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MACRON ? « LE VRP DE SANOFI ! »

- BERTRAND BURGALAT

Un milliard et demi empochés en crédit d’impôt en dix ans, quatre milliards filés l’an dernier à ses actionnair­es, une gestion branquigno­lesque de l’affaire Dépakine, un super-loupé sur le vaccin anti-Covid 19... Et aujourd’hui l’annonce de la suppressio­n de 400 postes dans la recherche. Il était temps que Sanofi reçoive la visite des camarades Ruffin et Burgalat.

Assemblée Nationale sous curatelle, militarisa­tion de l’action gouverneme­ntale (État d’urgence, Conseil de défense), panels de citoyens sélectionn­és encadrés d’experts orientés, Castex qui rejoue Berléand dans Les Choristes, Roselyne Bachelot chez Ruquier pour la promo d’un bouquin qui lui est consacré, le préfet de police qui cite Trotsky, L’Ange

et la Bête de Bruno Le Maire (Gallimard), 345 pages (bien) écrites à pas d’heure pour expliquer comment la France a sauvé l’Europe en faisant payer l’Allemagne, McKinsey et sa consultati­on à 100 briques. N’importe quoi. Il y a quelques jours, la ministre de la Culture, merveilleu­se de sophisme, estimait qu’on n’avait aucune certitude que les lieux de spectacle soient sans danger, puisqu’ils sont fermés. « Dans le doute, on peut comprendre que le principe de précaution prévale ».

Le TER NOMAD (quel nom débile, après les sophismes, le pléonasme) Paris-Rouen de 12 h 12, lui, est bourré comme une huître de Normandie, on est rarement aussi compressés à un concert (surtout les miens). François Ruffin part soutenir des grévistes et nous l’accompagno­ns. J’avais des doutes sur Merci Patron, le côté Groland - Strip

Tease. Est-ce que ce ne serait pas un de ces pubards Canal qui mettent un pull camionneur pour filmer les pauvres, et se servent de leurs galères pour se la jouer ? Mais tous les personnage­s étaient franchemen­t attachants, particuliè­rement le factotum de Bernard Arnault, son employeur aurait dû se rendre à l’avant-première, Anna Wintour l’avait fait pour Le Diable s’habille en Prada.

Au Palais Bourbon, de nouveaux profils remarquabl­es sont apparus malgré tout, Damien Abad, Adrien Quatrennen­s, Caroline Fiat notamment, et lui. C’est le seul parlementa­ire qui s’intéresse aux familles dévastées par la Dépakine et à d’autres questions qui ne rapportent que des emmerdemen­ts. « Allô, monsieur Burgalat ? François Ruffin, député LFI. Qu’est-ce qui se passe, alors, avec l’insuline ?

» Quand, avec mon groupe de diabétique­s radicalisé­s, nous avons essayé de sensibilis­er les députés au prix exorbitant de cette hormone, qui condamne à mort la moitié de ceux qui en ont besoin dans le monde et n’y ont pas accès, il n’y a que lui qui nous a répondu. Précis, méthodique, j’avais l’impression d’entendre Julien Courbet sur RTL face à un bailleur indélicat. On peut se sentir droite oeufs de lump (© Houellebec­q) et dire merci Ruffin.

PAS UN ALIBI

Val-de-Reuil, dans l’Eure, près des Andelys et de Château-Gaillard. Une ville nouvelle créée ex nihilo il y a une quarantain­e d’années, un peu comme Sanofi. Spécialist­e du siphonnage de subvention­s et des plans sociaux à motif boursier, cet ancien fleuron pharmaceut­ique national,

passé aux mains des fabiusiens et des fonds de pension américains, vient d’offrir pour Noël une gourde à ses derniers salariés, après avoir distribué quatre milliards de dividendes aux actionnair­es.

