De la mythologie au Montansier avec Les Bacchantes

Pour Sarah Llorca, la metteure en scène des Bacchantes, une coproduction en partenariat avec le Montansier, le texte d’euripide est un compagnon de jeunesse. « Les Bacchantes m’ont accompagnée à la fac, en 2005, alors que le texte venait d’être répertorié à la Comédie Française, explique la jeune femme. Cette oeuvre qui met en avant Dyonisos, le dieu du théâtre et de l’illusion, m’a bouleversée, m’a fait chavirer. »

Fragilité humaine

Les Bacchantes raconte le retour de Dyonisos dans sa ville natale pour y imposer son culte orgiaque. Il est le fils de Zeus et de la mortelle Sémélé, fille de Cadmos, le fondateur de Thèbes. Sémélé a été foudroyée par Zeus. Les soeurs de celle-ci, Autonoé, Ino et Agavé, ainsi que Penthée, le fils de cette dernière et désormais roi de Thèbes, refusent de croire en cette union et d’honorer Dionysos comme un Dieu. Revenu sous les traits d’un mortel, il cherche à se venger : il jette un sort sur les femmes de la cité qu’il rend délirantes et les envoie dans la montagne pour se livrer à l’orgie : ce sont les Bacchantes.

Le choix d’un texte mythologique était clair : « Il y a un côté très enfantin dans ces histoires qui continuent à m’effrayer et à me fasciner. On y parle de petitesse, de la fragilité humaine. Ces histoires rendent une place humble à l’homme sur terre. »

Pour sa mise en scène, Sarah Llorca s’est appuyée sur la rencontre entre théâtre et musique. « La musique m’a servie à perforer le texte, le bousculer, le choquer, décrit la metteure en scène. La musique touche au corps. J’ai demandé à mes acteurs d’improviser sur elle afin de lâcher prise. »

Elle s’est d’ailleurs entourée de trois acteurs chevronnés : Anne Alvaro, plutôt habituée au théâtre classique, qui a remporté deux Césars de la meilleure actrice dans un second rôle, Ulrich N’toyo, un conteur congolais et Jocelyn Lagarrigue, qui fait partie du théâtre du Soleil. « Cela m’amusait de faire se rencontrer des acteurs très différents, mais habités par leur passion. Cette rencontre témoigne de la difficulté du parcours pour aller vers l’autre. C’est l’histoire de la pièce entre Dyonisos et Thèbes. »

Deux musiciens, Benoît Lugué et Martin Wangermée, ont travaillé sur la transe et seront également présents sur scène. Sarah Llorca fera partie des choeurs avec eux. « J’aime ce va-et-vient entre le métier de metteur en scène et celui de comédien. C’est ma façon de dialoguer, de m’interroger sur le métier en jouant et en regardant jouer. »