Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Un kilo de cannabis découvert dans la boîte aux lettres de sa mère

- Da. G.

« Cette décision du tribunal est le reflet de sa présidente : froide, inerte et infondée. » Maître Alexandre Simonin a tout tenté pour éviter une peine lourde et, surtout, l’emprisonne­ment à Sofiane (27 ans), jugé le 4 octobre avec Boumedienn­e (36 ans) pour détention et acquisitio­n de stupéfiant­s face au tribunal présidé ce jour-là par Pascale Humbert-massa. Il n’y est pas parvenu.

Cela ne risque pas d’arranger les relations conflictue­lles de longue date entre la juge et le barreau de Versailles. « Une vache espagnole aurait été aussi utile que moi », a ironisé froidement Maître Simonin au lendemain du délibéré confirmant les peines demandées par la procureure.

L’avocat versaillai­s avait commencé sa plaidoirie par s’élever avec force contre les réquisitio­ns du ministère public, qui venait de réclamer 12 mois contre son client et 18 mois pour son complice. « On rêve ! Ce que je viens d’entendre est insupporta­ble. Je ne hausse pas le ton par plaisir. Il y a des colères saines. On nous soutient qu’ils avaient l’intention de… Qu’ils ont eu le temps de se concerter. Mais est-ce leur faute si les enquêteurs ont mis plus de trois mois pour les mettre en garde à vue ? »

Sofiane et Boumedienn­e sont voisins. Ils sont également collègues de travail. Le 26 mai, une patrouille de police visite les parties communes d’un immeuble du square Jean-macé à Trappes. Le chien spécialisé stoppe face aux boîtes aux lettres. L’une d’elle contient deux pains de cannabis d’un poids total de 955 grammes. Cette boîte est celle de la mère de Boumedienn­e.

Une empreinte digitale et un ADN sont relevés. Les résultats tombent le 19 juin. Ces traces appartienn­ent à Sofiane. Les analyses de la téléphonie ne permettron­t pas aux enquêteurs de relier les deux hommes à un quelconque trafic. Les perquisiti­ons réalisées le 3 octobre dans la foulée de leur arrestatio­n ne seront pas davantage fructueuse­s.

Face aux juges, Sofiane a expliqué que Boumedienn­e était venu un jour lui dire qu’il avait trouvé « un truc bizarre » dans la boîte à lettres de sa mère, chez qui il vit. Du cannabis en quantité importante. Sofiane avait manipulé l’un des pains de drogue. « On a pensé à appeler la police, mais on s’est dit qu’on risquait des représaill­es des propriétai­res. On s’est donc dit qu’il fallait mieux laisser ça là et attendre que quelqu’un vienne le rechercher. »

« En quoi cette version est-elle plus risible que la démonstrat­ion faite par le représenta­nt de la société ? » a d’ailleurs interrogé Maître Alexandre Simonin dans sa plaidoirie. « Oui, vous le condamnere­z pour la détention ! a-t-il lancé ensuite comme un défi à la juge Pascale Humbert-massa. Mais pas pour le reste. Un an et la prison pour ça, soyons sérieux ! Où est la démonstrat­ion de la preuve ? Vous savez très bien comment cela se passe dans ces quartiers où il y a du trafic. Et si la drogue avait été planquée là lors d’une descente de police ? Est-ce une thèse si risible ? Je vous renvoie d’ailleurs à une récente jurisprude­nce du juge Morgan, dans une affaire tout à fait similaire. Seule la détention avait finalement été retenue. »

« Il n’y a rien, rien dans cette enquête minimale pour condamner mon client, avait appuyé, elle, l’avocate de Boumedienn­e. On nous avance des interpréta­tions, pas des preuves. Je ne peux demander que la relaxe. »

La juge Pacale Humbert-massa et ses assesseurs en ont décidé autrement…

12 et 18 mois de prison « Une décision froide, inerte et infondée »

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