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Il sort son sexe, une policière voit tout
La vie de Yassir a basculé il y a trois ans. Responsable des ressources humaines dans une société de transport marocaine et père de deux enfants, cet homme de 39 ans a tout quitté en 2014 pour venir en France au chevet de sa soeur, hospitalisée pour une leucémie à La Pitié-salpêtrière. Cela lui a déjà coûté son mariage.
Chaque jour, depuis son arrivée, il se rend dans l’hôpital parisien pour des prélèvements de globules blancs destinés au traitement de sa soeur, à qui il a déjà fait don de sa moelle épinière. Sans travail et sans domicile après avoir vu ses économies fondre comme neige au soleil, Yassir bénéficiait depuis trois mois de la charité de l’ordre de Malte, qui l’hébergeait sur son foyer-péniche Le Fleuron Saint-jean, amarré en quai de Seine dans le 15e arrondissement de Paris. Il venait aussi de s’inscrire à une formation d’agent de sécurité incendie à Pôle emploi.
Lorsqu’il est interpellé le 29 avril peu après 9 h 30 à sa descente du RER C en gare de Chaville-vélizy, il ne s’étonne pas. Il sait qu’il voyage sans billet, comme d’habitude. La nature des faits qui lui sont rapidement reprochés par la police sur le quai n’a pourtant rien à voir avec une banale fraude au transport. Yassir est en effet accusé d’exhibition sexuelle par deux femmes.
Il se masturbait dans le RER
Plus tôt, dans le train, à l’étage d’une rame quasi déserte en direction de SaintQuentin-en-yvelines, il aurait sorti son sexe de son pantalon avant de se masturber, l’oeil rivé sur son smartphone. Présenté le 3 mai dernier devant le tribunal, le mis en cause a nié les faits avec force. « Je regardais le film Resident Evil. Tout ça est faux ! » « Quels intérêts auraient ces deux femmes à mentir ? » , a alors demandé la juge. « Je ne sais pas. Elles n’aiment peut-être pas les étrangers. »
Seul problème pour Yassir : l’une des plaignantes est fonctionnaire de police. Elle n’était ce jour-là pas en service. Un témoignage dont « on ne peut pas douter » , a souligné la procureure dans son réquisitoire, avant d’ajouter : « Vous êtes constant dans le déni. »
L’avocate de l’accusé, qui s’est étonnée de l’absence au tribunal des plaignantes, a regretté qu’aucune image de vidéosurveillance n’ait été produite pour confirmer les faits. « Alors qu’au départ on nous affirmait que cette rame avait des caméras en service 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. » Yassir a finalement été condamné à 6 mois de prison avec sursis.