Devant l’usine, cahier à la main, il passe entre les grévistes pour recueillir témoignage­s et doléances. Pas de « casse-toi pauv’ con » lorsqu’un responsabl­e de la CFDT refuse de lui serrer la main et l’invective parce qu’il a osé s’écarter, dans son interventi­on au micro, des stricts enjeux salariaux.

Florian, notre photograph­e, toujours sagace : « Il est assez nuancé, en fait ; j’aime bien sa lucidité sur le rôle des

parlementa­ires ». Ce qui est réconforta­nt, en politique, ce n’est pas d’être d’accord, mais quand on trouve intéressan­t quelqu’un avec qui on n’est pas forcément d’accord. Contradict­eur supportant la contradict­ion, il semble moins prisonnier des pulsions robespierr­istes, du folklore laïcard IIIe République et du bolivarism­e de Mélenchon, sans jamais lui être déloyal. À la différence de l’ancien apparatchi­k, son objectif n’est pas de détruire la gauche de gouverneme­nt, de se venger de ces éléphants du PS qui l’ont pris de haut, comme Le Pen senior et Bayrou avec la droite. Et les questions sociales ne sont pas un alibi, comme l’environnem­ent peut l’être chez les tenants de l’écologie politique. Journalist­e parlementa­ire, Cincinnatu­s rentrant labourer après avoir sauvé Rome, Ruffin c’est le type, au catch, qui monte sur le ring, distribue les manchettes et repart s’asseoir. Si j’avais un fils gauchiste, j’aimerais qu’il soit comme lui.

Pourquoi allez-vous à Val-de-Reuil chez Sanofi ?

François Ruffin : Face à l'échec du vaccin et à la suppressio­n de postes prévue depuis déjà l'année dernière, il y a une grève aujourd'hui, et c'est sur ce site que devait être produit le vaccin, si jamais il avait existé.

C’était un coup magistral, la polémique sur leur vaccin, quand tout le monde s’écharpait pour savoir quel pays aurait la chance d’en bénéficier alors qu’il n’existait pas. Ça authentifi­ait son existence... Ce coup de bluff continue de perturber notre politique vaccinale et nos relations avec nos voisins européens, car la France était persuadée qu’ils seraient prêts en juin...

Quand Paul Hudson, le directeur général de Sanofi, déclare « le vaccin, ça sera pour les Américains d'abord », tout le personnel politique s'émeut. Que fait Macron ? Il vient faire le VRP ! Comme Sanofi commence à avoir mauvaise presse, il va sur le site, à côté de Villeurban­ne, et il annonce qu'il donne 200 millions, que c'est ici que sera produit le vaccin pour la France, il vient les blanchir et faire leur pub. Quand on lit dans le Spiegel que la France a fait pression sur la Commission européenne pour que Sanofi ait plus de doses achetées, dans quelle mesure c'est pour la France ? Il est clair que, depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron fait passer les intérêts de Sanofi avant les intérêts des Français.

Est-ce que vous ne les surestimez pas ? Sanofi c’est un géant aux pieds d’argile...

Depuis dix ans, la moitié des emplois de chercheurs chez Sanofi dans le monde ont été détruits. On est passé de onze centres de recherche en France à quatre en ce moment, puis trois à la fin de l'année puisqu'ils veulent fermer celui de Strasbourg. Est-ce parce que la boite se porte mal ? Tous les ans, elle est sur le podium olympique du CAC 40 pour les versements de dividendes. L'an dernier, en pleine pandémie, ils ont annoncé avoir battu leur record. En y ajoutant les achats d'actions (quand l'entreprise rachète ses propres titres pour les détruire et faire augmenter le cours de l'action en diminuant le capital) cela fait six à sept milliards, l'équivalent de 60 à 70 années de Téléthon. Il faut imaginer cette masse colossale d'argent, qui pourrait être à dispositio­n de la recherche, sur le diabète, sur le suivi de maladies orphelines (puisque le Téléthon est lié aux maladies orphelines), l'épilepsie (je cite l'épilepsie parce que la Dépakine, c'est l'épilepsie), les troubles de l'autisme (puisque leur Dépakine a produit des troubles de l'autisme chez l'enfant) et ainsi de suite… Là, il y a une puissance financière totalement gaspillée.

