La fronde des usagers et des élus de banlieue

Depuis le 20 juillet dernier, les voies sur berge de la rive droite à Paris sont fermées à la circulation. Si, au départ, c’était pour accueillir la manifestation Paris plage, elles sont restées fermées en cette rentrée. La maire de Paris, Anne Hidalgo (PS) met ainsi en route son plan d’interdire à la circulation la berge GeorgesPompidou. Ce qui n’est pas du goût de tous.

Un choix qui n’a pas manqué de provoquer la colère de l’association 40 Millions d’auto

mobilistes. « Nous considérons anormal que Paris, qui est une ville au milieu de l’île- deFrance, décide de prendre les décisions qu’elle veut sachant que cela impacte toute l’îlede-france, peste Daniel Quéro, président de l’association. Elle ne s’occupe pas de ceux qui vivent autour. Des tas de gens ont besoin de leur véhicule. Le plan antibouchons de Valérie Pécresse, voilà quelque chose d’intelligent ! » Méthode

Face à la situation, 40 Mil

lions d’automobilistes a lancé une pétition et en a appelé aux élus des communes d’îlede-france. Et le message a été entendu. Les départements de la petite comme de la grande couronne sont entrés dans la fronde. Dans les Yvelines, c’est le député-maire de Vélizy, Pascal Thévenot (LR) qui fait office de porte-parole. « C’est parti de Jacques-alain Benisti, député-maire (LR) de Villiers-surMarne dans le Val-de-marne (94), explique Pascal Thévenot. Nous sommes d’autant plus

étonnés que le commissaire enquêteur a donné un avis défavorable. Même s’il n’est que consultatif, c’est la première fois qu’un élu va à l’encontre d’une telle décision. »

Si tous ces élus sont tous d’accord sur l’objectif d’avoir moins de bouchons et moins de pollution, c’est donc sur la méthode

que cela coince. « A Vélizy, avec l’arrivée du tramway il y a quelques mois, nous avons pu constater que la circulation était plus fluide, poursuit Pas

cal Thévenot. Cela montre bien qu’il faut d’abord améliorer les transports, puis prendre des mesures de ce type. Avec l’arrivée de Valérie Pécresse (LR) à la tête de la Région, les transports vont s’améliorer. mais cela ne se fera pas en un jour. » « On fait les choses à l’envers » , résume l’élu yvelinois dont la ville est située au carrefour d’axes stratégiques comme l’a86 et la N118. Motion du Chesnay

Le 21 juin dernier, c’est le maire du Chesnay, Philippe Brillault, qui a pris une motion contributive sur la fermeture des berges rive droite. Dans ce texte, il a déploré que « les communes, tant de la grande couronne que de la petite couronne, n’aient pas été intégrées dans le périmètre de l’enquête publique ». Et

de poursuivre : « Si la population ne peut qu’adhérer aux mesures prises contre la pollution atmosphérique des véhicules, elle est soucieuse néanmoins de pouvoir accéder à la capitale de tous les Français par une voie qui a été voulue et réalisée initialement pour désenclaver Paris. »

L’élu chesnaysien admet lui aussi que la prise en charge de

la pollution est essentielle. « Il faudrait plutôt privilégier les voitures électriques sur ces voies. Là, nous assistons à une véritable démagogie de gauchos-bobos. On pourrait aussi fermer le périphérique pour en faire une belle promenade pour les vieux écolos-bobos. Moi, je pense aux impacts pour l’économie, la culture lorsque l’on veut aller assister à un spectacle. Je pense aussi au travailleur qui est obligé de prendre sa voiture pour aller travailler, qui n’a pas d’autre choix. » Philippe Brillault espère ainsi qu’une opposition va se réveil

ler. « Avant de fermer, il aurait fallu trouver des solutions pour compenser. »

« Avec les embouteillages terribles que cela provoque, il y a toujours plus de pollution, argumente Daniel Quéro. Nous demandons à ce que toutes les décisions qui concernent la circulation en Île-de-france et à Paris soient prises en concertation. Maintenant quand vous partez des Yvelines pour un rendez-vous à Paris, il faut au moins partir à 7h ! »

Près de la Samaritaine, ça coince quasiment en permanence.