Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Son mari était un despote à domicile

- F. Desserre

Marion* a vécu un enfer à domicile pendant plus de 3 ans. Son mari était un peu « comme le moustique que l’on chasse toute la nuit et qui revient toujours », a comparé le procureur de la République. Et il faut bien reconnaîtr­e qu’il n’était pas loin de la vérité ce mardi 20 juin, lors du procès.

Eric et Marion sont mariés depuis près de 35 ans. Lui a 55 ans, elle deux ans de plus. Cette dernière décennie, la situation s’est dégradée. Eric, technicien de profession, a progressiv­ement glissé dans une maniaqueri­e obsessionn­elle. Et c’est Marion qui en a fait les frais, généraleme­nt dans le huis-clos du domicile conjugal de Montigny-le-bretonneux.

Tout est reproche

Cela a commencé par une interdicti­on de poser les mains sur les murs pour ne pas laisser de trace. Et puis, rapidement, cela a empiré. À table, lorsque Marion veut se servir un morceau de fromage, Eric lui reproche sa mauvaise éducation. Lorsqu’elle cuisine, le gigot doit avoir une cuisson parfaite. Eric a établi son propre tableau. À chaque poids de viande correspond une températur­e de four. Et il n’hésite pas à retourner chercher l’emballage dans la poubelle pour vérifier que Marion a bien suivi ses règles. « Normal, avec un four à 3 000 euros », expliquera-t-il aux policiers.

Au quotidien, elle doit prévenir de tout achat et obtenir son autorisati­on. Et pour être certain que rien ne lui échappe, Eric vérifie les comptes tous les matins et tous les soirs. Il s’empare de son portefeuil­le pour scruter chaque ticket, chaque centime d’euro. Si jamais le compte ne tombe pas juste, Marion est traitée de menteuse et de voleuse.

Elle doit frapper pour rentrer

Lorsqu’elle rentre chez elle, Marion doit frapper à la porte, attendre qu’eric daigne lui ouvrir puis le remercier humblement. La coupe débordera pendant l’été 2016, lorsqu’il lui reproche d’avoir mis trop de charbon de bois dans le barbecue. Sauf que là, des amis s’indignent des injures. Sauf que là, Marion fera une tentative de suicide. Au total, elle tentera de mettre fin à ses jours par trois fois. Elle finira par porter plainte, lassée de cette vie, lassée d’aller se réfugier le soir dans sa voiture quand la journée a été trop pénible. Lors du procès, Marion s’est très peu exprimé, visiblemen­t marquée par ces derniers mois d’enquête. Eric n’a que partiellem­ent reconnu les faits. « Une bonne partie des propos est vraie. Mais la fréquence n’était pas si importante. C’était dans un but d’améliorati­on et de constructi­on. Je n’ai jamais voulu la blesser » De quoi faire bondir la présidente du tribunal de son fauteuil. « Vos mots ont fait entrer un poison dans ses veines. La première chose à faire est de mettre fin à cette relation toxique, adresse Anne Demortière à la victime. Et puis, dépensez, achetez-vous une belle robe et faites-vous plaisir. On n’a jamais vu une caissette suivre un corbillard ! C’est maintenant qu’il faut vivre. »

Après de minces excuses, Eric a attendu la décision dans le fond de la salle. Six mois de sursis ont été prononcés. * Le prénom de la victime a été modifié.

Elle doit justifier de chaque centime dépensé « On n’a jamais vu une caissette suivre un corbillard »

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