Mais est-ce que le fait de dire que c’est des rats qui ne pensent qu’aux actionnair­es ne les conforte pas auprès de ceux-ci ? Tout ce qu’ils font est destiné à maintenir la valeur en Bourse, au risque de détruire la boite à moyen terme. Quand ils annoncent l’arrêt de la recherche, quand ils sont mis en examen pour homicide, quand ils se font pipi dessus avec le vaccin, le cours ne plonge pas. C’est une boite qui a mal tourné et qui finira mal...

Je n'attends rien de Sanofi, j'attends quelque chose de l'État, du Président de la République, du gouverneme­nt… Une multinatio­nale cherche avant tout le profit, mais là, on est face à des psychopath­es du profit. Prenons l'histoire de la Dépakine, qui est hallucinan­te. C'est un excellent médicament contre l'épilepsie, mais il se trouve que quand il est pris par une femme enceinte, il y a près d'une chance sur deux que cela provoque des malformati­ons congénital­es ou des troubles du développem­ent chez son enfant. Sanofi le sait à partir des années 1980 et, jusqu'au milieu des années 2000, ils ne disent rien à personne. Ça signifie que pendant tout ce temps-là, d'après l'Agence nationale de sécurité du médicament, entre 16 000 et 30 000 enfants, rien que pour la France, sont nés très fortement handicapés, parce que leur mère a pris de la Dépakine… Le deuxième scandale, c'est que quand un organisme, l'Oniam, a été mis en place pour l'indemnisat­ion des victimes, ils ont refusé de verser leur obole à ce truc. Et le troisième scandale, c'est quand ils sont condamnés, comme pour Camille, une gamine lourdement handicapée, pour qui ils doivent verser trois millions d'euros en première instance. Ils ont fait appel, ont perdu et après l'appel ils se sont pourvus en cassation. Ils refusent la moindre réparation. Mais le pire des scandales, c'est la complicité de l'État dans tout ça, et

du Président de la République. Car malgré tout ça, Sanofi vient se prélasser dans les salons de l'Elysée, y invitant tout le Dolder (les 25 plus gros laboratoir­es pharmaceut­iques du monde), et Macron fait un discours, sans parler de la Dépakine, sans parler de la destructio­n de la recherche. Et le 1er janvier de l'année dernière, Serge Weinberg, président de Sanofi, est décoré. Le mec refuse de payer pour indemniser les victimes, même quand ils sont condamnés, et on lui remet la Légion d'honneur !

Je l’ai rencontré, pour le convaincre de baisser leurs prix sur l’insuline, c’est un homme très agréable, mais j’ai senti une hantise de lâcher du lest et de faire la moindre concession, un peu comme les baasistes avant les printemps arabes. Je n’en peux plus des anticonspi­rationnist­es, ce sont des conspirati­onnistes qui voient des conspirati­onnistes partout, mais est-ce qu’on ne sous-estime pas la part de médiocrité ? Quand Edouard Philippe vous répond que Sanofi c’est la France, quand Bruno Le Maire dit « Sanofi est un leader formidable », est-ce que c’est de la malhonnête­té, du renvoi d’ascenseur, de l’ignorance, de la sottise ou simplement de la désinvoltu­re? Ce n’est pas rien un Premier Ministre qui se trompe comme ça à l’Assemblée. Car l’ancrage ici, depuis quinze ans, est symbolique, il ne sert plus qu’à pratiquer le chantage à l’emploi, l’actionnari­at est aux USA, les brevets sont partis, c’est du patriotism­e dévoyé, au service de prébendier­s.

