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Elle a fui Daech : une famille irakienne a besoin de vous
En 2014, une famille irakienne, appartenant à la communauté catholique chaldéenne, a vu, comme tant d’autres, sa vie basculer dans l’horreur. C’est cette année-là que Daech a pris la ville de Mossoul.
Cette famille, composée de sept personnes et d’un bébé de 7 mois, a été pourchassée par les djihadistes. Les parents ont perdu leur emploi et leur maison. « Ils ont vécu des années terribles. On entend parler de cette guerre à la télé ou à la radio, mais lorsque l’on écoute leur récit, c’est glaçant. Ils sont passés par des camps de réfugiés avant de demander l’asile politique en France », raconte Anne Leprettre, de l’association D’une rive à l’autre, créée au printemps dernier dans l’optique d’accueillir cette famille au Tremblay.
« Même si nous avions un document prouvant que nous disposions d’un toit pour l’héberger, les procédures pour obtenir un visa ont duré plus d’un an et demi. Nous étions en contact par mail avec la famille pour lui dire de ne pas perdre espoir. »
Toute une vie à reconstruire en France
Les parents, âgées de 55 et 60 ans, leur fils aîné de 31 ans avec son épouse et son bébé de 7 mois, et les trois autres filles du couple (24, 18 et 15 ans), sont arrivés au Tremblay le 6 septembre. Ils se sont installés dans une petite maison, meublée grâce à des dons, et louée pour eux par l’association. « Au départ, ils étaient euphoriques car ils sortaient de l’enfer. Mais les semaines ont passé. Les membres de cette famille, qui ont fait une croix sur leur pays d’origine, se sont rendu compte qu’ils allaient devoir recommencer leur vie à zéro, dans un pays qu’ils ne connaissent pas. Il y a tout à reconstruire. Ce n’est pas simple de se faire à cette idée surtout quand on a 60 ans », poursuit Sophie Molin, bénévole de l’association.
L’objectif d’une rive à l’autre, est d’accueillir et d’aider la famille bien sûr, mais surtout de l’accompagner dans sa démarche d’insertion afin qu’elle puisse voler de ses propres ailes. Elle se donne trois ans pour y parvenir. « En Irak, le père de famille était fonctionnaire, la mère, professeure d’arts plastiques. Le fils aîné était informaticien. Notre but, c’est qu’ils puissent à terme, retrouver une bonne situation », poursuit Anne Leprettre.
La clé d’une intégration passe en premier lieu par la maîtrise de la langue de Molière. « Actuellement, huit bénévoles se relaient pour donner deux heures de cours de Français par jour à la famille », détaille Sophie. Un autre volet de l’aide de l’association consiste à emmener la famille faire les courses au supermarché une fois par semaine. « Pour l’heure, ils n’ont aucun revenu. Tout est pris en charge par l’association avec une aide de la paroisse de Montfort », poursuit Anne Leprettre.
L’association recherche des bénévoles et des aides financières
Une équipe de deux personnes pour prendre en charge toute la partie administrative a été constituée. « Nous effectuons les démarches auprès des services de l’état afin que la famille obtienne son attestation de demandeur d’asile. Ce sont des procédures de longue haleine qui nous prennent du temps car il faut se rendre à Versailles, à la préfecture, dès l’aube, afin d’être reçu », raconte Sophie.
Cela devrait encore durer neuf mois. « Une fois qu’ils auront leurs papiers en règle, ils pourront commencer à être aidé financièrement par l’état. Surtout, ils vont pouvoir bénéficier la couverture maladie universelle. Ce sera une très bonne chose car au regard de leur passé,
certains d’entre eux ont des problèmes de santé. »
Pour l’heure, une équipe de bénévoles s’occupe de leur prendre rendez-vous chez le médecin, de les y conduire et assure la traduction en anglais avec les équipes médicales. Quant au bébé, il est suivi par la PMI de Houdan.
« Quoi que l’on puisse en penser, une fois les démarches administratives réglées, l’état français est généreux. Notre système social prend en considération tout le monde et c’est formidable. » En revanche, l’association est quelque peu remontée contre l’éducation nationale. « Nous avons réussi à scolariser la plus jeune des filles, âgée de 15 ans, au collège du Rondeau, à Rambouillet. Elle commence à prendre le bus toute seule pour s’y rendre. En revanche, nous n’avons pas réussi à faire de même avec sa soeur de 18 ans. Nous n’avons eu que des fins de non-recevoir de la part des lycées que nous avons sollicités », regrette amèrement Anne Leprettre. « L’éducation nationale nous rétorque que puisqu’elle est majeure, elle ne peut pas la prendre en charge. Elle aurait eu 17 ans, la donne n’aurait pas été la même… » poursuit Anne qui songe à écrire au ministre de l’éducation nationale.
Réunion publique ce samedi
« Quoi qu’il en soit, cette famille a des ressources humaines incroyables. On va tout mettre en oeuvre pendant trois ans pour leur mettre le pied à l’étrier et ils vont réussir. Mais pour cela, nous avons besoin d’aide. Pour l’instant, nous sommes une petite vingtaine de bénévoles mais certains sont encore en activité. Si nous pouvions étoffer notre équipe, ce serait formidable. D’autant que le Tremblay est un petit village où le bus ne passe pas souvent. Il est nécessaire de pouvoir véhiculer cette famille et aussi de lui trouver des occupations. D’autre part, nous avons grandement besoin d’une aide financière. Si nous arrivons à convaincre les gens de faire un petit don, 50 centimes ou 1 euro, par jour sur plusieurs semaines, mois ou années, ce serait l’idéal. »
Une réunion publique est organisée ce samedi 2 décembre à 17h, à la salle Blaise-cendrars pour informer la population du secteur des projets de l’association.