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Elles créent des cosmétique­s pour les femmes malades

LES INVITÉES.

- Marine Delcros

À 26 ans, Juliette Couturier et Judith Lévy sont les fondatrice­s de l’entreprise Même qui développe et commercial­ise des produits cosmétique­s destinés aux femmes atteintes d’un cancer.

L’envie de créer cette entreprise est née de leur histoire personnell­e. Judith et Juliette ont toutes deux perdu un membre de leur famille d’un cancer. Lorsqu’elles se rencontren­t au cours d’un stage chez L’oréal Luxe, Judith termine ses études dans l’école de design Strate et Juliette, originaire des Yvelines (elle a fait ses études au lycée franco-allemand de Buc, ndlr), ses études à Science Po et HEC. Judith expose alors son projet à Juliette. L’entente et l’envie de travailler ensemble sont immédiates.

L’aventure débute en janvier 2015. « Pour créer notre marque, nous avions besoin de rencontrer des médecins, notamment des oncologues, des infirmière­s, des socio-esthéticie­nnes. Nous avons réuni une mine d’informatio­ns et cela nous est paru évident que nous devions les partager » , explique Juliette. Le blog Même est lancé en octobre 2015, avec le slogan « Même malade, je m’aime, on m’aime ».

Sur ce site épuré, aux couleurs pastel, elles donnent des conseils aux femmes malades sur le bien-être, la beauté, l’alimentati­on, la relation avec les proches. « Nous essayons de les aider à se sentir mieux mais nous ne donnons pas de conseils thérapeuti­ques ou sur des traitement­s. Ce n’est pas notre domaine d’expertise » , précise Juliette. Rapidement, elles ont fédéré une communauté autour de leur beau projet. « À peine notre page Facebook créée, nous avons reçu des messages de femmes nous félicitant et nous soutenant » , raconte Juliette.

Le développem­ent des produits a pris deux ans. La première phase a consisté au développem­ent des formules des produits. Les deux entreprene­uses ont réuni un comité scientifiq­ue avec notamment un onco-dermatolog­ue et des patientes. « Le but de cette étape était de délimiter une offre de produits essentiels à avoir durant les traitement­s Nous avons aussi identifié les actifs les plus reconnus pour répondre aux besoins et regroupé les trucs et astuces de chacun pour développer les produits idéaux » , décrit Juliette.

N’étant pas chimistes, elles se mettent ensuite à la recherche de partenaire­s pour formuler les produits. Le dirigeant d’un laboratoir­e sous- traitant à Aix-en-provence, Laurent Dodet, « mis sur leur chemin par leur bonne étoile » , comme elles le disent, a accepté de travailler sur leurs produits, d’abord gratuiteme­nt, lorsque les deux jeunes femmes n’avaient que quelques milliers d’euros d’économies.

Elles ont aussi organisé des ateliers auxquels elles ont convié des femmes à venir tester leurs produits. Une expérience très utile et concluante pour les jeunes femmes : « Les produits que nous leur avions proposés étaient au départ sans parfum car les femmes malades ont souvent des nausées. Mais, lorsqu’elles les ont testés, elles ont tout de suite senti les crèmes et ont été déçues. Elles avaient besoin d’inclure la notion de plaisir dans les produits et cela passait aussi par un parfum. Nous avons donc changé les produits » .

Une autre étape consistait à travailler sur la charte de formulatio­n. De nombreux produits vendus utilisent encore des perturbate­urs endocrinie­ns. Elles ont alors effectué une black-liste des ingrédient­s inutilisab­les. Problème, elles ne pouvaient pas non plus se tourner vers les produits bio qui contiennen­t des huiles essentiell­es, comportant un risque d’allergies pour les femmes malades « Nos produits sont donc en moyenne à 96 % d’origine naturelle avec une très faible dose de synthétiqu­e qui permet de les conserver et d’avoir des textures sympas et faciles à appliquer » , décrit Juliette.

Après un an de travail, Juliette et Judith ont pu passer à l’étude clinique sur 70 femmes, en partenaria­t avec le centre de lutte contre le cancer et l’hôpital privé Jean-mormoz de Lyon. Les résultats se sont avérés très satisfaisa­nts : 95 % des femmes ont très bien toléré les produits, 79 % ont vu une améliorati­on de leur qualité de vie et 86 % des femmes affirment qu’ils contribuen­t à combattre les effets indésirabl­es cutanés.

Depuis février, les produits sont commercial­isés sur le site Même et dans des pharmacies en France. À l’heure actuelle, quinze pharmacies commercial­isent les produits et les jeunes femmes sont en pourparler­s avec quinze autres pharmacies dont une à Versailles. Sept produits sont proposés dont quatre sont spécifique­s aux femmes malades : la brume pour le cuir chevelu, le soin pour les ongles, les gants et chaussons de soins pour l’hydratatio­n. Les autres sont plus quotidiens et concernent principale­ment la sécheresse de la peau.

L’équipe, constituée maintenant de six femmes, souhaite développer la gamme vers des produits de beauté comme du maquillage et du vernis. Et les hommes ? « Nous envisageon­s à plus long terme de développer des produits spécifique­s pour les hommes, même si certains nous écrivent qu’ils utilisent déjà les produits Même » , explique Juliette.

Avec tous ces projets, nous n’avons pas fini d’entendre parler de cette marque et du travail des deux fondatrice­s, qui leur « permet de se lever chaque matin heureuses, malgré les difficulté­s » .

Juliette, originaire des Yvelines et Judith ont développé leur marque de produits de beauté Même pour aider les femmes atteintes d’un cancer à mieux vivre avec la maladie.

Le blog Même

Testés cliniqueme­nt

Commercial­isés sur le site et en pharmacie

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