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25 ans pour avoir égorgé le policier

Freddy Gaillard a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises des Yvelines. Il avait, le 30 novembre 2012, égorgé Cédric Josso, policier municipal à Saint-arnoult-en-yvelines.

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Un cadre noir. Une photo de Cédric en uniforme de policier municipal. Tout au long du procès, Nathalie a gardé cette image posée devant elle, sur la tablette en métal brossé. Devant elle également, Freddy Gaillard, accusé d’avoir tué son compagnon de 24 coups de cutter. Un a été fatal, celui porté au cou, d’une longueur de 23 cm, profond de 4 cm. La lame a sectionné les deux carotides, tuant Cédric en quelques secondes. Dix au maximum. C’était le 30 novembre 2012. La petite ville de Saint-arnoult-en-yvelines basculait dans l’horreur.

Peine contre peine

Quatre ans plus tard, ce mardi 25 octobre, au deuxième jour du procès, la projection des photograph­ies des blessures n’a pas laissé le doute s’installer quant à la sauvagerie du crime. La cour espérait-elle enfin obtenir une réaction plus intense de Freddy Gaillard ? Il n’en a rien été.

Durant tout son procès, le quadragéna­ire a adopté une attitude loin de combler les attentes des victimes, Nathalie la conjointe, le père de Cédric, toute sa famille.

Freddy Gaillard, 48 ans, n’a pas cherché à se dédouaner du crime. Il s’était rendu luimême aux gendarmes. Là, il a réitéré ses aveux. « Il n’y a pas de problème. Je vais faire ma peine. Après, le peu de temps qu’il me restera à vivre, j’essayerai de m’occuper de ma mère dans le nord de la France » . Des paroles qui ont eu le don d’indigner les victimes. « Voyons monsieur ! Eux aussi vont faire leur peine. Ils en auront jusqu’à la fin de leur

vie ! » , s’empourpre maître Pierre Stichelbau­t. Car tous attendaien­t de Freddy un peu plus de détails sur ce qui s’est déroulé dans le huis clos du petit poste de police.

On le sait. Freddy Gaillard s’est rendu là-bas pour discuter. Il s’inquiétait du départ à Béziers de Cédric et de Nathalie, son ex, avec les enfants. « J’allais sortir. Il me l’a annoncé. C’est là que je suis parti en vrille. J’ai fait volte-face. À quelques secondes près, il ne se serait rien passé. J’ai sorti le cutter » . La fin est connue. On retrouvera Cédric baignant dans une mare de sang.

« J’avais la tête qui claquait très fort »

Mais le jury voulait savoir comment Freddy était passé à

l’action. « Au début, il a essayé de se défendre. Il s’est débattu. Je me rappelle le premier coup. Le reste, c’est un brouillard dans ma tête. J’étais abruti par le stress. J’avais la tête qui claquait très fort. Quand je suis parti, je savais qu’il était mort. Je voulais le dire à Nathalie, que je regrettais. Que je ne voulais pas la tuer » . Et de poursuivre : « La corde qu’il y avait dans ma voiture, c’était pour me suicider, à un arbre dans la forêt. Cela aurait été préférable. Je regrette » . Une voix tranche le silence. C’est celle du père de Cédric : « Je n’accepte pas vos regrets ! » « C’est normal monsieur. Je le comprends » « Il faut accepter la réalité »

Justement, la cour cherche à comprendre. Pourquoi Freddy se promenait-il avec un si grand cutter dans sa poche, depuis plus d’un mois selon son récit ? Pourquoi l’emballage, encore neuf, a-t--il été retrouvé dans sa voi- ture ? Bref, tout cela n’était-il pas prémédité ? Et surtout, comment infliger une telle blessure en attaquant de face, comme il l’affirme ?

« J’essaye de contrôler le monstre qui est en moi »

La justice s’est heurtée à un mur. Freddy Gaillard s’est réfugié dans une amnésie des choses, de certains événements. « Il faut accepter la réalité, laisser

tomber les barrières ! » , encourage maître Laurent-franck Lienard depuis le banc des victimes. L’avocate générale le soutient dans la démarche. Elle veut que Freddy avoue au moins avoir tranché la gorge de Cédric en le maintenant par-derrière. Rien n’y fait. L’accusé campe sur sa position. Il ne se souviendra pas plus ou ne voudra pas se

souvenir. « Je regrette tous les jours ce que j’ai fait. Mais ce jour-là, je suis allé au poste de police par hasard, comme ça. J’ai toqué. J’ai vu qu’il y avait quelqu’un. Je n’avais pas prévu de tuer Cédric. Et je ne ressentais aucune jalousie envers lui. Je regrettais seulement que mes enfants s’attachent à quelqu’un d’autre que moi. » N’est-ce pas là une première forme de rancoeur ? Freddy Gaillard poursuivra ainsi jusqu’à la fin, se montrant dur envers lui- même et son père. « J’essaye de contrôler le monstre qui est en moi. Les violences que j’ai subies, privé de nourriture, enfermé dans la cave, frappé… Je les retransmet­s par ma perte de sang- froid. J’aurais mieux fait de tuer mon père. J’y ai souvent pensé dès l’âge de 14 ans. Il avait un fusil dans sa chambre. J’aurais dû lui tirer une balle en pleine tête. Tout cela ne serait pas arrivé. » 16 ans de sûreté

Dans ses réquisitio­ns, l’avocate générale avait demandé une peine qui ne soit pas inférieure à 20 ans. Marjorie Obadia a estimé que « la rancoeur avait animé Freddy Gaillard (…) et que Cédric Josso était ainsi devenu le catalyseur de ses problèmes, de son sentiment

d’échec dans la vie ». Pour autant, la magistrate a mis en évidence la dépression importante de l’accusé dans les semaines précédant le passage à l’acte. Cela aurait pu influencer son propre jugement.

Après cinq heures de discussion, le jury a rendu son verdict : 25 ans de réclusion criminelle pour assassinat. Le tout est assorti d’une sûreté de 16 ans. À sa sortie, il devra se soumettre à un suivi sociojudic­iaire pendant 7 ans. Pour l’heure, Freddy Gaillard n’a pas fait savoir s’il comptait faire appel de la décision.

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Cédric Josso était policier municipal à Saint-arnoult-en-yvelines. Il avait été égorgé par l’ancien compagnon de sa conjointe.

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