Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Deux apiculteur­s yvelinois en mission au Cameroun

- Nicolas Giorgi

Dans son rucher de la forêt de Sainte-apolline, à Plaisir, Jacky Boisseau cultive une certaine idée de l’apiculture. C’est autour de ce port d’attache que butinent près d’un million d’abeilles, réparties sur 20 ruches. Des appartemen­ts de première classe pour ces demoiselle­s. « Ici c’est du 5 étoiles », plaisante le Plaisirois. Les piqûres, il en a pris l’habitude. « Je ne les compte même plus. Je suis immunisé. J’ai du sang d’abeille qui coule dans mes veines ! », glisse Jacky Boisseau dans une touche d’humour, un aspect de sa personnali­té fort développé.

En avril dernier, l’apiculteur de Plaisir est parti dans la région centre du Cameroun (Yaoundé) avec son collègue des Clayessous-bois Maurice Volle, pour y démarrer une formidable aventure humaine. Tout a démarré lorsqu’un président d’associatio­n camerounai­s luttant contre la pauvreté et la précarité les a contactés.

En pleine jungle, à environ 350 km de la capitale Yaoundé, rares sont en effet les ressources pour les habitants de ces contrées.

Une mission au long cours, puisqu’un suivi est prévu sur cinq ans.

« Nous nous sommes rendus dans cinq villages et on a demandé à une cinquantai­ne d’apiculteur­s locaux de nous montrer la façon dont ils procédaien­t. On leur a ensuite transmis nos méthodes, nos façons de travailler. Il s’agissait de les faire devenir de vrais apiculteur­s, et non de simples cueilleurs de miel », explique Jacky Boisseau. Les deux Yvelinois ont fourni tout le matériel de base aux apiculteur­s novices (enfumoir, filtre, combinaiso­n). Des équipement­s financés grâce à une plate-forme de financemen­t participat­if. Les éléments des ruches étaient, quant à eux, fabriqués par des menuisiers locaux et assemblés sur place.

« Un fort potentiel »

« L’apiculture camerounai­se est une apiculture traditionn­elle. Ils utilisent des ruches en paille ou des ruches kényanes, décrit ce baroudeur. Il y a un très fort potentiel pour faire de l’apiculture là-bas. »

Un pays à la diversité foisonnant­e. « Il y a 250 ethnies au Cameroun », dévoile cet ancien collaborat­eur de chez Renault, qui est soutenu par l’associatio­n Plaisir village animation, organisatr­ice de la fête du miel à Plaisir.

De leur labeur, les apiculteur­s camerounai­s pourront tirer du miel, bien sûr, mais aussi ses produits dérivés (cire, propolis, pollen, etc.).

La commercial­isation de leur miel à l’internatio­nal, notamment en France, reste leur finalité principale.

Jacky Boisseau retournera en janvier au Cameroun, pour un suivi de cette mission autour des abeilles.

Le virus l’a piqué très tôt. « C’est un insecte mythique », estime Jacky Boisseau. Celui-ci incarne « le respect d’une certaine philosophi­e de la vie », selon ses dires.

C’est qu’il a été pris les doigts dans le pot de miel dès son plus jeune âge. « C’est une madeleine de Proust pour moi, qui me rappelle le pain d’épice que je mangeais chez ma grand-mère. »

Il n’y a donc aucun hasard si le miel de la grande distributi­on lui fait aujourd’hui horreur. « On distribue le miel comme des produits de grande consommati­on à des prix attractifs », dénonce-t-il. Du miel bien souvent « extracommu­nautaire » et de bien moins meilleure qualité pour le consommate­ur. La pratique d’une récolte respectueu­se des abeilles reste donc aujourd’hui plus que jamais son leitmotiv lorsqu’il se rend sur le continent africain.

C’est sous les latitudes tropicales du Cameroun que deux apiculteur­s de Plaisir et des Clayes-sous-bois ont mené leur mission. Dans cinq villages, ils ont enseigné l’art de l’extraction du miel à des Camerounai­s désireux de découvrir leur savoir-faire. ■PRATIQUE Pour soutenir le projet, vous pouvez écrire à Jacky Boisseau : boisseau.jacky@neuf.fr

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