Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)
Le désert médical gagne du terrain
L’assurance-maladie vient de proposer d’augmenter le tarif de la consultation des médecins généralistes de 23 à 25 euros, après d’âpres négociations avec les syndicats de médecins libéraux. Au même moment, L’UFC-QUE Choisir publie une étude choc, faisant
Un document choc. L’UFC Que-choisir a divulgué au début de l’été une étude exclusive montrant l’aggravation des déserts médicaux dans les Yvelines.
Comme lors de sa précédente analyse réalisée en 2012, l’étude porte sur l’offre de médecins de ville de quatre spécialités : les généralistes, les ophtalmologistes, les gynécologues et les pédiatres, en se basant sur les données de l’assurance-maladie.
L’association de consommateurs a d’ailleurs publié une carte interactive permettant à tout un chacun de découvrir si l’offre de santé dans sa commune est satisfaisante, très satisfaisante, ou s’il est bel et bien dans un désert médical. Par exemple, s’il se trouve à plus de trente minutes d’un médecin de famille pratiquant le tarif Sécurité sociale, sans dépassement d’honoraires.
Les résultats commune par commune sont accessibles librement sur le site : www.quechoisir.org
Parce que parfois, des chiffres parlent plus qu’un long discours,
L’UFC en cite quelques-uns :
« Depuis 2012, 23% des Yvelinois ont vu leur accès géographique aux médecins généralistes reculer. » Conséquence de cette évolution, « 8% de la population des Yvelines vit dans un désert médical rien que pour l’accès aux généralistes » , selon L’UFC. Des villes comme Chevreuse, Beynes, Andrésy, Magny-les-hameaux ou encore Septeuil sont ainsi classées comme « désert
médical de généralistes » et ce, quels que soient leurs tarifs.
Des chiffres éloquents, qui tombent en pleine phase finale des négociations conventionnelles entre l’assurance-maladie et syndicats des médecins libéraux (lire encadré).
Concernant les remèdes, l’association de consommateurs demande aux pouvoirs publics de réduire la liberté d’installation en accès au secteur 2, où les honoraires sont libres, et préconise de mettre en place un « conventionnement sélectif des médecins » dans les zones où le nombre de praticiens est très important.
« D’aucuns disent que le département des Yvelines est bien pourvu concernant l’offre de soin, ce n’est pas tout à fait mon avis. Suivant
les zones, c’est tout de même
relativement déséquilibré » , note Edmond Flacks, vice-président de L’UFC-QUE choisir Parc de Chevreuse, également représentant des usagers de l’hôpital de Rambouillet.
Les membres des cinq associations locales des Yvelines (La Boucle, Parc de Chevreuse, Rambouillet, Mantes et Val de Seine) se sont fait passer pour des patients afin de saisir au plus près la réalité vécue par ces derniers et d’ainsi étayer de faits ces données statistiques.
Des exemples concrets, Edmond Flacks en a rencontré à la pelle tout au long de cette enquête : « A Houdan, un médecin généraliste doit prendre sa retraite et ses patients ne savent pas où aller. Aux Essarts-le-roi, j’ai découvert un panneau ’’ne prend pas de nouveaux clients’’ dans un cabinet où je me suis rendu » , cite ce représentant des usagers de l’hôpital de Rambouillet et de la clinique des Franciscaines à Versailles.
Dans le Sud-yvelines toujours, le docteur Jean Saint- Guily a dévissé sa plaque du 21, rue d’angiviller, à Rambouillet, après 38 ans d’exercice.
« L’heure de la retraite avait sonné pour moi en 2014. J’ai cherché un jeune médecin pour s’occuper de vous et de votre santé, mais personne n’est venu. C’est avec une certaine tristesse que je vais fermer mon cabinet » , avait-il déclaré en juin lors d’une cérémonie qu’il avait organisé en présence de patients venus le remercier d’avoir ’’tenu bon’’ si longtemps.
« Au niveau des médecins généralistes, la demande dépasse les capacités de l’ac-
tuel cabinet. Nous sommes
submergés » , confie le Dr Tonion, du cabinet de Villaroy, à Guyancourt. Pour cette raison, elle rejoindra bientôt la nouvelle maison médicale de ce quartier (lire page de droite), avec, elle l’espère, des délais d’attente nettement restreints pour ses
patients.
Son confrère, le Dr Gilles
Goyard, estime qu’ « une écrasante majorité de jeunes
diplômés » préfère le salariat à une activité libérale, ce qui pose d’énormes soucis pour remplacer les partants à la retraite.
D’autres encore, ont choisi de se fédérer en Codts ( Collectif pour l’organisation et la défense du territoire de santé) pour demander une réévalua- tion de leurs honoraires. C’est le cas d’une trentaine de médecins généralistes de l’ancien secteur de garde d’elancourt-maurepas, qui souhaitent ainsi rendre cette profession plus attrayante pour la nouvelle génération.
Dépassements d’honoraires Rambouillet : le médecin dévisse sa plaque