Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Le voyageur s’emporte car le train était en avance

- F. D.

D’habitude, les usagers des transports en commun ont plutôt tendance à s’emporter parce que les trains sont en retard. Taha est l’exception. Lui s’est énervé contre un agent de la SNCF car son train était en avance. D’une minute. Soixante secondes qui comptent vraiment pour ce jeune homme de 21 ans.

Ce jeudi 14 septembre au soir, Taha a l’oeil rivé sur sa montre. Il doit regagner la maison d’arrêt des femmes de Versailles. Il y rentre tous les soirs dans le cadre de sa semi-liberté. Après sa journée de travail et ses cours de code, il doit y pointer à 22h précises. Pas après.

En gare de Trappes, l’homme constate que son train est parti depuis une minute. Il avait de l’avance. Il ne pourra pas arriver à temps devant les portes de fer de l’avenue de Paris. Il risque de perdre sa semi-liberté.

« Retourne dans ton pays »

Taha se rend au guichet pour obtenir un justificat­if. Sauf qu’à la SNCF, on peut obtenir un bulletin de retard, mais pas un bulletin d’avance. « Je ne peux rien faire pour vous », lance l’employée. « Retourne dans ton pays, sale nègre », lance Taha qui partage les mêmes origines que la victime. Un agent de sécurité intervient. La police est appelée. Direction une cellule de garde à vue.

Lors de son procès, le prévenu a usé jusqu’à la corde le registre des excuses. « J’avais fait une mauvaise journée… Pardon. Pardon. J’avais trop peur de tout perdre ». Face à lui, l’agent de la SNCF peine à parler, secouée par ses larmes. « Je suis fière de mon travail ! Pourquoi m’avezvous fait ça ? Considérez-moi telle que je suis, comme une femme, comme votre mère en est une. Et en plus nous sommes de la même couleur de peau ! Je ne comprends pas… Ce que vous avez dit ne fait que détruire. »

Pour le procureur de la République, ces paroles « inadmissib­les méritent 4 à 6 mois de prison. » Les juges ont décidé de proposer un marché à Taha. « Nous vous reconnaiss­ons comme coupable. Mais votre peine ne sera prononcée que le 16 février prochain. À vous de montrer que vous savez garder votre travail, être à l’heure, voire en avance et indemniser la victime à hauteur de 500 euros. » « C’est promis » pour Taha.

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