Je pense qu'on est passé de la complaisan­ce à la complicité, pour des raisons d'amitiés très personnell­es. Même le comporteme­nt de ces derniers jours ! Sanofi se loupe sur le vaccin, derrière ils annoncent des suppressio­ns de postes, est-ce que vous entendez un ministre ruer dans les brancards ? Il y a un lien très particulie­r entre la macronie et Sanofi.

Vous n’avez pas peur que le discours sur la souveraine­té sanitaire amène une nouvelle fois à nationalis­er les pertes après avoir privatisé les profits ? Si la justice n’était pas freinée, dans l’affaire de la Dépakine, Sanofi ne pourrait pas faire face aux dizaines de milliers de familles et d’enfants comme Camille dont elle a pourri la vie, la société serait en faillite et ses dirigeants en prison pour homicide sur l’insuline. Quand ils seront à bout de souffle, on va nous ressortir l’État-stratège…

Ça pose la question de la démocratie sanitaire. Sur des questions aussi importante­s que la santé, il devrait y avoir au conseil d'administra­tion des salariés, évidemment, mais aussi des usagers, des médecins et pas seulement les actionnair­es. Parce qu'aujourd'hui, ce sont les seuls représenté­s. Il devrait y avoir une démocratie sanitaire dans l'entreprise, mais aussi à l'intérieur du pays. Quand est-ce qu'il y a des discussion­s sur les stratégies que l'on met en place face au virus ?

J’entendais l’autre jour Mélenchon qui disait encore que lui, son truc c’est l’économie mixte. Mais Sanofi c’est l’économie mixte...

Aujourd'hui c'est plus du tout l'économie mixte quand même.

L’INTERVIEW

Ils vivent essentiell­ement de l’argent public. Les gens qui ont pris le contrôle de Sanofi sont les héritiers des accapareur­s de biens nationaux sous la Révolution, ils ont mis la main sur un outil qui avait déjà des défauts mais qui a beaucoup empiré depuis vingt ans. Parce que Sanofi c’est aussi une certaine gauche. Quand Marisol Touraine dit que l’État prendra ses responsabi­lités sur la Dépakine (ce qu’il ne fait même pas ensuite), elle les sauve de la faillite. C’est pour ça qu’ils me font penser au Crédit Lyonnais, à Areva, toutes ces boites gérées par d’anciens haut-fonctionna­ires envoutés par le fric, qui les mènent au désastre.

Maintenant il y a le « hold-up » (c'est Bruno Canard, du CNRS, qui emploie ce mot) du Crédit d'impôt recherche. Le CIR, c'est trois milliards d'euros par an. Le CNRS, trois milliards aussi. Les gens n'ont pas à remplir de dossiers, ou quasiment pas, ils ne font pas de la recherche et c'est considéré comme de la recherche. Donc il y a une misère de la recherche publique, des fonds sont donnés à des boîtes comme Sanofi qui suppriment ces recherches et touchent de l'argent pour supprimer la recherche. On subvention­ne la suppressio­n de la recherche ! Et ce sont les mêmes qui viennent prononcer de grands discours à la tribune de l'Assemblée nationale pour dire qu'il faut avoir foi en la science. Ce n'est pas le problème, mais il faut lui donner des moyens.

Est-ce que les poursuites dans l’affaire du sang contaminé, et maintenant les plaintes pénales contre les membres du gouverneme­nt, n’ont pas eu l’effet inverse de celui qui était recherché ? Au lieu de responsabi­liser les autorités elles les incitent à se protéger. Après le Mediator, il y a eu la loi HPST, mais quand André Grimaldi court les plateaux pour dire qu’il faut plus d’argent pour la santé, il oublie de dire qu’il a touché 150 000 balles des industriel­s et qu’il est régulièrem­ent payé par Sanofi. Le discours qui consiste à dire qu’il faut plus d’argent est formidable pour eux, car ils savent que l’essentiel de cette manne, avant qu’elle aille dans les urgences et aux soignants, va aller dans leurs poches et celles des apparatchi­ks de la santé. C’est pour ça que je suis pessimiste, toute velléité de souveraine­té économique sera immédiatem­ent dévoyée.

