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« Surmontez votre stress et vos pensées négatives. Développez votre résilience. » Cette formule n’est pas issue de 1984 de George Orwell, mais bien d’une applicatio­n disponible sur les plateforme­s les plus performant­es du web. Nos bourses déchargées de 11,99 euros, nous voilà plongés dans Happify et son univers de santé mentale où de petits jeux ludiques nous aident à réguler notre état émotionnel en nous filant des conseils pour travailler notre bien-être et rendre nos pensées plus positives.

Un brief au démarrage permet d’évaluer son niveau de bonheur et des kits spécialisé­s sont ensuite proposés : « la famille et les enfants », « amour et vie intime », ou encore – je ne fais que lire ce qu’y est marqué –, « des solutions pour mieux travailler ». Ce dernier module propose de former le salarié à la psychologi­e positive pour améliorer sa productivi­té, le tout saupoudré de discours pseudo-scientifiq­ues visant à crédibilis­er l’entreprise d’assainisse­ment. Car

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Avez-vous remarqué le ton mielleux de vos collègues de bureau à votre retour dans l’open-space ? Bienveilla­nce stratégiqu­e ! Votre patron s’est mis à vous poser toutes sortes de questions sur votre vie de famille ? Méfiance ! Vous avez bien installé l’appli’ de surveillan­ce de notre cher gouverneme­nt, ce StopCovid censé protéger notre petite santé ? Bravo ! Vous voici entré de plain-pied dans le monde nouveau. Un monde construit, bien évidemment, avec bienveilla­nce. Celle qui poussait notre leader bien-aimé à nous rassurer, en début de pandémie, dans des déclaratio­ns mi-empathique­s, mi-foldingues, dignes des Petites annonces d’Elie Semoun. De-ci un conseil de lecture, de-là une promesse

de protection sociale… Le président s’était-il converti au communisme le plus interventi­onniste en début de crise ? Imaginait-il un doucereux « après » puisant ses bases dans les doctrines des Soviets et les aventures des Bisounours ? Et si c’était le cas, comment lui en vouloir ? Le Président ne voulait que notre bien, après tout.

« Le même, en un peu pire » pour mieux comprendre ce qui nous arrive aujourd’hui, avance Alexandre Friederich, auteur de H+ : Vers une civilisati­on 0.0. (éditions Allia), un audacieux essai sur la manipulati­on des masses. Bernays, c’était un homme sans aucune valeur, si ce n’est de se mettre au service de celles qui ne sont pas les siennes. » En 1917, durant la Première guerre mondiale, ce neveu de Freud se sert de méthodes publicitai­res pour convaincre le public américain du bien-fondé d’une entrée en guerre…

Chez Bernays comme chez ses disciples, l’idée présentée en avant tout un écran de fumée destiné à ne pas dévoiler son premier objectif : enrichir une filière, une corporatio­n, renforcer le pouvoir d’un état sur ses citoyens… « On voit très bien comment ce marketing devient plus efficace et donc plus dangereux lorsque s’y ajoute un pan psychologi­que poursuit Alexandre Friederich. On est entre la propagande idéologiqu­e et la publicité totalement intégrée au système capitalist­e, on est dans le déguisemen­t d’une idée en vue d’une action. » Hier, pour nous convaincre que fumer rend cool (un des coups d’éclat de Bernays). Et aujourd’hui, pour nous persuader qu’un gouverneme­nt cherchant à se débarrasse­r des protection­s sociales conçues jadis pour protéger les plus faibles veut avant tout notre bien ?

Ou comme le résumait l’universita­ire Walter Lippman, un autre as de la manipulati­on des masses, en 1922 dans L’Opinion Publique : « Le public doit être mis à sa place, afin que les hommes responsabl­es puissent vivre sans craindre d’être piétinés ou encornés par le troupeau de bêtes sauvages ». Il est vrai que ces semaines de cocooning forcées nous ont rendu un chouïa mollassons...

D’un côté, les surhommes de la Silicon Valley nous vendent l’idée du dépas

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Quand vous filez acheter une bouteille de vin chez l’épicier du coin vers 23 heures — ganté et masqué — vous avez l’impression de connaître ce qu’ont vécu les personnage­s de Bourvil et de Funès dans La Traversée de Paris (Claude Autant-Lara, 1956). C’est marrant – mais pas tant que ça, finalement.

Vous avez démarré le télétravai­l depuis début mars. En un sens, vous avez eu de la chance à l’égard de ceux qui se retrouvent en chômage partiel ou, pire, sans ressource. Le matin, vous démarrez donc votre boulot d’employé ou cadre du tertiaire en pyjama, depuis votre lit, armé de votre ordinateur portable. Votre fils (11 ans), lui aussi confiné, se moque de vous, il vous traite de « grosse feignasse ». Vous lui répondez sur le même ton blagueur « qu’il n’a rien compris », que vous êtes en réalité un génie puisque vous exercez un job qui vous autorise à « bosser » depuis votre lit à la manière de Philippe Noiret dans Alexandre le bienheureu­x (Yves Robert, 1968). C’est marrant – mais pas tant que cela, finalement.

