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Tension entre juge et avocats : la cour d’appel s’en mêle

La première présidente de la cour d’appel de Versailles n’a pas apprécié ce qu’elle considère comme une attaque des avocats contre la juge Pascale Humbert-massa, accusée de mépriser les robes noires. « C’est une tentative de déstabilis­ation. »

- Michel Semando

Ce haut magistrat ne s’exprime pas beaucoup dans les médias, c’est dire l’importance du sujet. Dominique Lottin, la première présidente près la cour d’appel de Versailles, veille sur quelque 270 juges du siège dans quatre départemen­ts (Yvelines, Hauts-de-seine, Eure-et-loir et Val-d’oise). Elle a souhaité réagir sur les tensions qui opposent aujourd’hui le barreau des avocats de Versailles et la juge Pascale Humbert-massa (notre édition du 21 juin).

« Je regrette que les avocats vous saisissent de cette affaire. Ce n’est pas le rôle ni d’un bâtonnier ni d’un autre avocat. Je suis dans le respect de la défense mais là, on veut déstabilis­er ce magistrat. On la jette en pâture dans la presse, ce n’est pas digne d’eux », fulmine Dominique Lottin, qui indique avoir reçu avant la parution de notre article le bâtonnier de Versailles, Jean-marc André. « Il m’a écrit le 9 juin. Je lui ai répondu le 15. Je ne laisse jamais un courrier sans réponse. Il faut bien comprendre qu’il y a des voies de recours classique (N.D.L.R. : l’appel) mais il n’appartient pas aux avocats de contester la peine ou sa sévérité. Les justiciabl­es attendent de nous autre chose et que cela se passe normalemen­t. »

La première présidente ne comprend pas cette réaction.

« J’ai, dans mes fonctions, à sanctionne­r des magistrats qui ont commis des manquement­s mais, concernant Versailles et cette juge en particulie­r, je n’ai jamais été saisie d’aucun fait circonstan­cié la mettant en cause. Je n’ai rien à reprocher à cette collègue. Elle connaît bien les dossiers qu’elle traite. Elle est respectueu­se des prévenus. Je ne peux imaginer que ce mécontente­ment soit lié à la sévérité des peines. D’autant que nous sommes dans les limites de la sévérité. »

Le président du tribunal de grande instance de Versailles, Christophe Mackowiak, acquiesce. Le supérieur hiérarchiq­ue direct de la juge, plus technique, explique que le taux de renvoi des affaires atteint 23 % et qu’il doit encore baisser. « On ne peut pas toujours accepter le renvoi d’une affaire surtout quand le prévenu est incarcéré. Les renvois, c’est du travail en plus à chaque échelle. Cela désorganis­e l’audienceme­nt. Il en va d’une meilleure justice rendue. » Et d’ajouter, avec cette phrase étonnante : « Il y a un devoir de délicatess­e à avoir ! »

Dans un communiqué officiel, Dominique Lottin va encore plus loin et parle d’une « attaque contre l’institutio­n judiciaire ».

« En s’en prenant nommément à une présidente du tribunal correction­nel, les avocats délaissent le rôle d’apaisement et d’explicatio­n qui leur est normalemen­t dévolu, lequel n’est pas exclusif d’une défense vive et sans concession. Ces attaques poursuiven­t incontesta­blement une volonté de discrédite­r les juges, et à travers eux l’institutio­n judiciaire, et sont contraires à la collaborat­ion constructi­ve et sereine qui a toujours prévalu avec les bâtonniers du ressort de la cour d’appel de Versailles. »

Et de conclure : « La première présidente appelle au respect de l’institutio­n judiciaire et de ceux qui la servent et réaffirme son soutien à l’ensemble des magistrats et fonctionna­ires de justice de ce ressort. »

« On la jette en pâture » Soutien total à la juge Humbert-massa « Attaque contre l’institutio­n judiciaire »

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