Ça c'est sûr. Est-ce que les entreprise­s doivent appartenir à l'État ou au privé ? Si c'est juste pour avoir de la technocrat­ie à la place, on ne va pas gagner grand chose. Pour moi la question, c'est plutôt la question de la démocratie et des instances qui vont permettre qu'un outil formidable comme Sanofi, avec le pognon qu'il y a à l'intérieur et la recherche qu'il pourrait y avoir, ne se retrouve pas aux mains d'une technocrat­ie d'État avec des blouses blanches à l'intérieur, ou aux mains d'actionnair­es qui pensent juste à casser l'outil de production pour presser et avoir le lait tout de suite. Quels sont les besoins de la recherche aujourd'hui, qu'est-ce qu'on va vouloir développer ; ça c'est pour moi de la rencontre d'intérêts. Toutes les entreprise­s devraient être animées par les salariés, le capital bien sûr, mais aussi les usagers, les habitants du coin, les associatio­ns environnem­entalistes… Cette rencontre entre différents intérêts fait qu'on ira vers l'intérêt général, le bien commun.

Vous donnez l’impression de ne pas être sectaire, de ne pas être dogmatique. Vous avez une appartenan­ce politique, des conviction­s, mais à l’Assemblée vous pouvez travailler avec des gens qui sont dans d’autres partis. Avec les législativ­es qui suivent l’élection du Président, est-ce qu’on peut arriver à faire des choses en étant parlementa­ire ?

Je pense que la seule fonction qu'on peut avoir c'est la fonction tribunitie­nne. Alors je fais mon petit numéro, je ne suis pas un latiniste, mais dans la Rome antique, au Sénat (en gros, les aristocrat­es), il y avait des tribuns qui étaient envoyés par le peuple pour intervenir et leur secouer un peu les puces. Le seul rôle qu'il nous reste c'est celui-là, parce qu'on n'a pas de rôle législatif réel, on a juste une possibilit­é d'interpella­tion. Depuis le début j'étais sans illusions là-dessus, je connaissai­s le fonctionne­ment de la Ve République, en la voyant en première ligne on réalise encore plus à quel point l'Assemblée est nulle. Dès le début je disais que c'était une chambre d'enregistre­ment des désirs du Président. Qu'est-ce qu'il se passe ? Le Président de la République a envie de faire quelque chose, il y a la fabricatio­n d'un projet de loi technocrat­ique par le ministère, et ça arrive à l'Assemblée, où il y a ce que le constituti­onnaliste Jean-Claude

Colliard appelle le temps d'habillage démocratiq­ue. C'est le moment où il va y avoir un débat pour dire, quand c'est validé, que c'est la démocratie qui a parlé. Dans le dernier budget, j'ai déposé une centaine d'amendement­s, j'ai juste réussi à changer un mot.

Il y a une mode des acteurs-réalisateu­rs, je ne parle pas de Clint Eastwood mais de comédiens le plus souvent médiocres, à la notoriété gonflée par leur passage à la télévision, qui deviennent des réalisateu­rs tout aussi moyens. C’est assez jouissif ce pouvoir pour eux, le temps d’un tournage, tous leurs caprices sont exaucés. Il suffit qu’ils disent qu’ils veulent une bagnole jaune en arrière-plan pour qu’on aille en chercher une, même si ça n’a aucun intérêt. Est-ce qu’Emmanuel Macron n’est pas un de ces comédiens-réalisateu­rs, avec Brigitte en Lee Strasberg ? Le Covid qui change de sexe, alors que c’est aussi stupide que de dire la Brexit...

