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SAINT-RÉMY-LÈS-CHEVREUSE Il passe à tabac un jeune pour venger son frère
Il n’a même pas daigné se présenter au tribunal pour assister à son procès alors qu’il était pourtant assujetti à un contrôle judiciaire depuis les faits.
Gianni (19 ans) a été condamné à 8 mois de prison avec sursis, le 20 septembre, pour avoir passé à tabac un jeune de Saint-rémy-les-chevreuse, le 8 juillet dernier. Philippe*, également absent à l’audience, a obtenu 1 600 euros pour son préjudice.
Tout a commencé le 24 juin, au domicile de la victime. Ce jour-là, Philippe organise une petite fête d’anniversaire dans le pavillon familial. Cinq jeunes individus se présentent à la porte. Ils veulent entrer. Philippe refuse, évidemment, puisque personne ne les connaît. Le groupe rebrousse chemin mais revient peu après, lançant des pierres contre les fenêtres de l’habitation. La gendarmerie est alertée et les fauteurs de trouble sont interpellés. tardent pas à faire le lien entre certains d’entre eux et le cambriolage d’une boulangerie de la commune, survenu quelques heures auparavant. Parmi les auteurs, il y a le frère de Gianni. Ce dernier rend aussitôt responsable Philippe des ennuis de son frangin. Et ne va pas tarder à lui faire savoir.
Le 8 juillet, Philippe prend du bon temps avec des amis, tranquillement assis dans les tribunes d’un stade. Gianni, qui habite Magny-les-hameaux, est là aussi. La tension monte. Philippe préfère s’éclipser discrètement. Mais il a déjà été repéré. Sa fuite est vaine. Il est rattrapé plus loin par des amis de Gianni. L’un d’eux lui bloque la tête entre ses jambes. Gianni arrive à son tour. Et les coups pleuvent. « Un seul », soutient Gianni dans son audition. L’examen de Philippe par les médecins dit autre chose. Son cou, sa tête et son corps portent de nombreuses ecchymoses. « Il est surtout traumatisé, a souligné son avocat. Il est depuis suivi par un psychologue et a peur de recroiser son agresseur. »
« J’ai poignardé Philippe Pico. J’ai organisé sa disparition. Je suis à l’origine de tout. Je suis le responsable de cet assassinat ». Fabrice Motch n’aurait pu s’exprimer plus directement pour s’accuser devant la cour d’assises des Yvelines, la semaine dernière. L’ancien capitaine des pompiers, âgé de 50 ans, est apparu déterminé. Mais déterminé pour quoi ? Certainement pour faire en sorte que ses complices, Lionel son frère, et Yannick son amante et épouse de Pico, s’en tirent à peu près correctement.
S’il est bien une certitude, c’est la manière dont Philippe Pico a été tué en ce mois de décembre 1996, à Magny-leshameaux. Drogué puis étranglé dans son lit. Vidé de son sang dans la baignoire. Déposé sur une bâche dans la cuisine. Démembré à la scie. Ses restes ont été emballés dans du film alimentaire puis mis dans des sacspoubelles. Son corps, transporté dans plusieurs sacs de sport, sera éparpillé : dans les poubelles du quartier et dans la Seine. On ne retrouvera jamais rien. Le trio fera courir une information. Pico est parti en Bretagne sans laisser d’adresse. Ils ont fait un pacte : ne plus jamais reparler de cette soirée. Tout l’enjeu de ce procès était de savoir qui de Fabrice, Lionel et Yannick portait la plus haute responsabilité. L’ancien capitaine des pompiers semble avoir voulu ne jouer qu’une partie. Celle d’éloigner son frère le plus loin possible du couperet ultime de la cour d’assises. « Lionel n’a fait que m’aider, par amour fraternel. Il n’a découvert mon plan qu’au fur et à mesure de cette funeste soirée. Il a exécuté ce que je lui avais demandé. »
Yannick était présente. Mais pour Fabrice, elle ne s’est contentée que d’observer et d’empêcher les enfants de sortir de leur chambre. Elle s’est cependant chargée de droguer son mari.
Et ce fameux plan, personne n’aurait pu le découvrir sans les aveux de la soeur de Fabrice, en avril 2008. Le pompier est accusé de viols et agressions sexuelles. Il sera condamné pour cela à 15 ans de réclusion, en 2010. Lors de l’enquête, Valérie se libère. Elle raconte, qu’en 1996, son frère lui a demandé de l’aide pour se débarrasser de Pico, mécanicien de son état. Elle a refusé. La police judiciaire ouvre une enquête parallèle. En janvier 2009, l’officier déchu passe aux aveux.
Depuis, il n’aura eu de cesse de revendiquer l’entière paternité de cet assassinat pour aider son amante à se libérer d’un homme qu’il qualifie « de tyran domestique », violent et alcoolique. « J’ai décidé de le tuer après avoir discuté avec lui, un soir dans les rues de
Pleurant, Lionel a témoigné dans le sens de son frère, à la barre des assises. « Je porte ce fardeau depuis vingt ans. J’ai fonctionné comme un automate, sans réaction particulière. J’ai accepté d’aider Fabrice, peut-être parce que c’était la première fois qu’il me disait qu’il avait besoin de moi. Je suis tombé dans le panneau. »
Lors de ses réquisitions, l’avocat général avait demandé la perpétuité contre Fabrice Motch et des peines de 20 à 30 ans contre Lionel et Yannick. Tard dans la nuit du mercredi 20 septembre, le jury populaire a rendu sa décision. L’ancien capitaine des pompiers restera en détention ad vitam aeternam. Son frère s’est vu infliger 17 années de réclusion criminelle. L’ancienne épouse de Pico et amante de Fabrice a été condamnée à 25 ans. L’avocat général avait estimé qu’elle était « au centre de l’affaire », tandis que Lionel avait plus joué un rôle parallèle, pratiquement de suiveur. Tous ont été incarcérés dans la foulée. Lionel et Yannick comparaissaient libre.
Les trois disposent d’un délai de dix jours pour faire appel. Si tel est le cas, la présomption d’innocence devra s’appliquer.