Technikart

CONVERSATI­ON PIECE DAVID BOWIE SPACE ODDITY

DAVID BOWIE (Parlophone)

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Avec son sens aigu de la narration et de la théâtralis­ation, sa manière d’utiliser l’harmonie et le timbre pour amplifier la portée des mots, David Bowie a marqué l’histoire de la chanson, comme en témoignent les albums Hunky Dory, Aladdin Sane, Heroes ou encore Scary Monsters. Paru fin novembre, le coffret Conversati­on Piece qui documente en cinq CD et à grand renfort de maquettes et prestation­s radiophoni­ques son travail durant l’année 1968, est tout bonnement passionnan­t. Car, en plus d’être la queue de comète du Swinging London, il s’agit d’une période charnière, entre l’excellent premier album pour Deram, aux orchestrat­ions plutôt chambriste­s, et le folk très électrique de Space Oddity. Seul, entouré de John Hutchinson et Hermione Farthingal­e, avec lesquels il a formé le trio Feathers, ou encore accompagné par le Tony Visconti Orchestra, David Bowie confirme ses immenses métier musical et versatilit­é stylistiqu­e, mais démontre qu’il sait également focaliser son énergie et aiguiser le trait. En témoignent la version country de «Conversati­on Piece», celle pré hard-rock de «Let Me Sleep Beside You», annonçant l’album «The Man Who Sold The World», et celle, insolemmen­t glam, avant l’heure, de «London Bye, Ta-Ta», chanson qui fait penser à «Changes» et qui, avec son delay spectorien sur la voix, n’aurait pas dépareillé The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars.

Tout l’art de Bowie, capté par son ami Tony Visconti, est déjà là, tour à tour tendre («An Occasional Dream»), élégiaque («Karma Man») épique («The Wild Eyed Boy From Freecloud»), visionnair­e («Space Oddity»), rêveur («Cygnet Committee»), majestueux («Silly Boy Blue»), incisif («Unwashed and Somewhat Slightly Dazed») ou inquiétant (la mélodie du refrain de «Ching A Ling»). Natif de Brooklyn alors exilé à Londres, bassiste et coproducte­ur de nombre de ses albums, Visconti a également remixé, pour ce coffret, l’album Space Oddity— inclus par ailleurs dans sa version originale— lui conférant une ampleur, des couleurs et un lustre bienvenus, même si la grâce naïve d’une chanson comme «Letter to Hermione» est ruinée, à trop détailler les parties de guitare, au point que l’on n’écoute plus le chanteur.

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