Toutes les Nouvelles (Rambouillet / Chevreuse)
11 kg de cannabis saisis dans un appartement
Les policiers de Rambouillet ont réalisé une saisie inhabituelle de drogue, la semaine dernière : 11 kg de résine, 1,4 kg d’herbe et 26 grammes de cocaïne. Le tout se trouvait dans la chambre d’un jeune homme de 21 ans, rue de Groussay à Rambouillet.
Pour en arriver là, les enquêteurs ont bénéficié de deux précieux alliés. Le premier est un lycéen surpris en train de confectionner un joint. Il n’a pas hésité à livrer l’adresse et le prénom de son dealer : un certain Bryan. Le second est un automobiliste contrôlé à cause de son pot d’échappement bruyant. « Je vais être verbalisé pour ça alors que mon voisin passe son temps à vendre de la drogue ! », a-t-il lancé à la patrouille. Ce voisin était Bryan.
Pour rembourser 20 000 euros
Chez lui, la drogue était cachée un peu partout : sous le lit, dans le placard. Tout le matériel du parfait dealer était là : sachets, couteau, téléphone. Mais étrangement, pas un billet de banque.
Lors de son procès, ce vendredi 24 novembre, Bryan, de son véritable prénom Tony, a affirmé
qu’il dealait pour rembourser une dette de 20 000 euros. Il a expliqué qu’il ne conservait pas un euro pour lui. En fait, en juillet dernier, alors qu’il gardait déjà de l’argent et de la drogue, il avait été cambriolé. D’où cette importante somme à rembourser. « Il ne me restait plus que 2 000 euros à rendre lorsque j’ai été arrêté », a-t-il exposé lors de l’audience.
Tony a également relaté sa longue descente aux enfers. Viré par sa mère alors qu’il n’avait que 15 ans, il s’est mis à dealer pour « acheter de quoi manger, m’habiller et payer mes nuits d’hôtel ».
Une rencontre amoureuse lui permettra un temps de sortir la tête de l’eau. Puis ce sera la rupture, l’envie de quitter la Seinesaint-denis. Il trouvera refuge à Rambouillet chez son ex-beaupère à qui il mènera la vie dure.
Et puis un soir, alors qu’il patiente devant un kebab, un trentenaire l’aborde. « Je fumais un joint. Il m’a dit que j’avais l’air de quelqu’un de sérieux. Il m’a confié du cannabis. Un peu au début, et puis beaucoup plus. Comme je ne trouvais pas de travail… Et puis j’ai eu 4kg et 8 000 euros. On m’a cambriolé. Le gars m’a dit de rembourser car je lui devais 20 000 euros. Je lui ai dit que je n’avais rien. Il m’a répondu : « Commence à vendre ». La spirale infernale s’enclenche.
Tony se tait, mais il se demande si ce n’est pas son fournisseur qui l’a cambriolé pour le forcer à travailler pour lui. « Il est très vite venu pour m’apprendre à faire les sachets de cocaïne et le reste… Et il venait tous les deux jours chercher l’argent. » En trois mois, le jeune homme aurait écoulé pour 18 000 euros de came. Il tenait d’ailleurs une comptabilité très précise, détaillant jusqu’à la qualité de la résine.
Ses premières larmes sont venues lorsque le procureur de la République a requis 4 ans de prison avec incarcération, s’appuyant sur la gravité et l’importance du trafic ; comme le casier de Tony lourd de sept condamnations.
Son avocat s’est montré plus perplexe, estimant bien que son client avait été piégé. « 11 kg ! On ne donne pas cela pour la simple revente. Ce jeune homme était à la fois vendeur et nourrice. Infligez-lui une peine qui lui laisse un peu d’espoir ».
Jugé trop vite ?
Moment de flottement… La justice s’interroge. N’aurait-il pas fallu renvoyer le dossier à l’instruction pour tenter de retrouver le fournisseur, apparemment habitué à venir à Rambouillet depuis Trappes ? Quid de l’analyse ADN de la drogue saisie et des empreintes digitales ?
Trop tard semble-t-il. L’affaire est jugée… Et Tony s’en tire relativement bien avec une année d’incarcération. Le président souligne que le tribunal a été sensible à ses explications. « Quand vous sortirez, éloignez-vous des personnes à problèmes. Sinon ce sera reparti pour un tour », encourage le juge. En d’autres termes : « Quittez la région ! » Un conseil somme toute de bon sens, la marchandise saisie ayant été estimée à près de 55 000 euros. Une somme que les trafiquants aimeront sans doute recouvrer.