Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Le grand rabbin de France : « Construire une histoire commune »

- Emmanuel Fèvre

Haïm Korsia était l’invité de l’académie des sciences morales, des lettres et des arts de Versailles et d’ile-de-france, pour sa séance solennelle de rentrée, mardi 17 octobre.

Le rendez-vous se tient traditionn­ellement à l’hôtel de ville et la salle des fêtes était presque trop exiguë pour contenir le vaste auditoire. Le thème du dialogue interrelig­ieux et la personne du grand rabbin de France annonçaien­t une conférence particuliè­rement pertinente ; l’interventi­on a été à la hauteur des espérances.

« Je tenais depuis longtemps à inviter Haïm Korsia, après avoir fait sa connaissan­ce lors du concert d’hommage à Adolphe Attia, à la synagogue de Versailles, en 2015. Haïm Korsia avait invité toute l’assistance, venue de tous horizons religieux, à entonner le Chant du départ. J’avais été séduit par cette initiative et par le dynamisme du rabbin », explique Bruno Chauffert-yvart, président de l’académie.

Pendant une heure, Haïm Korsia a expliqué ce qu’est pour lui le dialogue interrelig­ieux en France. Ancien aumônier de l’armée de l’air, le grand rabbin de France a souvent utilisé le langage militaire en guise de parabole, pour expliquer cette laïcité à la française.

« La France conjugue ses différence­s, comme la marine, l’armée de terre ou de l’air, dans leurs spécificit­és. Ces armes sont tendues vers le même but, servir la France. Il en va de même dans la République où les Français de différente­s confession­s aspirent à vivre ensemble, ont cette volonté de construire une histoire commune », souligne Haïm Korsia.

Pour le grand rabbin de France, l’espérance d’unité, puisque c’est bien d’espérance qu’il s’agit selon lui, passe par l’acceptatio­n des différence­s et c’est cette espérance le ciment de l’unité.

« L’acceptatio­n des différence­s, c’est dire, j’ai besoin de ta liberté religieuse, à l’image du pape Jean-paul II lors de sa visite à Reims, saluant la communauté juive en cette veille de Kippour. Le signe d’une laïcité comprise, une façon de dire j’ai besoin de votre prière, de votre vérité, qui me révèle ma vérité. »

Haïm Korsia a insisté sur la neutralité de l’etat qui doit être garant de liberté et pas d’un athéisme qui serait synonyme d’uniformité. « En France nous apprenons à être différents et à nous retrouver sur nos valeurs ; une unité qui part de nos différence­s. »

La conclusion est venue du père Patrick Bonafé, vicaire général, qui s’est demandé si entre chrétiens et juifs, il s’agissait bien de dialogue interrelig­ieux. « Il y a un lien éminent entre le judaïsme et les chrétiens. Jésus était juif, les apôtres étaient juifs, vous êtes nos frères dans la foi. Vous êtes nos racines sur lesquelles nous sommes la greffe. »

Une parole particuliè­rement applaudie par l’assistance.

L’espérance d’unité

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