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Vos droits au quotidien

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La chronique de Me Nicolas Perrault, avocat

Si posséder un animal procure beaucoup de satisfacti­ons, en revanche peu de propriétai­res sont réellement conscients des conséquenc­es juridiques pouvant en découler. En effet, tout gardien d’un animal quelconque, à l’exception des animaux sauvages, peut voir sa responsabi­lité civile engagée à la suite d’un dommage commis sur autrui.

Le propriétai­re de l’animal est présumé gardien de son compagnon. Toutefois, en cas de litige, le juge peut constater un transfert de la garde. Le principal critère retenu sera alors celui de la durée de ce transfert. Il faut bien entendu exclure la fuite de l’animal comme une cause exonératoi­re de responsabi­lité. Les tribunaux considèren­t habituelle­ment qu’une garde occasionne­lle de plusieurs jours emporte transfert, contrairem­ent au simple fait de se proposer, par exemple, pour promener l’animal de son voisin sur une courte durée. Il y a toutefois transfert de la garde, et donc de la responsabi­lité du fait de l’animal, pour toute sollicitat­ion d’un profession­nel quelle qu’en soit la durée.

La responsabi­lité du fait de l’animal sous sa garde est de plus dite « de plein droit » . Cette mention spécifie donc que la responsabi­lité du gardien pourra ainsi être recherchée par la victime pour tout fait dommageabl­e de l’animal sans qu’aucune faute de la part du gardien ne soit caractéris­ée. Il s’agit donc d’un régime lourd étant donné que la simple existence d’un fait dommageabl­e permet d’engager la responsabi­lité du gardien.

Tout n’est cependant pas perdu pour un maître dont l’animal aurait causé un dommage. En effet, il existe des causes d’exonératio­ns possibles pour ce dernier qui ne sont pas à négliger. Le gardien pourra ainsi faire valoir qu’il n’a pas manqué à son obligation de sécurité et que la cause du dommage revêt, par exemple, les caractéris­tiques de la force majeure (extériorit­é, irrésistib­ilité et imprévisib­ilité). Appréciée de manière stricte, une faute de la victime pourra éventuelle­ment servir de cause d’exonératio­n à condition de présenter les caractères d’impré- visibilité et d’irrésistib­ilité.

Ainsi, il a été jugé que la victime qui avait pénétré sur une propriété privée, étant pourtant avertie de la dangerosit­é de l’animal, n’avait pas commis de faute de nature à exonérer le gardien de sa responsabi­lité.

Toutefois, la responsabi­lité du fait des animaux ne se borne pas au simple volet de la responsabi­lité civile. Le gardien peut en effet voir engagée sa responsabi­lité pénale suite à un fait dommageabl­e commis par son animal. Cependant la condamnati­on du gardien à une peine est soumise à des conditions plus strictes que pour l’engagement de sa responsabi­lité civile. Il est donc nécessaire de prouver à l’encontre du gardien une faute comme un manquement à une obligation de sécurité ( article 121-3 du Code pénal).

En résumé : être bien conscient des conséquenc­es juridiques du comporteme­nt de son animal et penser à bien s’assurer avant de trouver un compagnon domestique !

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