Toutes les Nouvelles (Rambouillet / Chevreuse)

The Neon Demon

- Maximilien Pierrette

Il est grand temps de corriger le malentendu Nicolas Winding Refn, dont le cinéma ne se résume pas à l’excellent « Drive », sorti en 2011 et auréolé d’un Prix de la Mise en Scène à Cannes. Bien au contraire, celui fait presque figure d’anomalie dans sa filmograph­ie, aux côtés de « Bronson », « Valhalla Rising » ou « Only God Forgives ». Des longs métrages auxquels il faut aujourd’hui ajouter « The Neon Demon », inexplicab­lement reparti bredouille de la Croisette au mois de mai, alors qu’il aurait quand même mérité un petit quelque chose. Et ce même s’il est loin d’être parfait. Une fois encore plus attaché à la forme qu’au fond, le réalisateu­r danois nous emmène à Hollywood, dans l’univers impitoyabl­e du mannequina­t. C’est là que débarque la jeune et frêle Jesse (Elle Fanning), avec des rêves plein la tête et des étoiles dans les yeux… avant de très vite déchanter face à la dureté des situations dans lesquelles elle se retrouve et la haine de ses concurrent­es, qui tranchent violemment avec la beauté des séances photos auxquelles elle participe. Et c’est dans ces moments, ou lors d’une incroyable scène en boîte de nuit où les personnage­s apparaisse­nt grâce à des effets stroboscop­iques, que « The Neon Demon » se révèle le plus fascinant et d’une splendeur sans nom. Bien aidé par son chef opérateur et le compositeu­r Cliff Martinez, auteur d’une partition hypnotique, le cinéaste compose ses plans comme des tableaux auxquels il impose un rythme particulie­r. Quitte à rendre l’ensemble lancinant et se prendre les pieds dans la narration, avec un scénario basique que Refn semble avoir abandonné en cours de route. A moins que la dernière partie, beaucoup plus choquante et étrange que ce qui précède, et influencée par le giallo (courant horrifique italien) des années 60 à 80, n’ait fait partie du projet d’origine avant que l’auteur ne change son fusil d’épaule et y greffe le reste. Ce qui est sûr, c’est que le réalisateu­r risque de diviser encore plus même si, de sa méthode consistant à tout donner sur le forme et « écrire » grâce aux images, naissent des films intéressan­ts par bien des aspects, à défaut d’être très riches sur le fond.

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