HUMANISTE
Qu’est-ce qu’un plan-séquence ? C’est une manière d’accompagner les personnages, de ne pas les manipuler en découpant leurs actions. Mizoguchi en fût le maître, même si sa caméra, autant critique du pouvoir déshumanisant que compassionnelle avec l’innocence bafouée, savait également surplomber, à l'occasion, le récit. Et cela, qu’il filme la tragédie de l’esclavage dans le Japon féodal (le prodigieux L’intendant Sansho), la cruauté des dilemmes moraux (le bouleversant Miss Oyu) ou qu’il mette, dos à dos, prostitution et mariage, comme deux formes d’exploitation tout aussi condamnables (La rue de la honte). Plus grand cinéaste japonais avec Ozu et Kurosawa, Mizoguchi a été édité parcimonieusement en Blu-ray par Criterion qui a livré en première mondiale les versions restaurées en 4K, de trois de ses classiques. Le jeune éditeur français Capricci, qui publie un coffret dédié au réalisateur a acquis les droits de deux d’entre eux, Les Contes de la lune vague après la pluie, et Les amants crucifiés—il manque les Contes des chrysanthèmes tardifs— mais semble avoir eu accès à un nouveau master de L’intendant Sansho, tant le piqué et le contraste semblent supérieurs à ceux de l'édition Criterion. Il a ajouté à ces trésors de la cinéphilie mondiale, cinq autres films remastérisés en 2K, dont Miss Oyu dans une copie tout aussi éclatante qui console d’autres plus grises et charbonneuses comme celle de La rue de la honte. Bien que privé de bonus et n’offrant que trois films restaurés sur huit, ce coffret, plus complète collection de films de Mizoguchi en Blu-ray, à ce jour, est un évènement éditorial.
Coffret Kenji Mizoguchi. DVD et Blu-ray (Capricci)