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Après 38 ans en ville, le médecin s’en va

- Philippe Cohen

Le docteur Jean Saint-guily a dévissé la plaque au 21, rue d’angiviller devant des dizaines de ses patients et patientes. Il s’est souvenu alors d’un 30 septembre 1978, quand jeune médecin, il s’installa à Rambouille­t après un stage de fin d’études à l’hôpital.

Un départ en retraite entre joie et tristesse. « L’heure de la retraite avait sonné pour moi en 2014. J’ai cherché un jeune médecin pour s’occuper de vous et de votre santé, mais personne n’est venu. C’est avec une certaine tristesse que je vais fermer mon cabinet » , a déclaré le docteur Saint-guily. Alors, ces dernières

semaines, pour ses patients qui suivent un traitement ou des soins réguliers, le docteur sur le départ, a cherché un confrère qui pouvait prendre certains en charge. « Mais cela a été parfois difficile car les médecins de Rambouille­t sont surchargés ! »

La démographi­e médicale dans la cité présidenti­elle est, en effet, préoccupan­te : Il y avait 25 généralist­es il y a quelques années. Il y en a 19 aujourd’hui… et 15 à l’horizon 2020, pour faire face à une population qui est passée de 20 000 à 27000 habitants en 30 ans. « Une population qui prend de l’âge, qui se soigne davantage » , constate le médecin.

Pénurie

Comment en est-on arrivé là ? s’est interrogé le docteur de

vant ses patients. « Le nombre de médecins en formation est insuffisan­t car il est fixé au début des études par un numerus clausus qui était de 8 000 jusqu’en 1985, qui a été réduit à 4 000 en 2005 pour remonter au chiffre de départ, ce qui laisse espérer 10 à 15 ans plus tard une augmentati­on du nombre de médecins. Mais seulement 30 % des étudiants choisissen­t la médecine générale, métier passionnan­t mais aussi très prenant avec 50 à 60 heures de travail par semaine. C’est probableme­nt pourquoi 10 % des médecins s’installent en cabinet libéral, les autres préfèrent des postes de salariés en maison de convalesce­nce ou de retraite pour préserver une vie personnell­e » . Du coup, à Rambouille­t, les délais de rendez- vous s’allongent. « Si Rambouille­t n’est pas un désert médical, il y a une véritable pénurie de médecins. » Dans ce contexte, comment font les Rambolitai­ns ? Ils vont à la pharmacie pour les petits maux. Ils peuvent se rendre aux urgences, mais il y a une file d’attente.

Consultati­ons à l’hôpital ?

« En attendant 10 ou 15 ans que la formation des jeunes médecins soit plus orientée vers la médecine générale, il est urgent de trouver des

solutions » , suggère le docteur Saint-guily. Il a ouvert des pistes : la création de maisons médicales pour attirer de jeunes médecins. Elles fonctionne­nt au Perray et à Bonnelles, mais les communes d’orphin et de Maintenon n’ont pas trouvé de médecins. « Alors que l’on parle de développer les relations entre la médecine de ville et l’hôpital, pourquoi ne pas imaginer une consultati­on de médecine générale à l’hôpital ? »

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Le médecin a été remercié par ses patients, dont Ernest, centenaire. Il a dévissé sa plaque.

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