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Les artisans n’encaissent pas la réforme des caisses
Une nouvelle directive de Bercy oblige les bouchers, charcutiers, boulangers à changer de logiciel de caisse. Au 1er janvier 2018, chaque transaction devra être enregistrée et sauvegardée. Les artisans ne décolèrent pas.
Lundi 1er janvier 2018. C’est à cette date très précise que les bouchers, charcutiers, boulangers et pâtissiers devront tous disposer d’une caisse ou d’une balance enregistrant chaque transaction, au centime d’euro près. Le ministère des Finances en a décidé ainsi. Mais ces trois familles de l’artisanat ne l’entendent pas de cette oreille.
« On nous prend pour des voleurs ! »
Dans les Yvelines, les trois fédérations ont décidé de faire front commun. Ensemble, elles représentent près de 1 200 entreprises.
« L’idée de Bercy est la suivante, développe Daniel Varlet, le président de la Fédération des charcutiers pour les Yvelines, le Val-d’oise et l’essonne. On nous demande une traçabilité de nos comptes sur du matériel certifié, balance et caisse. L’état veut voir si nous fraudons ou pas. Cela commence bien… On nous prend pour des voleurs, des tricheurs ! »
Des millions d’euros en jeu
Jean-raymond Dumas, son homologue pour les bouchers, enchaîne. « Soit notre matériel est compatible, soit il va falloir investir. Nous sommes déjà harcelés par les fournisseurs. Et le problème est que cela coûte horriblement cher ! Il faut compter entre 1 600 et 2 000 euros pour une balance. Entre 300 et 4 500 euros pour une caisse. Il faut ajouter en plus une clé USB spéciale pour enregistrer les données. Elle coûte 200 euros ! »
Olivier Gérard, le représentant des boulangers enfonce le clou. « Avec 1 200 artisans dans les Yvelines et les milliers d’autres dans toute la France, cela représente une fortune, des millions ! Il faut que Bercy reporte cette décision ! »
Les trois sont unanimes : « Si ce n’est pas le cas, les petites structures ne pourront pas suivre. Quant à ceux qui arrivent à l’âge de la retraite, ils préféreront mettre en vente. On veut mettre les artisans dans la misère ! »
Pour ces professionnels, dépenser une telle somme ne serait pas très raisonnable, les habitudes d’achat ayant évolué. « Désormais, entre 80 et 85 % de nos clients règlent avec une carte bancaire, sans contact. Les espèces sont de moins en moins utilisées. Sauf peut-être en boulangerie. Mais là, les artisans sont très rigoureux car ils n’ont pas envie d’être mis à l’amende. »
Qui paiera ? Le consommateur…
Daniel Varlet s’appuie également sur son expérience. « En mars dernier, j’ai acheté du nouveau matériel pour me familiariser. Il n’est pas au point, ça bugge tout le temps. » Olivier Pinteaux, le secrétaire général de la Fédération de la boucherie poursuit : « L’autre problème est que si l’on change de matériel, le fournisseur ne certifie même pas la machine. C’est à nous d’en faire la demande. Une démarche de plus. Une dépense de plus ? »
La nouvelle norme pèserait donc un peu plus sur toutes celles auxquelles sont soumis les artisans. « On a eu les allergènes, les normes handicapés et maintenant ça. À quel moment toutes ces dépenses vont-elles faire péricliter les plus petites structures ? Si les dépenses d’équipement sont trop importantes, le commerçant sera obligé d’augmenter ses tarifs. Et là qui paiera ? Probablement et malheureusement le consommateur. »
« On veut mettre les artisans dans la misère »