Toutes les Nouvelles (Rambouillet / Chevreuse)

«Le Château de verre» de Destin Daniel Cretton

- Pierre Limat

En 2013, Destin Daniel Cretton se révélait au grand public avec l’excellent « Short Term 12 », passé notamment par les festivals de Locarno et Deauville, où les spectateur­s lui ont fait un triomphe. Sorti un an plus tard en France, sous le titre plus poétique « States of Grace », le film est loin d’avoir fait un carton mais cette petite pépite inspirée de l’expérience d’éducateur du réalisateu­r (et dont il avait déjà tiré un court métrage) a durablemen­t marqué ceux qui ont eu la chance de le voir, grâce à sa manière de gérer les émotions de façon à ce que tout explose dans les dernières secondes. Quatre ans après cette jolie bombe à retardemen­t, le cinéaste est enfin de retour derrière la caméra. Pendant ce laps de temps, sa comédienne principale Brie Larson a transformé l’essai en remportant l’oscar de la Meilleure Actrice pour « Room », affronté King Kong et décroché le rôle de Captain Marvel dans le long métrage super héroïque du même nom, prévu pour 2019. Mais elle a pris le temps de revenir chez celui sans qui tout ceci n’aurait sans doute pas été possible, pour une adaptation du « Château de verre », roman autobiogra­phique de Jeanette Walls centré sur son éducation en marge de la société par une mère artiste et un père haut en couleurs, qui repousse sans cesse sa promesse de construire le château de verre du titre à ses enfants, contraints de se prendre eux-mêmes en main. Un sujet qui permet à Destin Cretton d’explorer à nouveau son thème de prédilecti­on et d’évoquer les projets inachevés de chacun, dans un cadre de film d’époque et sur un ton qui rappelle celui de « Captain Fantastic », sorti l’an dernier. Mais en moins bien, la faute à son statut de second dans la chronologi­e, à quelques longueurs et à un léger classicism­e dans l’ensemble. Le metteur en scène peut toutefois compter sur ses comédiens, Brie Larson, Naomi Watts et Woody Harrelson, tous excellents, en tête, et confirme au passage son talent de directeur d’acteurs, puisqu’aucune fausse note dans le casting ne vient parasiter ce beau drame où, là encore, les émotions finissent par affleurer alors que la fin approche. Une preuve de plus qu’il faudra compter avec ce cinéaste et ses histoires humaines dans les années à venir.

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