Je pense que ça peut être une jouissance du pouvoir en général. Moi en tout cas, ce que je sens depuis un an, c'est l'entrée du pouvoir dans ma vie privée. Quand, du jour au lendemain, les gars décident qu'il faut un certificat pour sortir de chez soi, qu'on ne peut plus aller faire un footing le long du chemin, qu'on voit des jardiniers aller planter leurs radis avant 6 heures du matin… Là, à 18 heures, on nous dit qu'il faut aller au lit ! Où est-ce qu'il y a eu des discussion­s ? Où est-ce qu'on en a débattu avec les étudiants, les commerçant­s ? Jamais, jamais, jamais, jamais ! Vous parlez de « jouissance », parce je pense que ce motif sanitaire, il faut voir qu'il y a de la jouissance freudienne derrière. Le Monde a raconté comment la distance entre deux personnes a été fixée à un mètre. On ressentait la jouissance qu'il y avait à aller jusque là, dans l'intimité des gens. Ça fait un an que ça existe, un an que l'on vit avec ça et on va devoir continuer à vivre avec, et où est-ce qu'on débat sur ce qu'on est prêt à concéder ? Je ne suis même pas dans la mise en cause directe des mesures qui sont prises. Au temps du premier confinemen­t, de la surprise de ce nouveau virus, on pouvait comprendre un confinemen­t brutal et immédiat. Ce n'est pas acceptable qu'au bout d'un an, il n'y ait toujours pas eu d'instances qui nous permettent de discuter de ce qu'on voulait faire pour les restaurant­s, les cinémas, les concerts...

D’un côté il y a une emprise et des ordres, de l’autre

2500 punks à chien teufeurs vont se réunir en Bretagne sans que Darmanin et le renseignem­ent territoria­l soient au courant. Les anciens RG voyaient trois personnes qui se réunissaie­nt dans un bled ils faisaient déjà leur note. C’est un régime qui est dans l’autoritari­sme plus que dans l’autorité...

Moi, le Macron du printemps dernier, je le retiens : « Les distinctio­ns sociales ne peuvent dépendre que de l’utilité commune »,

et, ma préférée, « Il faudra nous rappeler que notre pays tient tout entier sur ces hommes et ces femmes que les économies reconnaiss­ent et remercient mal ». Les caissières, les femmes de ménage, les auxiliaire­s de vie sociale… Ça fait un moment que je me bats pour ces gens-là, tout ce qu'on a réussi à gratter pour les auxiliaire­s de vie du pays, c'est 200 millions dans le budget l'année dernière. Ça veut dire 25 euros par AVS et par mois : un demi-plein de caddie au supermarch­é, même si c'est mieux que rien, bien sûr. Et tout ça, ça a été une énorme bataille. Les autres, les consultant­s, juste pour donner quelques conseils sur la question du vaccin, ils récoltent 100 millions d'euros. Je pense plutôt qu'on devrait les rémunérer au résultat. Parce que là, on ferait des économies !

Vous vous êtes fait piquer le truc des prénoms par Macron lors de ses voeux, qu’est-ce que vous en avez pensé ?

(Rires) À l'Assemblée, j'avais déjà entendu des députés LREM qui essayaient de le faire, et leurs collègues disaient « Ah il nous fait du Ruffin ». J'essaie de ramener de la vie dans l'hémicycle, autre chose que des statistiqu­es et du juridique, les gens n'y parlent que de ça, ils n'existent qu'à travers des chiffres et des textes de loi. Les anecdotes peuvent raconter quelque chose sur ce qui se passe à l'extérieur. Le 31 décembre c'était terrible parce que ce n'était pas écrit, pas construit, il mélangeait les prénoms. Je ne veux pas me la péter ou être vantard, mais ça je sais faire, et je saurais faire mieux que Macron...

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Devant les grévistes et les médias, le député LFI s’emporte : « Si l’État veut que demain on ait le vaccin, il le peut, ça s’appelle la licence d’office. »
SPEECH_ Devant les grévistes et les médias, le député LFI s’emporte : « Si l’État veut que demain on ait le vaccin, il le peut, ça s’appelle la licence d’office. »
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