Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)
Les poules sont les chouchoutes du quartier
VÉLIZY-VILLACOUBLAY
« Je leur ai apporté un peu de salade » , lance une habitante en la passant par-dessus l’enclos. « Tu vois les poules ma puce. Elles font des bons oeufs. » Il n’y a pas photo. Depuis qu’elles sont arrivées au pied de l’ancienne église SaintDenis, les gallinacées sont les chouchoutes du quartier. Pas une journée ne passe sans que l’un ou l’autre n’ait une attention pour elles. Là n’est pas leur seule mission. Chacune doit permettre de lutter contre un envahisseur bien identifié : le frelon asiatique.
Une bonne solution en attendant…
Pour bien le comprendre, il faut remonter quelques années en arrière. En 2012, l’association Beeosphere réussi à convaincre la mairie de lui laisser un terrain. Elle y implante des ruches. Le tout est animé par une ambition, celle de préserver les abeilles noires, typiques de notre région. « Nous voulions, et c’est toujours notre objectif, montrer que les abeilles ne sont pas dangereuses et qu’elles jouent un rôle important dans la nature. Préserver l’espèce est notre souhait. Le miel vient en second plan » , détaille le président, Hugues Orsolin.
Mais voilà, un invité a changé la donne : le frelon asiatique. Une ruche a été décimée. L’association a donc cogité pour trouver une solution. Elle a pensé aux poules. « Les abeilles ne font pas attention à elles. Et elles apprécient de pouvoir attraper le frelon lorsqu’il vole en stationnaire devant la ruche. C’est une bonne solution en attendant que les abeilles s’adaptent à la lutte contre ce prédateur. En Asie, elles le font déjà. Elles se regroupent sur le frelon. Elles montent ainsi sa température et le font mourir. Nous n’en sommes pas encore là avec nos petites françaises. »
Un mini-écosystème
L’expérience débute seulement. Hugues Orsolin ne peut donc pas encore mesurer la portée de l’initiative. « Il faudra peut- être qu’on leur apprenne à s’en prendre aux frelons. Nos poules sont tellement bien nourries qu’elles ne pensent pas forcément à aller les attraper. Nous allons changer le menu de la cantine… Un peu de diète et des morceaux de frelons pour les inciter. »
En attendant, Beeosphere va poursuivre son travail sur le site. Prochainement, c’est une petite mare qui va être créée pour permettre aux abeilles de s’abreuver. « Nous allons ainsi recréer un mini-écosystème » , se réjouit Hugues Orsolin. Dans les mois à venir, il espère voir naître les premiers poussins. Quant aux fruits de tout cela ? Les oeufs bénéficient à ceux qui viennent nettoyer l’enclos. Le miel part aux adhérents. Quelques petits pots ont été mis en vente dans la boulangerie voisine. « Nous ne cherchons pas à faire du commerce ou de l’argent. Nous préférons faire comprendre que toutes les espèces vivantes ont un intérêt dans le monde. Et même le frelon asiatique, lorsque l’on sera habitué. »
Depuis quelques mois, le quartier de la mairie a de nouvelles habitantes. Cinq poules ont été installées près de l’ancienne église Saint-denis. Elles font le bonheur des familles. Elles sont aussi là dans le cadre d’une mission spécifique.