Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Un élevage de chevaux en danger !

À la frontière de Davron, Thiverval-grignon et Chavenay, un élevage de chevaux est en danger. Celle qui le dirige a décidé de se lancer dans une grève de la faim.

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Il gèle très fort ce matin-là. Les sols sont durs comme de la pierre. L’eau accumulée dans les ornières est devenue solide. Seule dans le vent glacé, Estelle Trahard ne doit pas se décourager. Elle doit rapidement faire le tour de ses quarante protégés : des chevaux issus de son élevage ou en pension. Le travail ne lui fait pas peur. Depuis près de quarante ans, elle aime les chevaux pour ce qu’ils représente­nt : la liberté.

Sur un point cependant, Estelle Trahard est plus qu’inquiète. Elle ignore où elle sera dans quelques semaines et si son activité existera encore. Se sentant abandonné de tous, elle a décidé de se lancer dans une grève de la faim. Les héritiers veulent récupérer les terres

La quadragéna­ire a créé sa petite entreprise en 2009. Elle l’a appelée Élevage de Chante

pie. Pour y accéder il faut quitter la route principale de Davron et s’engager sur un petit chemin de terre. En haut de la petite colline, il apparaît enfin : quatre hectares de prés, une petite cabane pour le matériel, un box pour le pou- linage. C’est tout.

Estelle travaille là depuis 2009. Elle loue alors les terres au maire du village. Suite à sa disparitio­n, la succession s’opère. Les héritiers semblent découvrir l’existence de Chantepie. Ils réclament de récupérer les lieux. Cela se terminera au tribunal. En décembre 2015, Estelle est condamnée à l’expulsion, des indemnités et une astreinte de 300 euros par jour. Elle obtient toutefois de la propriétai­re un délai pour partir. Il est fixé au mois d’octobre 2016.

L’éleveuse ne compte pas attendre la date butoir. Elle se met en quête d’un terrain via une société spécialisé­e dans le foncier pour les agriculteu­rs. Un premier terrain est identifié. Il est cependant trop grand, trop cher et nécessite trop d’investisse­ment pour son aménagemen­t.

Coup de chance pour Estelle. À 400 mètres de son élevage, elle apprend qu’il existe une zone disponible. Elle se porte candidate. « Mon dossier était solide. Il a été rejeté au profit d’un autre exploitant. On m’a dit que l’endroit était compliqué pour un accès à l’eau et l’électricit­é. Ce qui est ridicule puisque j’ai bien expliqué que j’allais produire mon énergie et faire creuser un puits » . Depuis la semaine dernière, Estelle est donc sans solution. « Je comprends parfaiteme­nt, et c’est normal, que ma pro- priétaire veuille récupérer ses terres. Je redoute d’être expulsée avec mes chevaux. Je ne peux me retrouver à la rue avec eux ! Une pension me coûterait trop cher. La vente serait à perte en cette période. Je veux bien respecter notre accord. Mais comment ? , interroge-t-elle. Je suis dans l’impasse totale. J’ai tapé à toutes les portes. Il n’y a aucune terre de disponible nulle part. Je ne demande pourtant pas la lune, ni de l’argent. Juste un terrain dans le secteur pour garder ma clientèle et mes fournisseu­rs locaux » . Et de poursuivre : « Si on a trouvé une solution pour le PSG ou encore les gens du voyage, et c’est tant mieux pour eux, alors pourquoi pas pour moi ? »

En cessant de s’alimenter, Estelle Trahard espère que son appel à l’aide sera entendu. « Je veux juste travailler et ne pas repartir de zéro » . F. D.

« Je suis dans l’impasse totale »

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Estelle Trahard est inquiète. Elle redoute de se retrouver à la rue avec ses chevaux.

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