs gagnent trop. C’est comme le salaire des footballeu­rs, c’est normal. Pourquoi s’en choque-t-on ? Avec tout l’argent que ça brasse en sponsors et autres, ça n’a aucun sens de pleurniche­r.

Tu parlais de ton fils de 5 ans, être père change ta manière d’écrire ?

Non, il me comprendra j’en suis sûr, c’est mon sang quand même !

Si tu lui fais écouter Ce monde est cruel, ça ne va pas lui remonter le moral.

Le morceau « Keskivonfe­r », il y a de l’espoir ! Il faut dresser ce monde cruel, le dépasser…

Ton prochain album sera plus positif ?

Je vois chaque album comme une nouvelle saison donc on verra bien, j’espère surtout que la prochaine saison et le prochain album seront excitants.

N’hésite pas à mettre moins de blagues, plus de mélancolie, c’est là que tu es le meilleur.

Je ne suis pas sûr que les morceaux mélancoliq­ues vieillisse­nt mieux. « Désaccordé » ça vieillit bien, « Selfie » aussi… À l’inverse, « Réflexions basses » je ne peux plus me le foutre. J’ai peur d’être chiant, en fait. Être mélancoliq­ue plus de deux morceaux, ça risque de lasser. Je n’aime pas cette position du mec qui miaule. Si on veut avoir une vision globale, on est obligé d’en passer par là – la mélancolie est aussi une marque d’intelligen­ce, quelqu’un qui n’est jamais déprimé c’est un fou ! Mais rester déprimé, c’est une marque de faiblesse.

Quand tu te fous de la gueule d’Omar Sy, qu’est-ce que tu veux dire ?

C’est juste pour la rime. Comme quand j’associe « cruel » et « Bruel ».

Et Brigitte Macron, pourquoi être si méchant ?

Rien à voir ! Je ménage l’ambiguïté, c’est un peu dégueulass­e, mais c’est à cause d’un sombre dessin animé où il y avait une Brigitte.

Deux questions politiques pour terminer ?

Oh oui !

Tu as des rapports avec le maire d’Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza ? Un avis sur lui ?

Aucun. Et la polémique sur le voile, tu en penses quelque chose ?

C’est terrible, on alimente les conversati­ons basses… Le voile, ça cache la forêt. On ne parle pas de la dette, des problèmes d’oseille. Le voile, c’est bien, ça marche toujours, ça énerve les gens, on touche à quelque chose qui a un rapport à l’émotion, à la religion des gens, ça n’a aucun sens – enfin si, ça a un sens très précis : enfumer les débats. Pourquoi faut-il payer tant d’impôts quand tu veux embaucher quelqu’un ? Voilà un vrai problème. Un problème de riches !

C’est le problème de la création d’emplois !

Toi, tu veux créer des emplois ?

Quand tu vois les charges, tu as très vite envie de payer tout le monde au noir, et donc de ne pas enrichir la France. Moi, je crée des emplois, et ce n’est que le début. Je vais relever la France !

Ce monde est cruel (Millenium/Capitol). En concert à l’Accor-Hotels Arena le 16 novembre.

« JE N’AIME PAS CETTE POSITION DU MEC QUI MIAULE. »

 ??  ??
 ??  ?? MUHA
Marie Baillon STYLISME
Daphné Gibbons MERCI
L’Olympia
LUNETTES NOIRES POUR RAPPEUR BLANC_
Son passage chez Ardisson n’est plus qu’un mauvais souvenir. Vald continue d’avancer, même incompris par les télés.
MUHA Marie Baillon STYLISME Daphné Gibbons MERCI L’Olympia LUNETTES NOIRES POUR RAPPEUR BLANC_ Son passage chez Ardisson n’est plus qu’un mauvais souvenir. Vald continue d’avancer, même incompris par les télés.
 ??  ??
 ?? (Pull : Uniqlo) ?? MIROIR MON BEAU MIROIR... _ Dis-moi qui est le meilleur rappeur actuel ? À part Vald, on ne voit pas.
(Pull : Uniqlo) MIROIR MON BEAU MIROIR... _ Dis-moi qui est le meilleur rappeur actuel ? À part Vald, on ne voit pas.
 ??  ??
 ??  ?? ERMITE PLUTÔT QUE MYTHE_ Pour ne pas finir comme Kurt Cobain, Vald a la solution : vivre bien planqué. (Manteau : Ralph Lauren) (Veste : Isabel Marant)
ERMITE PLUTÔT QUE MYTHE_ Pour ne pas finir comme Kurt Cobain, Vald a la solution : vivre bien planqué. (Manteau : Ralph Lauren) (Veste : Isabel Marant)
 ??  ??
 ??  ?? AGENCE ÉLITE _ Traitement de star pour notre mannequin du jour – en attendant qu’il remplace les élites du pays. (Manteau : Ralph Lauren)
AGENCE ÉLITE _ Traitement de star pour notre mannequin du jour – en attendant qu’il remplace les élites du pays. (Manteau : Ralph Lauren)
 ??  ?? FUME, C’EST DU VALD !_ Moins fumeux que celui de ses confrères, un rap qui monte à la tête.
FUME, C’EST DU VALD !_ Moins fumeux que celui de ses confrères, un rap qui monte à la tête.

Newspapers in French

Newspapers from France