ON Y EST!
J’avoue, on y a cru. Pas longtemps, mais quand même. Manu faisait une de ses interventions télévisées au tout début du confinement et... il nous a bluffé. Rassurant, paternant, cette voix posée, onctueuse, le regard compassionnel… Comment ne pas craquer ? On s’est bien évidemment demandé, dans un premier temps, s’il ne s’agissait pas d’un deep-fake ourdi par l’ultra-gauche. Avant de se rendre à l’évidence : si le président s’adressait à nous avec les mots de Gérard Filoche, c’est qu’il s’était pris un sacré coup avec l’arrivée de la pandémie.
Toujours est-il que le président Bisounours que nous découvrions ce jour-là nous rassurait avec ses histoires de chômage partiel, de relocalisation et des services qu’il placerait « en dehors des lois du marché ». Mieux, il annonçait avoir trouvé des milliards pour nous aider à traverser cette mauvaise passe, lui qui avait toujours tant de mal à débloquer le moindre kopeck pour les premiers de cordée. Et pourquoi pas le revenu universel pour tous, pendant qu’on y est ?
Cette parenthèse enchantée a vu les confrères et les philosophes feelgood fantasmer un « monde d’après » aux faux airs de Jardin des bisous (mais avec des calculateurs d’empreinte carbonique). Ils avaient l’air si heureux dans cette le mood hygiéniste, moralisant et infantilisant du moment...Puis vint la sentence, définitive, de Michel Houellebecq. Le monde d’après sera le même, en « un peu pire ». Fermez le ban...
Et aujourd’hui ? Vous tenez entre les mains (continuons de soutenir nos amis kiosquiers) ce numéro réalisé en plein déconfinement, créé alors que nous nous posons tous les mêmes questions… Auxquelles nous répondons avec des articles que nous espérons irréverents, iconoclastes et... bourrés d’idées. Comme avant.