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Le pro de la pub devient ébéniste d’art

- M.V.

Après une école d’art puis un cursus dans la publicité, le jeune rambolitai­n Bruno de Maistre, 37 ans, a travaillé dans une grosse agence pendant près de cinq

ans. « Mais même si j’adorais le côté créatif, je ne me sentais pas bien dans cet univers pour diverses raisons. Au final, il fallait faire du clinquant et rien ne s’inscrivait dans la longévité. Je n’étais pas loin du burn-out » , raconte Bruno. Il décide tout de même de s’accrocher et part à Londres pour découvrir le côté anglo-saxon du monde de la pub.

« Je m’épanouis dans le travail manuel »

« Le hic, c’est que je suis arrivé en 2008, en pleine crise économique. Je n’ai pas trouvé de travail. Du coup, en attendant de décrocher des entretiens, j’étais homme à tout faire dans un grand hôtel. Je m’occupais de la maintenanc­e, de l’électricit­é, de la plomberie… C’est là que j’ai compris que je m’épanouissa­is dans le travail manuel » , raconte Bruno. Il réfléchit à une reconversi­on profession­nelle. « Étrangemen­t, je ne me suis vu que dans l’ébénisteri­e car il y a un côté créatif et travail d’exception. C’est drôle car je n’avais jamais côtoyé de profession­nels dans ce domaine et je n’ai pas d’accointanc­e familiale non plus… »

En 2009, il intègre pour une formation de deux ans l’école Boulle spécialisé­e dans le design et les métiers d’art. Si dans sa jeunesse sa scolarité a été difficile « car j’étais dyslexique et j’avais beaucoup

de mal à retenir les chiffres par exemple… » , sa formation manuelle a été une révélation. « Depuis que je suis tout petit, lorsque l’on m’apprend un geste, je l’imprime tout de suite et je suis capable de le refaire à l’identique. »

À la sortie, à défaut de trouver des employeurs, Bruno a trouvé des clients. Il s’installe à RueilMalma­ison avant de déménager son atelier à Auffargis il y a un an pour s’agrandir, obtenant des aides du Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse.

Du mobilier d’art et liturgique

Ce chrétien pratiquant se lance dans un créneau où les artisans d’art sont peu nombreux. : la création de mobilier liturgique. « Il y a de la demande. Depuis le concile de Vatican II, l’autel a été déplacé au centre du choeur. Il faut donc qu’il soit digne pour les personnes qui viennent dans l’église. Pas mal d’églises sont actuelleme­nt en train de renouveler leur mobilier comme Saint-eustache ou Saint-sulpice à Paris. Les églises modernes sont

également demandeuse­s » , raconte celui qui a déjà réalisé le mobilier du choeur de l’église de Vaucresson et des éléments pour les églises de la paroisse de Rueil-malmaison. Il vient de recevoir le prix Pèlerin de la création pour son mobilier liturgique tout en bois : décor en marqueteri­e en forme de brasier sur un fond de bois de palissandr­e. L’autel, l’ambon, la croix et le tabernacle sont destinés à l’oratoire de la maison paroissial­e de Colombes dans les Hauts-de-seine.

Mais son entreprise BDM ne se cantonne pas à ce type

de créations. Bruno de Maistre est également créateur de meubles. Auparavant, il réalisait du sur-mesure en fonction des demandes de ses clients, pour l’heure majoritair­ement

parisiens. « Mon expérience dans la pub me permettait de définir rapidement les besoins et les envies de mes

clients. » Il a par exemple réalisé une magnifique table de rangement pour jeux d’échecs pour un particulie­r. Coût de la création :

près de 10000 euros. « Mais aujourd’hui, je m’oriente vers une autre dynamique. Je dessine des meubles qui sont ensuite distribués par les galeries ou de grandes marques de luxe.»

Actuelleme­nt, Bruno de Maistre prépare le salon Révélation­s, la biennale internatio­nale des métiers d’art et de la création, qui aura lieu en mai au Grand Palais où il présentera différente­s créations.

Aujourd’hui, il n’est plus seul dans son aventure puisqu’il a formé une équipe de six personnes dont plusieurs artisans eux aussi en reconversi­on profession­nelle. Lampe itinéraire. Cette création est un geste artistique entre sculpture et ébénisteri­e. Mouvement élancé qui défie l’apesanteur, elle est inspirée de la forme d’un copeau de bois enroulé qui s’élève avec la légèreté d’une volute de fumée. Cet assemblage de différente­s essences est né de la rencontre entre les techniques contempora­ines et traditionn­elles d’ébénisteri­e. Matières : étimoé, sycomore et chêne.

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Bruno de Maistre, (deuxième en partant de la gauche) a créé son entreprise BDM implantée à Auffargis. L’équipe est aujourd’hui constituée de six personnes.
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