Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Au mauvais endroit au mauvais moment ?

- Da. G.

Le 18 octobre, Mohamad a rejoint la prison de Bois-d’arcy pour 6 mois et il ne comprend sans doute toujours pas pourquoi à cette heure. Innocent ? C’est la thèse qu’il a défendue en vain devant le tribunal.

Ce jeune Marocain, majeur depuis juillet dernier, avait été interpellé deux jours plus tôt, peu avant 10 heures du matin. Lorsque la gendarmeri­e pénètre ce jour-là dans une vieille maison délabrée appartenan­t au Parc naturel régional de la Haute Vallée de

Chevreuse et régulièrem­ent squattée, Mohamad est encore endormi sur un vieux matelas souillé. Un ami, mineur, est à ses côtés. Le réveil va être brutal.

Un autre vol dans l’essonne

Les militaires ne sont en effet pas là par hasard. Durant le week-end, l’école maternelle Saint-exupéry, située à un jet de pierre, a été visitée. Les cambrioleu­rs ont fait main basse sur du matériel informatiq­ue, des dosettes de café, une lampe torche, un sac - où était inscrit « Bonnes vacances maîtresse » - et une paire de chaussures de sport blanche et rose. Tous ces objets, ou presque, ont été entreposés dans la pièce de 10 m2 où dormait Mohamad. Confondant ! Mais ce n’est pas tout. Il y a là des choses de plus grande valeur. Parmi elles, des mocassins et deux sacs Vuitton, des chaussures Gucci, du matériel multimédia mais aussi des francs CFA. D’où proviennen­t-ils ?

Une enveloppe siglée du nom d’un hôtel parisien va mettre les limiers de la gendarmeri­e sur la voie. Un coup de fil leur permet d’apprendre qu’un vol a été commis le 13 octobre au petit matin dans la chambre d’un établissem­ent de la chaîne hôtelière situé à Palaiseau (Essonne). La victime, un Sénégalais de passage en France pour faire de luxueuses emplettes, est venue réclamer 60 000 € au tribunal, le 18 octobre. Le dossier, sur les intérêts civils, sera examiné ultérieure­ment.

Rien n’atteste que Mohamad a commis ce vol. Son avocate a d’ailleurs fait remarquer, dans sa plaidoirie, qu’il était impossible, matérielle­ment, que l’accusé en ait été l’auteur. « La veille, il était encore en Espagne, à Bilbao. Depuis le 3 octobre, il apprenait la langue dans une structure. Le dernier cours s’est terminé le 12 octobre à 19 h 15. Cela a été vérifié. »

Mais que faisaient donc le jeune Marocain, et son ami mineur, à Saint-rémy ? « On avait décidé de venir passer quelques jours à Paris pour visiter avant de revenir en Espagne, a expliqué Mohamad. On a pris le train et on a rencontré d’autres jeunes une fois sur Paris. On cherchait où dormir. Ils nous ont emmenés avec eux. Voilà comment on s’est retrouvés dans la maison. Après, on s’est écroulés, on n’avait pas dormi depuis deux jours. Les objets, je les ai vus, mais je ne savais pas qu’ils étaient volés. »

L’arrivée de Mohamad et des autres a été filmée par les caméras de surveillan­ce de la gare. En revanche, ni le Marocain, ni personne d’autre d’ailleurs, n’a pu être identifié sur les images qui ont enregistré les allées et venues de la nuit du 15 au 16 octobre entre l’école et la maison abandonnée. C’est pour cela que Mohamad n’était poursuivi que pour recel de vols. Était-il au mauvais endroit au mauvais moment ? Le tribunal a estimé que non.

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