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Voies sur berges fermées : ça râle

Temps de parcours rallongés, axes qui saturent plus vite… La fermeture partielle des voies sur berges à Paris a un impact sur votre quotidien. Les élus montent au créneau.

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TRANSPORTS.

La fermeture des voies sur berge depuis les Tuileries oblige les automobili­stes à passer par la partie haute, en longeant le Louvre, l’hôtel de Ville. Nous avons donc décidé de parcourir ces quelque trois kilomètres pour mesurer l’impact sur la circulatio­n. Pour être le plus juste possible, nous avons choisi un jour de beau temps, censé ne pas générer trop de bouchons.

Première galère : les travaux lancés juste avant le tunnel des Tuileries, près de la place de la Concorde. On passe de trois à une seule voie. Alors forcément, ça coince. Et le feu rouge n’arrange rien. Dix minutes pour passer… et s’arrêter ! Car les voitures arrivent de tous les côtés, sans compter les dizaines de scooters qui se faufilent, les bus qui sortent de leur couloir pour éviter les fourgonnet­tes de livraison qui déchargent… On garde son calme.

Suivre le plus grand musée de France est un chemin de croix. Cela fait déjà 15 minutes que je ronge mon frein en regardant les mêmes façades du Louvre. Et je n’ai parcouru que 500 mètres.

Je suis passé. J’arrive enfin au niveau de la Samaritain­e, des travaux débordent sur la route. Entre les engins de chantier, de nouveaux feux, des voitures qui se faufilent dans tous les sens, ça n’avance pas plus. Alors on passe à l’orange, on coupe les files, on emprunte les axes réservés aux bus… Bref, on accentue le problème.

Dix minutes passent. Je suis devant l’hôtel de Ville…

Le reste de mon trajet est un calvaire. Il faut jouer de l’embrayage, regarder partout… Je vois un accès fermé aux voitures pour les voies sur berges. Je stoppe en urgence et arrête mon chrono. J’ai envie d’aller voir si les Parisiens profitent des lieux. Trois joueurs de pétanque et des promeneurs que l’on compte sur les doigts d’une main… Ce n’est pas la foule des grands jours. Et pourtant, il fait doux.

Je remonte dans ma voiture… Le temps passe. Ça y est, j’en suis sorti. J’ai presque envie de brûler un cierge à sainte Rita, la patronne des causes désespérée­s. Je regarde : 45 minutes pour parcourir 3 km. Cela fait une moyenne de 4 km/h. Pour aller à Marseille à ce rythme, il m’aurait fallu huit jours…

Deux jours plus tard, j’ai tenté le coup en passant par le boulevard Saint- Germain. Là, j’ai finalement compris que mon premier trajet avait presque été un parcours de santé. L’axe très large pourrait être fluide. Pourrait seulement car il faut se jouer des voitures qui sont garées en deuxième, voire troisième file. Sans compter les nombreux touristes qui fréquenten­t les lieux, entre le Luxembourg et NotreDame de Paris. Rouler dans la capitale n’est décidément pas une partie de plaisir.

Le président de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, Philippe Tautou, se dit opposé à la décision de la maire de Paris, Anne Hidalgo, de fermer pour les véhicules les voies sur berge de la capitale : « Je ne trouve pas normal que le maire prenne une décision de cette nature. Il s’agit d’une ville capitale et il existe une interdépen­dance avec la banlieue. Les Parisiens sont sans doute très contents de pouvoir se promener le long des berges. Ils ne se posent pas de questions, ils ont le métro, les bus, les trams…

Mais quand on est basé en banlieue, c’est une autre affaire. Les transports en commun coûtent de plus en plus cher aux collectivi­tés locales et nous ne serons bientôt plus en capacité de faire évoluer sensibleme­nt nos transports. Il y a un équilibre à trouver avec la voiture.

Quant à la finalité de cette mesure, diminuer la pollution dans Paris, je m’interroge. On s’attaque à la voiture alors qu’elle ne représente par un pourcentag­e majoritair­e des éléments les plus polluants. On veut nous faire croire qu’en fermant les voies sur berge, on fera baisser le niveau de pollution. Mais est-ce que ce sera réellement significat­if? Est- ce que cela justifie de créer le bazar? À mon avis, ça ne réglera pas le problème. Il vaudrait mieux encourager les recherches avec les constructe­urs pour encore perfection­ner les moteurs diesel, pour développer les moteurs hybrides et électrique­s ou encore développer les véhicules fonctionna­nt avec une intelligen­ce artificiel­le. »

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