Fausse monnaie : « Ma femme m’avait dit de ne pas le faire »

À 39 ans, Ioan n’avait jamais encore mis les pieds dans un tribunal correctionnel. Installé en France depuis 8 ans avec sa famille, l’homme a monté sa microentreprise dans le bâtiment. Selon les mois, il gagne entre 500 et 2000 euros.

Les temps sont durs et Ioan peine à trouver des chantiers. Il doit graisser la patte de certains pour en trouver. Faute de liquidités, une idée lui est venue en regardant un reportage à la télévision.

« Pour un pot de vin »

Ce soir-là, une chaîne nationale diffusait une enquête sur le dark net, la face cachée du web. On y trouve de tout : des armes, des notices pour fabriquer des bombes, de la prostitution, des fichiers pédophiles… Bref la lie du genre humain.

Ioan découvre ainsi que certains y vendent de la fausse monnaie. Sans réfléchir, il se rend sur le dark net et commande 10 billets de 50 euros. Cela lui coûte 100 euros. L’enveloppe arrive à son domicile. « J’avais prévu de m’en servir pour un pot de vin. Ma femme m’avait dit de ne pas le faire car j’allais me faire prendre. » Cela n’a pas manqué.

Le trentenaire l’ignore, mais les faussaires sont surveillés par la police allemande. Ils vivent outre-rhin. Les fonctionnaires français sont alertés. Il n’y a plus qu’à suivre la camionnette du facteur…

Le 7 juin au matin, on sonne à la porte de Ioan. En perquisition, les enquêteurs retrouvent l’enveloppe. Elle contient 14 faux billets. Quatre de plus… Cadeau des escrocs.

« C’était absurde »

Face aux juges, Ioan a présenté le visage du repenti. « Je n’ai pas réfléchi. J’ai fait ça comme cela. C’était absurde. » Son avocate est venue à sa rescousse. « Monsieur n’a pas mis les billets en circulation. C’est une erreur de parcours. Aujourd’hui, il a bien reçu ces messages : toujours écouter son épouse et arrêter de regarder la télévision. Ou alors une chaîne pour enfants » .

À l’issue du procès, Ioan a écopé de quatre mois de sursis. Son ordinateur a été confisqué.