Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)
Un plan climat ambitieux mais pas encore concret
Stopper la vente des voitures diesel et essence en 2040, en finir avec les énergies fossiles, booster les renouvelables... N icolas Hulot présente un plan climat ambitieux pour la France. Mais le flou persiste sur sa mise en oeuvre concrète.
« Les enjeux climatiques sont la pierre angulaire de la solidarité universelle. Il est de notre devoir de dépasser nos objectifs, d’aller plus loin, plus vite. Je souhaite que la transition écologique et solidaire, cette formidable opportunité, tant économique, environnementale que sociétale, puisse améliorer le quotidien de tous les Français. Et cette solidarité, nous devons aussi la partager à l’international. » En présentant son plan climat à la veille du G20, contraint d’acter le retrait américain, Nicolas Hulot a pour objectif numéro un de rendre irréversible la mise en oeuvre de l’accord de Paris.
« La France est la gardienne d’une responsabilité universelle, celle de la lutte contre
le changement climatique », affirme le nouveau ministre de la transition écologique et solidaire. Lors de la prochaine assemblée générale des Nations-unies, en septembre, notre pays soutiendra ainsi l’adoption du pacte mondial pour l’environnement, lancé par Laurent Fabius.
Conscient qu’il lui faut « combiner l’urgence immédiate et la vision à long
terme » face aux dangers du réchauffement climatique encore difficiles à percevoir pour certains, Nicolas Hulot veut contrer le fatalisme en fixant « un nouveau cap pour tous : la neutralité
carbone à l’horizon 2050 ». Dans la continuité de la loi de Transition énergétique portée par Ségolène Royal et votée en 2015, il confirme la convergence entre la fiscalité diesel et essence avec des mesures de compensation pour les ménages aux revenus modestes, propose une prime à la transition pour remplacer les véhicules anciens (antérieurs à 1997 ou 2001) qui ne sont pas éligibles à la vignette Crit’air et affirme l’ambition de mettre fin à la vente des voitures à essence et diesel d’ici 2040. La disparition des passoires énergétiques est programmée d’ici dix ans grâce notamment à 4 milliards d’investissement dans l’isolation des logements et le chauffage. Pour tourner le dos aux énergies fossiles, les centrales électriques au charbon seront fermées au plus tard en 2022 en assurant un accompagnement social des salariés. La sortie progressive de la production d’hydrocarbures sur le territoire français est programmée à l’horizon 2040, en n’attribuant plus de nouveaux permis d’exploration d’hydrocarbures et en ne renouvelant pas les concessions d’exploitation existantes.
Les ONG restent sur leur faim
Souhaitant réconcilier économie et écologie en faisant de la France le leader de la finance verte, le ministre veut encourager le déploiement de l’économie circulaire via une feuille de route prévue en 2018. Il attend aussi beaucoup des Etats généraux de l’alimentation dans l’objectif de transformer les systèmes agricoles, en réduisant notamment l’utilisation des pesticides et en cessant d’importer des produits (huile de palme, tourteaux de soja pour le bétail) qui contribuent à la déforestation mondiale.
Voeux pieux ? « Les chantiers prioritaires sont identifiés mais les mesures concrètes renvoyées à des concertations ultérieures », souligne L’ONG Réseau Action Climat France, regrettant en particulier que « soit passée sous silence la nécessaire fermeture des réacteurs nucléaires, indispensable à l’atteinte des objectifs de la loi de Transition énergétique et pour laisser la place aux énergies renouvelables ». Pascal Canfin, directeur de WWF France, salue « la marche supplémentaire et significative qui devra nous conduire vers une France neutre en carbone » en indiquant toutefois, « nous serons attentifs à ce que les actes suivent et les engagements soient tenus ».
Reconnaissant « des annonces intéressantes », les ONG restent sur leur faim. A l’image de Greenpeace qui note « sur
le diagnostic, rien à redire » en s’interrogeant néanmoins sur la mise en oeuvre pratique des objectifs. Dont « la fin de la vente de véhicules thermiques d’ici 2040 » qui « envoie un signal utile mais on aimerait savoir quelles sont les premières étapes et comment faire de cette ambition affichée autre chose qu’un énième espoir déçu. »