Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Auto-école : le moniteur pervers condamné

- F. Desserre

Les dérives d’un moniteur d’auto- école de Fontenay- leFleury ont été jugées par le tribunal correction­nel de Versailles. L’audience de ce mardi 25 avril a mis face à face les justificat­ions d’antonio, 51 ans, aux pleurs d’aurélie*, 19 ans.

Les faits remontent au mois de mai de 2016. Aurélie s’apprête à passer par une étape importante. Elle a besoin de son permis pour ses études post-bac. Elle se rend dans une auto-école de Fontenay-le-fleury, près de chez elle.

Les premières leçons se déroulent plutôt bien avec son moniteur Antonio, également gérant de l’entreprise. Mais au fil des heures, l’homme va dévoiler un comporteme­nt plus qu’inadapté.

Un enfer dans le huis clos de la voiture

Il compliment­e Aurélie sur son physique, puis, un jour, il lui parle de la texture de son pantalon et lui demande de lui toucher la jambe. Chaque heure de conduite va pousser un peu plus la malheureus­e dans un enfer concentré dans le huis clos de la voiture.

Antonio commence à parler des rapports qu’il entretient avec sa femme, cogérante de l’autoécole. Il évoque les préférence­s sexuelles de son couple, ses positions préférées. L’homme se montre de plus en plus vulgaire, affirmant que son sexe est « XXL » . Pour le prouver, il exhibe un préservati­f correspond­ant à cette taille.

Dans un secteur pavillonna­ire de La Celle-saint-cloud, il commence à parler pornograph­ie. Il demandera plus tard à Aurélie de s’arrêter sur un parking en terre. Antonio sortira son téléphone portable pour montrer à Aurélie ce qu’est « un bon porno » . La dernière séance de conduite sera celle de l’ultime attaque. Sous prétexte d’une mauvaise blague, il touchera la poitrine de la jeune femme.

Aurélie ne dénoncera pas tout de suite la situation. D’abord parce qu’elle préfère passer son bac tranquille­ment. Ensuite parce qu’elle craint qu’antonio ne bloque son dossier pour le passage de l’examen. « Et j’avais peur car il disait que c’était de ma faute, que j’étais provocante. Pourtant, je me couvrais toujours plus de vêtements. »

« Il collait sa jambe au levier de vitesse pour qu’on le touche »

Un jour, Aurélie se décide à pousser la porte du commissari­at de Plaisir. Elle raconte son histoire aux enquêteurs. Ces derniers décident d’interroger d’autres jeunes femmes qui ont appris à conduire avec Antonio. Elles raconteron­t que l’homme n’avait « aucune pudeur » , racontant l’intimité de son précédant mariage. « Il avait aussi l’habitude de coller sa jambe au levier de vitesse. Quand on passait la cinquième vitesse, on était obligé de lui toucher la jambe » .

Face aux juges, Antonio n’a que très partiellem­ent reconnu les faits. « Oui, ça m’est arrivé de parler sexe avec mes élèves. Oui, j’ai touché les seins d’aurélie, mais elle me l’a demandé au cours d’une plaisanter­ie sur la taille de sa poitrine. Je voulais instaurer une bonne ambiance » , se défend cet homme rondouilla­rd. « C’est inadmissib­le, s’offusque la présidente. Votre rôle se limitait à apprendre à conduire. C’est vous qui avez pris l’initiative de tout cela ! Et puis, c’est une évidence. Elle est très jolie alors que vous n’avez vraiment pas le profil d’un Apollon. Je ne pense pas qu’elle puisse être attirée par vous ! » Aurélie acquiesce. Antonio se réfugie dans une excuse maladroite : « Toutes ces jeunes filles étaient en conflit avec l’autoécole. Elles voulaient régler leurs comptes. »

Suite à ces propos, le procureur de la République a opposé deux profils. « Mademoisel­le est une jeune fille sincère, naturelle. Son récit est sobre, clair, précis. Monsieur est manipulate­ur, comme une araignée qui tisse sa toile méthodique­ment. Je réclame 18 mois de prison avec sursis. »

Les juges ont finalement prononcé six mois de sursis. Ils ont accordé au parquet plusieurs demandes : l’obligation de soins et l’interdicti­on d’exercer une activité avec des mineurs pendant 10 ans. Le nom d’antonio figurera à vie au fichier des délinquant­s sexuels.

Il lui montre un film porno « Vous n’avez pas le profil d’un Apollon » *Le prénom de la victime a été modifié.

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