Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Incendies en série : la peur des habitants

- F. Desserre

Dans les caves du numéro 1 de la rue Docteur-audigier, l’odeur qui flotte ne laisse aucune place au doute. Un incendie a éclaté dans le local des poubelles, là où arrivent tous les déchets par les vide-ordures. Ça sent la fumée. La lumière au plafond porte encore les traces de ce qui s’est passé dans la nuit du dimanche 2 juillet. Le cache en plastique pend comme un morceau de guimauve.

« Une fois, c’est un accident. Quatre fois… »

Là, un ouvrier s’active. Il refait les peintures, remplace les carreaux sur les murs et les plafonds. Un coup de peinture générale a été donné par le bailleur, France Habitation. À l’extérieur, les habitants de l’immeuble se sont retrouvés. La réunion informelle est une somme de colère, d’indignatio­n et de peur.

Joëlle réside là depuis plus de 40 ans. Elle est un peu la mémoire des lieux. « Je n’ai jamais vu ça. Ces dernières semaines, il y a eu quatre départs de feu, en pleine nuit. » Et sa voisine, Anissa, de compléter : « Une fois, on peut penser que c’est un accident. Quatre fois, on se dit que quelqu’un le fait volontaire­ment. » Et ce quelqu’un demeure pour l’instant un mystère. « On a prévenu le bailleur. On a déposé des mains courantes à la police… Rien n’a été fait pour sécuriser notre immeuble et trouver celui ou celle qui met le feu, poursuit Anissa. Et à chaque fois, c’est la même chose. Nous sommes réveillés en pleine nuit par nos détecteurs de fumée. Nous sommes évacués par les pompiers. Nos appartemen­ts empestent par la fumée qui remonte par le vide-ordures. »

« Mon fils de 11 ans dort habillé »

Cette situation a entraîné un véritable climat de peur. « J’ai un enfant de 11 ans, raconte Antonio. Maintenant, il préfère dormir habillé au cas où il faudrait sortir la nuit. Je lui explique que je veille sur lui, mais il me répond qu’il ne veut pas brûler. » Et une voisine de poursuivre : « Vous savez, votre fils n’est pas le seul… Moi aussi je dors avec une pile de vêtements à portée de main, pour ne pas être prise au dépourvu. Je peux être prête en moins de cinq minutes. Est-ce que c’est normal de dormir avec un tel stress et d’avoir l’impression de ne pas être écouté. C’est quand même malheureux que personne ne bouge. Il suffirait peut-être de condamner définitive­ment le vide-ordures pour éviter que quelqu’un, peut-être de l’immeuble, y jette quelque chose qui provoque le feu. »

Anissa achève d’enfoncer le cou. « Mon père est mort brûlé vif. Cette situation est très fatigante pour moi, cette crainte de voir un incendie ravager l’immeuble…»

Contacté pour savoir comment le problème était pris en compte, France Habitation n’a pas donné suite à nos demandes d’explicatio­ns.

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Antonio fait partie de ces habitants qui redoutent qu’un nouvel incendie se déclare dans son immeuble.

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