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Joanne Anglade-garnier, ambassadri­ce de la biodiversi­té

- Gaëlle Nays

Elle est souvent à l’extérieur, au coeur de la réserve. Là, elle observe l’évolution de la nature sauvage au fil des années. Depuis quinze ans, Joanne Anglade-garnier est garde-conservatr­ice à l’île de loisirs de Saintquent­in-en-yvelines, dans un espace protégé de 87 hectares où ont déjà été observées plus de 200 races d’oiseaux et qui accueille des plantes que l’on croyait disparues.

Cette scientifiq­ue, à la tête d’une équipe de naturalist­es, a un rôle clé dans la préservati­on du site : « Nous allons repérer si les espèces protégées sont toujours présentes. Il faut les compter et vérifier que les fleurs et les fruits sont en bon état, par exemple », expliquet-elle. Certaines ont besoin d’un milieu que l’on qualifie d’ouvert, sans que la dynamique naturelle ne prenne le dessus. Ainsi, une prairie ne doit pas devenir une forêt afin de préserver certaines espèces.

Spécialisé­e dans la flore et les libellules, elle connaît parfaiteme­nt ces êtres vivants qui constituen­t le patrimoine de la réserve : « Il faut attraper les libellules pour déterminer leur race puis les relâcher. J’observe aussi pour les mêmes raisons la partie du corps qu’elle laisse sur des tiges après la reproducti­on », précise-t-elle. Un travail solide et sérieuseme­nt mené. « J’essaie de comprendre pourquoi certains animaux ou plantes rares auraient disparu, ajoute Joanne. En raison du réchauffem­ent climatique, des libellules méridional­es, sont davantage présentes car elles remontent du sud vers notre région ! »

L’équipe de naturalist­es n’est pas chargée de nourrir les occupants de la réserve, qui évoluent en liberté. D’ailleurs, les oiseaux protégés ne réalisent que des passages par l’île de loisirs, sur le trajet de leur migration ou pour s’y reproduire. Mais elle intervient pour cette sauvegarde des milieux, dans le but de leur permettre de survivre dans de bonnes conditions.

Un écopâturag­e a été mis en place dans une partie de la réserve, où broutent des chèvres. « Ces animaux domestique­s servent à débroussai­ller le terrain ! », se félicite Joanne. Autre exemple, « la proliférat­ion des saules peut faire disparaîtr­e les roselières et les vaselières, ce qui nuit à la biodiversi­té », rappelle la conservatr­ice. Grâce à une subvention du programme Natura 2000, des saules sont arrachés depuis plusieurs années par une entreprise extérieure.

Concernant le potentille couchée, une fleur jaune, elle vérifie que le niveau d’eau est suffisant pour garantir sa survie. La garde-conservatr­ice s’occupe aussi d’informer les acteurs locaux et de leur demander une grande vigilance. « L’écoulement des flux pluviaux a son importance pour la qualité et le niveau d’eau chez nous ! » Car en plus d’être naturalist­e, Joanne Anglade-garnier est gestionnai­re et communican­te. « J’essaie de faire pression pour que la biodiversi­té ne disparaiss­e pas ! Même si la nature a une capacité à s’adapter, les décideurs ont leur part de responsabi­lité dans son évolution. » Elle a son mot à dire quand des conciliati­ons avec les urbanistes, les chasseurs, et parfois les citoyens sont organisées. Une ambassadri­ce de la biodiversi­té !

La conservatr­ice et son équipe travaillen­t en respectant un plan de gestion, qui a été validé par le conseil scientifiq­ue régional du patrimoine naturel. « Nous avons la responsabi­lité de la survie sur la base de manière générale », rappelle-t-elle. Les congrès annuels des réserves naturelles de France sont l’occasion d’échanger des compétence­s.

Proche de la nature, Joanne Anglade-garnier connaît parfaiteme­nt cette réserve naturelle dont elle a la responsabi­lité de la pérennité. Avec Gérard Arnal, un autre spécialist­e, elle a écrit un ouvrage qui recense les espèces naturelles présentes sur l’île de loisirs. Ce livre, disponible à l’accueil de la base, s’intitule Les plantes sauvages d’une zone humide francilien­ne héritée de Louis XIV, devenue urbaine. Une continuité de ce minutieux travail d’observatio­n et de maintien de la réserve naturelle. Trentenair­e depuis un an, ce site a su maintenir une faune et une flore d’exception.

À Trappes, l’île de loisirs de Saint-quentin-en-yvelines a sa réserve naturelle où évoluent des espèces protégées. Joanne Anglade-garnier, naturalist­e, s’assure de la survie et du suivi de la faune et de la flore. Un rôle d’inventaire Des chèvres en écopâturag­e Un plan de gestion

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