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Des ambassadeurs lycéens contre le harcèlement scolaire
En France, sur 12 millions d’élèves, 700 000 cas de harcèlement scolaire ont été répertoriés dont 400 000 jeunes harcelés fréquemment. « Un nombre énorme qui touche tous les établissements », souligne Christophe Macé, le proviseur de vie scolaire de l’académie de Versailles.
Seuls 4 % des victimes osent en parler
« Mais un autre chiffre doit nous interpeller. Seulement 4 % des élèves victimes de harcèlement vont le dire et alerter un adulte. Cela signifie que 96 % gardent cela pour eux pendant des années… C’est terrible ! »
Ce problème de société est pris à bras-le-corps par les autorités publiques depuis seulement 2013. L’année d’après, le code pénal a évolué punissant le harcèlement de 1 à 3 ans de prison et de 15 000 à 40 000 euros d’amende.
Au niveau de l’académie de Versailles, depuis trois ans, une journée est organisée pour former de jeunes ambassadeurs contre le harcèlement. « Nous sollicitons les lycéens yvelinois sur la base du volontariat. La première année de l’opération, nous avions 20 ambassadeurs. Cette année, une centaine de jeunes, issus de 19 lycées du département sont présents. En gros, près de 40 % des lycées des Yvelines disposent d’ambassadeurs », détaille Christophe Macé.
Cette année, la formation avait lieu jeudi dernier au lycée Viollet-le-duc, à Villiers-saintfrédéric. Une journée pour échanger et bien comprendre les tenants et les aboutissants du harcèlement scolaire avec un focus sur le rôle du témoin. Avec en ligne de mire l’objectif d’être capable de réaliser des actions dans leurs propres lycées pour sensibiliser leurs camarades à ce sujet de société.
Christophe Macé est revenu sur l’étymologie du mot harcèlement qui vient de herse. « Comme l’outil qui griffe et laboure la terre, le harcèlement laisse des traces difficiles à faire partir. » Et de donner ensuite une définition : « Les harceleurs, ce sont des gens qui ne supportent pas la différence, quelle qu’elle soit, car cela leur fait peur. D’autre part, ils ont une absence totale d’empathie, ils ne s’intéressent pas aux autres. » Résultat, seul ou à plusieurs, à cause de l’effet de groupe, les harceleurs commettent des violences verbales ou physiques à répétition. Un rapport dominantdominé s’instaure. Et les réseaux sociaux amplifient le phénomène car le harcèlement ne s’arrête désormais plus à la porte des écoles.
« On ne sait pas comment réagir »
Pour les harcelés, victimes isolées incapables de se défendre, les conséquences peuvent s’avérer dramatiques : mal-être, dépression et parfois même suicide.
C’est pour éviter d’en arriver à de telles extrémités mais aussi pour créer en amont une ambiance conviviale dans leurs établissements scolaires respectifs que ces jeunes lycéens ont souhaité se former.
Clovis Lereculeur, en terminale au lycée Saint-exupéry de Mantes-la-jolie, était ambassadeur l’an dernier. « J’ai moimême été victime de harcèlement lorsque j’étais au collège. Je m’en suis sorti car j’ai été bien entouré. C’est pour aider les autres que j’ai été volontaire. L’an dernier, nous avons réalisé un petit film en partenariat avec un autre lycée et nous avons organisé une intervention auprès de collégiens. Les retours ont été bons. » Son passé et son expérience d’ambassadeur l’ont même rendu plus fort dans sa vie de tous les jours. « Pas plus tard que la semaine dernière, j’étais dans le métro à Paris. Une jeune fille se faisait embêter par un homme alcoolisé devant une vingtaine de personnes qui n’ont pas réagi. Je suis allé la voir et je lui ai proposé qu’on sorte de la rame ensemble afin que cette situation désagréable cesse. »
Tristan Pioli, en terminale au lycée Bascan de Rambouillet, a lui aussi été victime de harcèlement. « Pour moi, c’était très important de participer à cette journée de formation. Pas grand monde ne sait comment réagir face à cette situation alors que c’est tellement simple de faire un pas vers les victimes. » Son camarade de Rambouillet, Titouan Coupry, en 1ère ES, tenait également à devenir ambassadeur. « J’ai des amis qui ont été harcelés et j’ai été incapable de les aider. J’espère obtenir les clés pour le faire. Et puis c’est un sujet d’actualité, je trouve ça bien que la parole se libère. »