Toutes les Nouvelles (Rambouillet / Chevreuse)
Captain fantastic
Son
titre intrigant attirera peut-être beaucoup de monde, ce qui ne sera pas une mauvaise chose. Mais mieux vaut être prévenu : « Captain Fantastic » n’est pas un film de super-héros. Non, Viggo Mortensen ne peut pas y étirer ses bras ou s’enflammer en claquant des doigts, comme les membres du quatuor Marvel dont il partage le nom. Mais ce n’est pas non plus un hasard si le deuxième long métrage réalisé par Matt Ross, acteur vu notamment dans « Volte/face » ou « Aviator » s’appelle ainsi, puisqu’il interroge le côté héroïque que peut revêtir la parentalité, à travers l’histoire de Ben, père veuf qui élève ses six enfants loin de toute civilisation, dans une forêt du nord-ouest des Etats-unis, pour en faire des adultes extraordinaires. Sans tabou (il parle de sexe au plus petit) et parfois avec dureté, il dispense lui- même des cours et préfère voir sa progéniture fête le philosophe Noam Chomsky que n’importe quelle célébration qu’il juge propre à la société consumériste. Sauf qu’entre la théorie et la pratique dans le monde réel, il y a un écart auquel la famille va se retrouver confrontée lorsqu’un événement les ramène à la civilisation. Et c’est là que les convictions de Ben vont être remises en cause, au point d’effriter le vernis qui entoure son monde. Divisé en deux parties distinctes, « Captain Fantastic » est un drôle de film dans sa façon de rendre son personnage principal immédiatement sympathique, pour mieux le remettre en question dans un second temps. Ce qui est beaucoup plus facile et efficace avec un acteur de la trempe de Viggo Mortensen, aussi charismatique que capable d’apporter de légères nuances à sa partition sans jamais lui faire perdre de son intérêt. Véritable bête de festivals, récompensée à Sundance, Cannes ou Deauville, le long métrage n’a pas volé le buzz qui l’accompagne. Juste, drôle et touchant, il parlera à bon nombre de spectateurs même s’il se déroule aux Etats-unis et montre une méthode d’éducation ( l’enseignement hors de l’école) davantage répandue outre-atlantique. Car il sait se faire universel dans ses émotions, et nul doute que parents et (grands) enfants vont réfléchir à l’issue de ce film qui jongle habilement avec les tonalités.