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Lourdes peines pour les braqueurs du fils du patron de l’amnesia Café

SAINT-GERMAIN-EN-LAYE

- David Goudey

L’instructio­n aura été aussi longue que l’enquête. Le 29 mars dernier, trois hommes âgés de 28 à 29 ans comparaiss­aient devant la 8e chambre du TGI de Versailles pour avoir, le 8 février 2015 à Saint-germainen-laye, agressé et volé le fils du patron de l’amnesia Café, un bar-restaurant très à la mode.

Après une longue enquête, les policiers de la Sûreté départemen­tale des Yvelines avaient procédé à leur arrestatio­n en janvier 2016. Un quatrième homme avait été à l’époque mis en examen. Il n’a finalement pas été poursuivi, faute de preuves suffisante­s. C’est pourtant lui qui avait loué la chambre d’hôtel, située à Plaisir, où deux des accusés ont préparé leur coup les jours précédents.

Que s’est-il passé ce 8 février 2015, aux alentours de 15 h 30, au domicile de la victime et de ses parents, partis quelques jours dans le Sud de la France ? Kevin, à peine réveillé et en charge de la gestion du commerce familial - où il est aussi barman - en l’absence de ses parents, reçoit la visite d’un homme. Celui-ci lui explique qu’il est un nouveau voisin, qu’il cherche du boulot et qu’il sait que le père de son interlocut­eur est le patron de l’amnesia. C’est à ce moment-là qu’un second individu surgit et lui assène un coup de poing au visage. Les deux complices sortent ensuite chacun un couteau, placent leur lame sur la gorge de la victime et la poussent dans son appartemen­t. Ils demandent aussitôt à Kevin où est le coffrefort, qui renferme 25 000 euros. Le jeune homme s’exécute sans broncher.

La tension monte encore d’un cran quand les agresseurs demandent à leur victime sa carte bancaire et son code confidenti­el, après lui avoir déjà réclamé en vain ceux de l’amnesia. L’un des deux voleurs, très agité, lui plante alors son couteau dans une cuisse. La plaie, profonde de 2 cm, nécessiter­a la pose de quatre agrafes. L’un des malfrats part ensuite faire un retrait de 1 000 euros dans un distribute­ur BNP Paribas tout proche des lieux. De retour au domicile, il restitue la carte au fils du gérant puis file avec son comparse. Les deux hommes ont raflé deux montres, une chaîne de cou et une tablette ipad en plus des recettes en numéraire de l’amnesia dérobées dans le coffre-fort.

Grâce à l’exploitati­on des images de vidéosurve­illance de la ville et à des traces ADN retrouvées sur la carte bancaire, un suspect est identifié et reconnu formelleme­nt par la victime. Les enquêteurs, qui ont acquis la conviction que les malfaiteur­s étaient bien informés, localisent le suspect dans la région de Pézenas (Hérault). L’analyse de la téléphonie permettra de confirmer la présence du mis en cause à Saint-germain-en-laye mais aussi de remonter vers son complice et deux autres personnes, toutes originaire­s également de l’hérault. L’un est le frère d’un caïd local, l’autre un ancien employé de l’amnesia.

« Il faisait partie de la famille, a expliqué le père de Kevin à l’audience. Je l’avais embauché pour lui donner un coup de main et le sortir de la délinquanc­e à la demande de sa grand-mère, que je connais depuis longtemps. »

L’un des accusés est un proche et un ex-employé

Morgan travaillai­t d’ailleurs encore dans le bar-restaurant au moment des faits. « On avait passé ensemble la nuit précédente en discothèqu­e, indique même Kevin. On a eu un différend ensuite et mon père l’a viré. »

Morgan est alors reparti dans l’hérault. A- t- il délibéréme­nt trahi son ancien patron ou bien a-t-il trop parlé ? L’audience n’a pas permis d’en savoir plus. Présenté comme le donneur d’informatio­ns, il a nié son implicatio­n et même connaître ses deux compagnons de box. Même les retranscri­ptions orales de certaines écoutes téléphoniq­ues, que ce soit avant ou pendant sa détention, ne l’ont pas fait craquer. « On vous aura donné une chance » , a conclu le président.

Une chance de remonter jusqu’au commandita­ire ? Pierrick, l’auteur du coup de couteau, et Hicham n’ont pas été plus diserts. Ils ont aussi tout nié.

Pour expliquer la présence de son ADN sur la carte bancaire, le premier a raconté une histoire pour le moins rocamboles­que. « Un jour, dans un camp naturiste au Cap-d’agde, un gars m’a fait des avances. Il m’a tendu sa CB, que j’ai touchée. Est-ce que c’est lui ? C’est une hypothèse. » « La victime vous a reconnu, la téléphonie vous accable » , a fait remarquer ensuite le président à son complice. « C’est une erreur, je n’y étais pas. Je prête mon portable à tout le monde. »

Les deux hommes, natifs de Béziers et déjà condamnés plusieurs fois, étaient incarcérés dans le Sud lorsqu’ils ont été placés en garde à vue en janvier 2016. Hicham et Pierrick, l’auteur du coup de couteau, ont finalement écopé le 29 mars de 5 et 6 ans de prison ferme. La procureure avait requis huit ans pour le premier.

Morgan, interpellé à Clermont-l’hérault alors qu’il sortait d’une salle de sport où il avait ses habitudes, a lui réintégré sa cellule de Bois-d’arcy, où il était en détention provisoire. Les juges l’ont condamné à 3 ans. Un sursis dont il avait bénéficié dans une autre affaire a également été révoqué à hauteur de 6 mois.

Les protagonis­tes du vol avec violence commis sur le fils du patron de bar-restaurant saint-germanois, le 8 février 2015, ont été condamnés à des peines de 3 à 6 ans de prison ferme le 29 mars par le tribunal de grande instance de Versailles.

Main basse sur le coffre-fort, coup de couteau…

Encore des zones d’ombre

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