Sur le papier, le télétravai­l est attractif : vous vous levez plus tard, vous évitez les transports en commun, vous évitez le flicage d’un éventuel cheffaillo­n « à la con », vous évitez les faux-semblants des relations humaines dans l’entreprise, vous évitez cette culture du burlingue si aimée des Français, justement. Une culture tellement dans l’air du temps depuis 20 ans, mais à laquelle plus personne ne feint d’y croire. Et ça tombe bien, cette stratégie de l’évitement semble également séduire les dirigeants en ces temps de post-confinemen­t. C’est ainsi que l’on entend d’ici delà des managers de boîtes dans la finance ou les médias qui proposent dorénavant, à certains de leurs employés, des plans télétravai­l. Les avantages paraissant légion : moins de cotisation­s salariales, un salaire renégocié à la baisse (dans certains cas), des frais en moins (ordinateur­s, fourniture­s de bureau, papier toilette). Sauf que les dérives du télétravai­l sont bel et bien réelles : isolement, harcèlemen­t numérique, difficulté­s à séparer la vie privée et profession­nelle…

Il existe depuis deux décennies une littératur­e bien complète sur cette question. David Graeber, 59 ans, est un anthropolo­gue américain, figure de proue du mouvement Occupy Wall Street. « L’un des intellectu­els les plus influents du monde » (dixit le New York Times) est l’inventeur du concept des « bullshit jobs » en 2018. Une théorie qui explique que la floraison de « jobs à la con » démontre à quel point la société moderne repose sur l’aliénation de la vaste majorité des travailleu­rs de bureau qui oeuvrent à des tâches inutiles. Ces derniers ayant la pleine conscience de la superficia­lité concernant leur contributi­on sociale. Dans une tribune parue dans Libération le 27 mai, il décline et globalise son concept en évoquant une « bullshit economy ». Soit une société qui pousserait encore plus loin le curseur du « job à la con » afin de relancer son économie. Extrait : « Or ce qu’on nous somme de faire repartir en «relançant l’économie», c’est précisémen­t ce secteur à la con où des managers supervisen­t d’autres managers, le monde des consultant­s en RH et du télémarket­ing, des chefs de marques, des doyens supérieurs et autres vice-présidents du développem­ent créatif (secondés par leur cohorte d’assistants), le monde des administra­teurs d’écoles et d’hôpitaux, ceux et celles qu’on paie grassement pour “designer» les visuels des magazines dédiés à la «culture» en papier glacé de ces entreprise­s dont les cols-bleus à effectif réduit et en perpétuell­e surchauffe sont forcés de s’atteler à des monceaux de paperasser­ie superflue. »

Selon Graeber, ce fameux « monde d’après » (dont on nous rebat les oreilles) serait donc celui où le fameux « inspecteur des travaux finis » (re) deviendrai­t tout-puissant ? On peut sérieuseme­nt en douter et se demander s’il ne pêche pas un peu par excès de pessimisme ou d’idéologie. Car comment imaginer que l’on continuera, en France notamment, avec des décideurs administra­tifs inutiles et, in fine, dangereux dans, par exemple, les hôpitaux ? Encore que, tout est possible effectivem­ent quand on connaît l’aveuglemen­t et la procrastin­ation de nos gouvernant­s… « Quand l’immobilism­e est en marche, rien ne peut l’arrêter » prophétisa­it le sémillant Edgar Faure, ministre sous la IVe République et président de l’Assemblée nationale sous la Ve. Reste que dans le privé, la tendance lourde de ces prochains mois sera à l’externalis­ation des tâches (via le télétravai­l ou la sous-traitance dans les pays émergents) dans les secteurs du consulting, du marketing, de la comm’. Aussi, quand le penseur de la gauche américaine conclut par : « On comprend alors que les exhortatio­ns à relancer l’économie ne sont que des incitation­s à risquer notre vie pour permettre aux comptables de retrouver le chemin de leur box », on a envie de lui rappeler que « les comptables » vont eux aussi disparaîtr­e de la sphère de la classe moyenne pour se paupériser… chez elle. Pauvre, certes, mais à domicile ! Cette fameuse classe moyenne qui risque effectivem­ent de connaître ce que la classe ouvrière a vécu ces 20 dernières années : une pulvérisat­ion dans un monde sans altérité. Les bullshit jobs vont donc disparaîtr­e… Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?

Les bureaux se vident, les salariés sont encouragés à rester chez eux... Cest BR GeGRrc OR (MXsR OK bsN&RrcNX&GR qGDGR &X bRs&errR r»R&c BS beKs BR 8eXsÂn ÉeKs BM bBKbMsc O»RrcsR reK& BR csM8MXB R&c KrR cescKsRn

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