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Ryota Oishi, LE Japonais de Versailles
Il est modeste, discret, voire timide. Mais lorsque ses amis arrivent dans la salle des mariages de l’hôtel de ville de Versailles en ce jeudi 9 novembre, le sourire se dessine sur les lèvres de Ryota Oishi. Le peintre japonais, installé depuis plus de 30 ans à Versailles, reçoit en effet ce jourlà une distinction plus qu’honorifique : il est fait chevalier des Arts et des Lettres. Une médaille, une reconnaissance, qui vient couronner une carrière que l’artiste ne cessera jamais de poursuivre, tant qu’il tiendra un pinceau.
« Vous êtes LE Japonais de Versailles », a amicalement déclaré le maire de Versailles, François de Mazières, à l’occasion de cette cérémonie. Effectivement, Ryota Oishi voue une passion sans limite à la Cité royale, dans laquelle il s’est installé en 1984 avec toute sa famille. Il y peint les places, les devantures de boutique, le château bien sûr mais aussi reproduit le Versailles d’antan, quand la ville avait encore un tramway par exemple. Il a d’ailleurs fait don d’une soixantaine de dessins sur le sujet à la Ville. Ryota Oishi est aussi le symbole des relations au beau fixe entre Versailles et la ville de Nara au Japon, initiées par André Damien. « L’histoire du Japon est éminemment culturelle et raffinée, comme la nôtre », précise le maire.
Attiré par les impressionnistes
Né à Osaka (Japon) en 1943, Ryota Oishi a étudié la peinture occidentale dans les années 60 et découvert les impressionnistes. Monet, Cézanne, Renoir l’influenceront désormais, leur réalisme attirant l’artiste peintre. Arrivé en France, il lui fallait loger sa famille (4 enfants), c’est donc vers la banlieue parisienne qu’il se tourne. D’abord au Chesnay. Puis Versailles qui deviendra l’un de ses terrains de jeu favori. Il a ainsi participé à la première exposition inaugurale de la salle d’exposition du Carré à la Farine. Depuis, il en a réalisé de nombreuses à Versailles dont la dernière, en 2016, présentait 100 vues de Versailles aux archives communales.
Désormais, il partage sa vie entre Versailles, le Japon où il retourne de temps en temps mais aussi la Bretagne et la Normandie, des régions qu’il affectionne particulièrement. Il a d’ailleurs acheté une maison au Mont-saint-michel. En 2018, il devrait se consacrer à peindre le quartier de Porchefontaine à Versailles, ce « village » dans la ville auquel il ne s’est encore jamais attaqué.
Si Ryota Oishi parle très peu de lui-même, la modestie est vraiment l’un de ses traits de caractère, les autres n’ont pas de mal à le faire pour lui. « C’est quelqu’un de très agréable, toujours de bonne humeur », sourit Jean-françois Sabouret, ami de longue date qui lui a remis la médaille et a vécu au Japon. Jacques Postel, journaliste et photographe à la retraite, est, depuis deux ans, son élève. Le seul d’ailleurs. « Je le connaissais depuis longtemps. J’ai été le voir dans son atelier pour savoir s’il accepterait de me prendre comme élève. Au départ, il m’a dit qu’il ne savait pas faire. Mais finalement, nous avons essayé. »
L’utilisation du goofon
Depuis deux ans maintenant, Jacques Postel se rend ainsi tous les lundis après-midi dans l’atelier du peintre japonais, qui n’hésite pas à partager ses secrets de fabrication. « Il n’utilise que six couleurs, dévoile l’élève. Si je dois faire un arbre, il va me dire où est l’ombre, comment faire le dégradé, etc. Une véritable amitié s’est créée. »
Ryota Oishi crée lui-même ses châssis, tend ses toiles, les clous et passe sept couches d’apprêt. L’un de ses secrets ? Le goofun, de l’huître écrasée, qui donne le scintillement à ses oeuvres. Un produit qu’il importe du Japon car il ne se trouve pas en France. Il aime peindre sur place. Il repère un lieu en se promenant dans les rues, marque d’une croix blanche la place de son pied et y revient poser son chevalet le lendemain. Il n’est donc pas rare de le croiser dans les rues de la Cité royale. « Il a gardé un regard exotique que l’on n’a plus, conclut Jacques Postel. Avec lui, une simple devanture de bistro, de commerce, devient extraordinaire. »
Le peintre Ryota Oishi, installé à Versailles depuis plus de 30 ans, a été fait chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, l’une des distinctions les plus prestigieuses pour un artiste.