■BASKET-BALL « La première fois qu’un Français INTERVIEW. est drafté aussi haut en NBA »

Frank Ntilikina, un de vos joueurs sous contrat, a été drafté en 8e position par les New York Knicks. On peut dire que c’est un rêve qui se réalise pour vous et votre client ?

« C’est un énorme bonheur pour lui, sa famille et pour nous. D’autant qu’on a vécu quelque chose d’exceptionnel puisque c’est la première fois qu’un joueur français est drafté aussi haut (Ndlr : Joakim Noah avait été pris en 9e choix en 2007 par les Chicago Bulls). Et pourtant, il y avait une cuvée très forte sur les postes de meneur. C’est vraiment une forme de concrétisation dans le potentiel qu’on voyait en lui. Il y a donc un mélange de fierté et de satisfaction.

Il y a un an, vous aviez annoncé que ce joueur figurerait dans le top 10 de la prochaine draft. L’histoire était-elle déjà écrite ?

Elle était en train de s’écrire en pointillés et on avait la conviction qu’elle allait définitivement s’écrire. Frank a été sous le feu des projecteurs très jeune. Il a été champion d’europe des moins de 16 ans puis des moins de 18 ans tout en étant élu meilleur joueur du tournoi. C’est un surdoué pour son âge. Ce garçon est en train de s’affirmer comme un leader de sa génération en Europe et peut-être même dans le monde. de France de Pro A. L’aller-retour aux Etats-unis a dû être express…

On a vécu quelque chose de complètement inédit. Normalement, le joueur arrive une semaine avant la draft pour être exposé auprès des équipes NBA. Il y a toute une stratégie mise en place pour augmenter sa cote. Le problème, c’est que le calendrier ne nous le permettait pas car Frank jouait la finale du championnat de France avec Strasbourg. Il ne pouvait donc pas partir. Le pire scénario s’est passé puisque la finale va au match 5 prévu deux jours après la draft. On décide alors de partir le mardi. On arrive à 13h30 à New York et, deux heures plus tard, on lui fait passer une visite médicale obligatoire. La draft a lieu le jeudi. Et là, se pose un autre problème. On ne sait pas comment on va pouvoir le rapatrier en France pour qu’il puisse jouer la finale. Le dernier vol commercial part à 23h50 et la draft se termine à minuit. La seule solution est alors de prendre un jet privé qui arrive à Dijon trois heures avant le match prévu à Chalonsur-saône. Je n’ai jamais eu un planning aussi compliqué à gérer depuis le lancement de mon agence. Là-bas, j’ai dû dormir au maximum deux heures par nuit. C’est une semaine que je n’oublierai jamais.

Arrivez-vous à réaliser ce qui vient de se passer ces derniers jours ?

Je mesure la chance que j’ai de vivre ces moments-là. Quand on vient d’elancourt, le Madison Square Garden, soit on en rêve la nuit, soit on regarde ça sur Canal + à trois heures du matin. Là, je vais y aller pour voir un de mes clients. C’est une histoire incroyable.

C’est une très bonne chose. Être derrière un meneur comme lui, c’est une forme de transmission. Il ne faut pas oublier que ce garçon n’a que 18 ans. Il doit maintenant y aller étape par étape. Pour que New York l’ait pris en 8e position, c’est qu’ils voient en lui le futur de la franchise à ce poste-là.

Et maintenant, c’est quoi la suite de votre programme ?

Je retourne dès vendredi aux Etats-unis pour être là pour ses premiers matches. Je vais y rester au minimum sept jours. Lui est déjà reparti là-bas depuis lundi. Il y a une ligue d’été qui démarre à Orlando le 1er juillet. Dans le même temps, j’ai aussi une quarantaine de clients à gérer qui ont à mes yeux tous autant d’importance les uns que les autres, qu’ils s’appellent Frank Ntilikina, Charles Kahudi, Jérémy Nzeulie ou qu’il s’agisse de joueurs de Pro B. »

L’elancourtois Olivier Mazet, agent de joueurs professionnels, vient de vivre une semaine folle. Un de ses clients, Frank Ntilikina, a en effet été drafté par les New York Knicks pour la prochaine saison NBA. Entretien.