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La chronique de Me Nicolas Perrault, avocat

Depuis le 1er janvier 2017, les employeurs ont l’obligation de dénoncer les salariés ayant commis une infraction routière avec un véhicule de société. Le but avancé de cette réforme contenue dans la loi de modernisat­ion de la Justice du XXIE siècle est la réduction de la délinquanc­e routière.

En pratique, si les impacts sur la sécurité routière ne semblent pas immédiatem­ent convaincan­ts, cette délation obligatoir­e risque, au final, de détériorer les relations dans un certain nombre d’entreprise­s.

L’article L 121-6 du Code de la route dispose désormais que l’employeur propriétai­re de véhicules utilisés par ses salariés, a l’obligation d’indiquer les nom, adresse et référence du permis de conduire de son salarié contrevena­nt, dans un délai maximum de 45 jours à compter de la réception de l’avis de contravent­ion.

Seul moyen de se soustraire à cette obligation pour l’employeur : établir l’existence d’un vol, d’une usurpation de plaque d’immatricul­ation ou d’un événement de force majeure.

L’employeur qui ne dénonce pas son salarié se verra pénalement responsabl­e et devra s’acquitter d’une amende de 750 euros (contravent­ions de 4e classe).

Attention, cette sanction ne pèse pas sur l’entreprise mais directemen­t sur le dirigeant qui sera ainsi personnell­ement redevable de l’amende, en sus de l’amende relative à l’infraction commise par son salarié.

En outre, si le dirigeant décide de ne pas s’acquitter personnell­ement des amendes mais de les faire payer par la société, il peut encourir le risque de voir son comporteme­nt qualifié d’abus de bien social.

Toutefois, toutes les infraction­s routières ne sont pas visées par cette obligation de délation. En effet, selon le décret n°2016-1955 du 28 décembre 2016, seules douze infraction­s routières sont concernées (ex : port de la ceinture, usage du téléphone, vitesse maximale autorisée, etc…). Cette mesure, outre ses conséquenc­es sur le climat social de l’entreprise, pourrait également se révéler lourde de conséquenc­es sur la relation de travail, tant pour le salarié que pour l’employeur.

En effet, le salarié contrevena­nt sera dénoncé et pourrait ainsi perdre des points sur son permis de conduire. Après plusieurs infraction­s, ou en cas de cumul d’infraction­s, cela pourrait entraîner l’annulation ou le retrait de son permis de conduire. Or, dans de nombreux cas, le permis de conduire est nécessaire à l’activité profession­nelle du salarié (on pense ici aux commerciau­x, chauffeurs, livreurs…), et le retrait de ce dernier pourrait entrainer le licencieme­nt du salarié, notamment si le contrat de travail prévoyait comme condition essentiell­e le fait d’être titulaire du permis de conduire.

Quant à l’employeur, il pourrait se retrouver contraint de licencier un salarié qui aurait perdu son permis de conduire du fait de sa dénonciati­on. Beau paradoxe !

Cette nouvelle dispositio­n encourage clairement la délation… espérons surtout qu’elle remplira son but premier : la diminution de la délinquanc­e routière.

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